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Les billets de September, 2013 (ordre chronologique)

Des ordres amoureux

Vous parcourez peut-être ces lignes parce que vous venez de lire le billet publié dans Le Monde, à la une du cahier « Science & Techno » du mercredi 11 septembre 2013, et que vous avez voulu en savoir un peu plus ?
J’ai pris la succession de Pierre Mercklé, qui a tenu cette chronique pendant deux ans, et qui avait pris l’habitude de replacer chacune d’entre elles dans un ensemble de travaux sociologiques qu’il ne pouvait citer en 3480 caractères, espaces compris.
Mon propos sera bien plus modeste ici (sans que cela fasse pléonasme avec Le Monde), je vais simplement expliciter les citations de la chronique.
1- Je fais référence à un article de Michel Bozon et Wilfried Rault ” De la sexualité au couple. L’espace des rencontres amoureuses pendant la jeunesse“. Population, 2012/3, vol.67, p.453-490. L’article est en accès libre sur le site de l’INED. Un autre article des mêmes auteurs, au format “4 pages”, est consultable aussi librement : Où rencontre-t-on son premier partenaire sexuel et son premier conjoint ?, Populations et sociétés, n°496, janvier 2013
2- Je parle aussi de Michael J. Rosenfeld et Reuben J. Thomas. “Searching for a Mate : The Rise of the Internet as a Social IntermediaryAmerican Sociological Review 2012 77(4), 523-547. Si l’article est aussi en accès payant sur le portail de l’éditeur, Sage, on le trouve en version préliminaire sur le site de Rosenfeld à Stanford. L’on consultera aussi avec intérêt les matériaux complémentaires que l’on ne trouve pas dans l’article.

Tout le monde en liste !

Plein de liens intéressants cette semaine :

  1. L’Association française de sociologie des religions prépare un colloque où interviendront probablement des sociologues qui étudient la religion sans être sociologues des religions. Appel à communication (pdf) : « Comment caractériser et expliquer aujourd’hui les attitudes des sociologues français à l’égard du fait religieux ? Y a-t-il une spécificité laïcisante de la sociologie au sein des sciences sociales, à la différence de l’histoire ou de l’anthropologie où la religion serait un objet plus « banal » ? Existe-t-il une spécificité française à cet égard, en lien avec un effet inhibant de la laïcité ?»
  2. Olivier Roueff, dont l’ouvrage Jazz, les échelles du plaisir sort dans quelques jours, a mis en ligne un formidable “site compagnon” : http://www.plaisirsdujazz.fr, sur lequel se trouvent de nombreuses informations. Vous n’avez même pas besoin d’apprécier le Jazz pour apprécier ce site : c’est de la sociologie.
  3. Un shapefile des circonscriptions législatives de la métropole : http://www.laspic.eu/circos-shp . Il est, par ailleurs, possible de simplifier des shapefiles
  4. Le package R Rgrs devient questionr
  5. Emile, on bande ?, ethnographie d’un master de sociologie, remarqué aussi chez Pierre
  6. Analyse statistiques des annonces de mariage du New York Times
  7. Un inconnu décède dans un sex-shop, il est rapidement identifié
  8. Goudron Talon : une année en Caroline du Nord
  9. Didier et Édouard discutent sur twitter :
    nexistepas
    « Les gens qui produisent.. »
  10. Comment lutter ? [pdf], par Lilian Mathieu, texte intégral, sur hal
  11. Anne Lavigne explique comment répondre à des pressions Le directeur d’agence recommande Kevin. Il faudrait que je fasse la même chose avec “La présidente de l’université recommande Apogée”
  12. 21 vidéos sur youtube qui servent d’introduction à R
  13. Identifier pour surveiller chez Marie
  14. Les co-signatures d’amendement, dans le Polit’Bistro
  15. Écrire, et après… comment se termine une recherche… sur le carnet du Printemps
  16. Le sinueux chemin vers le bac [pdf], par Cayouette et de Saint Pol
  17. Le livret de caisse d’épargne, une forme d’identification économique [pub]

Tenir le haut de l’affiche : les données

La Revue française de sociologie vient de publier mon article « Tenir le haut de l’affiche: analyse structurale des prétentions au charisme ».
L’article repose sur l’analyse statistique de 200 affiches pour des événements religieux organisés par des églises évangéliques liées aux migrations africaines (églises noires, ou “d’expression africaine”, ou “africaines”), en banlieue parisienne. [résumé de l’article]

Je mets à disposition des personnes intéressées les documents sur lesquels je me suis appuyé (et même un peu plus) dans cette collection d’environ 220 affiches dont celle-ci :
Untitled
Par ailleurs l’article avait été préparé par des réflexions intermédiaires, publiées sur ce blog, où j’indique comment savoir quand s’arrêter, et où je parle des acteurs importants, des réseaux aléatoires, de la statistique, des jeux d’échelles, des cartes, et une description des affiches (et une description des dispositifs anti-affichage).
L’on trouve aussi sur hal-shs une version un peu ancienne de mes réflexions : Capitals and networks : a sociology of Paris’ black churches (en anglais plein de fautes).

Comme vous pourrez le constater donc, cet article est le fruit d’une slow science. J’ai mis un peu plus de trois ans à rassembler le matériel qui a servi de base à l’article, patiemment, semaine après semaine : aucun corpus n’existait, il a fallu le constituer. Et ensuite il a fallu passer des heures à coder les affiches pour les faire “entrer” dans une base de données. Ah comme je jalouse les sociologues-en-chambre, qui n’ont comme seul corpus que leurs états d’âme (ce qui leur permet parfois de “produire”, bon an, mal an, un livre régulièrement).
L’article lui-même a mis deux ans à émerger : il fallait, pour le rédiger, me familiariser avec les outils de la sociologie des réseaux et avec l’ethnographie du pentecôtisme des migrants africains, deux choses que je ne connaissais pas. Et ici je jalouse les belles plumes de certains sociologues-en-chambre…
Le tout a donc pris cinq ans, c’est dire combien je suis heureux de cette publication.
Cette recherche fut, pendant ces cinq années, mon “travail à côté” : mes recherches principales étaient consacrées à la socio-histoire de la pornographie d’un côté et à la sociologie des prénoms (et aux changements de prénoms) de l’autre. J’ai apprécié l’absence d’intersection entre ces trois thèmes, qui rend difficile l’importation paresseuse de schèmes explicatifs (car il faut alors travailler à l’importation). J’ai apprécié la liberté qu’offrait le caractère marginal et non financé de cette recherche, y compris dans l’emploi de mon temps : recherche non financée, qui ne faisait l’objet d’aucune obligation institutionnelle, son rythme n’était dicté que par les possibilités de découverte. S’il n’y avait rien eu à découvrir, je n’aurai rien écrit.