Vous parcourez peut-être ces lignes parce que vous venez de lire le billet publié dans Le Monde, à la une du cahier « Science & Techno » du mercredi 23 octobre 2013, et que vous avez voulu en savoir un peu plus ?
Quelques explications supplémentaires alors.
Dans cette chronique, j’insiste sur deux formes d’objectivation du prestige. D’un côté l’objectivation matérielle (dans les bâtiments, les vêtements…). Balzac, dans la Physiologie du mariage écrivait qu’ « une passion consomme une quantité prodigieuse de pèlerines, de cravates, de robes nécessitées par la coquetterie; car il y a un immense prestige attaché à la blancheur des bas, à l’éclat d’une collerette et d’un canezou, aux plis artistement faits d’une chemise d’homme, à la grâce de sa cravate et de son col. »
De l’autre sur l’objectivation qu’en font les sociologues, en essayant de trouver une manière d’utiliser les hiérarchies de prestige (ou de statut) pour mieux comprendre les inégalités de position.
Voici une liste de textes à ce sujet :
- Augustins G. (2006), Les marques urbaines du prestige: le cas d’Évora au Portugal, Nanterre, Société d’ethnologie. [un bel ouvrage d’anthropologie combinant notes descriptives cherchant à capter les “ambiances” et études statistiques — dont au moins une analyse en composantes principales]
- English J.F. (2005), The economy of prestige: prizes, awards, and the circulation of cultural value [lien amazon], Cambridge (Mass.), Harvard university press. [très lisible]
- Podolny J.M. (2005), Status Signals: A Sociology Of Market Competition [lien amazon], Princeton (New Jersey), Princeton University Press. [plus complexe]
- L’article classique de Merton (quand les sociologues publiaient encore dans Science) :
Merton R.K. (1968) , « The Matthew Effet in Science », Science, vol. 159, no 3810, 1968, pp. 56-63
- Un article qui tente d’importer une échelle des professions selon leur évaluation sociale, une échelle basée sur le prestige des professions :
Torelli C. Maurin É. & Chambaz C. (1998), « L’évaluation sociale des professions en France. Construction et analyse d’une échelle des professions ». Revue française de sociologie, 39[1], p.177–226.
- Pour des notes sur le prestige dans des petits groupes :
Whyte W.F. (1996 [1943]) Street corner society: la structure sociale d’un quartier italo-américain, Paris, Ed. la Découverte.
- Enfin l’on pourra consulter avec profit une des nombreuses, nombreuses, analyses du rôle que joue le prestige dans les recrutements universitaires :
Burris V. (2004), « The Academic Caste System: Prestige Hierarchies in PhD Exchange Networks ». American Sociological Review, 69[2], p.239–264. [sur jstor]
- Et une tentative de modéliser le prestige :
Gould R.V. (2002), « The Origins of Status Hierarchies: A Formal Theory and Empirical Test ». American Journal of Sociology, 107[5], p.1143–1178.