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Bilan de la qualification CNU

Billet publié le 22/02/2014

Cette année, la DGRH A1-1 a encore fait du bon travail, et donne accès non pas à un rapport en pdf, mais à une série de tableaux excel qu’il est beaucoup plus facile de réutiliser. Merci ! On attend encore la possibilité, en tant que chercheur, d’avoir accès à des données individuelles, mais on ne peut pas tout avoir…
Commençons notre exploration. Les sections du CNU, en 2013, ont délivré 9183 qualifications MCF à 6774 candidats. Au départ, il y avait 10876 candidats à la qualif MCF, mais 3603 dossiers ont été éliminés (dossiers incomplets, non parvenus, renoncement…). Une candidate peut déposer plusieurs dossiers. 1937 personnes ont reçu plusieurs qualifications MCF (soit 28% des qualifiés).
25% des qualifiés MCF ont moins de 30 ans, 40% ont entre 30 et 34 ans. Les femmes sont 6 mois plus âgées que les hommes en moyenne.
En section 63 (Génie électrique), les femmes représentent 16% des qualifiés. En section 07, elles représentent près de 75% des qualifiés. Mais il faudrait comparer avec le nombre de femmes au départ de la procédure. Si l’on fait cela, on peut voir que, en section 08 (Latin, Grec…) la proportion des qualifiés compte proportionnellement plus de femmes que la proportion des candidats : elles gagnent 7 points. Idem en sociologie (section 19). En revanche en section 73 (“langues régionales”) et en section 03 (“Histoire du droit”) elles perdent plus de 10 points.

Il apparaît que plus les femmes sont nombreuses dans la population des personnes qualifiées, moins elles sont désavantagées lors de la qualification.
femmes-qualif-2014

Parlons un peu de la qualification aux postes de professeur. Cette demande de qualif n’est pas faite que par des MCF, mais aussi par des chercheurs (CNRS, INRA…) ou des enseignants non-universitaires souhaitant devenir professeurs des universités. Dans la section 29 “Constituants élémentaires”, les MCF représentent 33% des candidats à la qualif PR. En sections 16 (Psycho) et 74 (STAPS) les MCF représentent plus de 80% des candidats à la qualif PR.

Les qualifications multiples ne se font pas au hasard. On trouve peu de sociologues également qualifiés en mathématiques. La DGRHA1-1 propose donc un tableau des proximités disciplinaires, avec un “classement” des couples de disciplines les plus proches :

  1. Informatique & Mécanique, génie mécanique, génie civil se partagent 51 qualifiés [DM m’indique qu’il y a là une erreur : il faut lire Informatique & Génie informatique]
  2. Science politique & Sociologie, démographie en 2e place se partagent 46 qualifiés
  3. Milieux denses et matériaux & Chimie des matériaux se partagent 39 qualifiés
    [ et d’ailleurs les “Milieux denses” partagent de nombreux qualifiés avec de nombreuses autres sections ]

Une représentation synthétique donnerait ceci :

proximites2014
Cliquez pour avoir le PDF – beaucoup plus lisible

L’on remarque que deux disciplines, l’économie et la psychologie, servent d’intermédiaires entre le groupe des “lettres et sciences humaines” et le groupe des “sciences”. Urbanisme et géographie, cette année, se retrouvent de l’autre côté.

Les non-candidats (l’évaporation) : « 3768 personnes détenant globalement 5053 qualifications délivrées cette année n’ont pas candidaté sur les postes ouverts au recrutement ».
Y a-t-il un lien entre avoir plusieurs qualifications et ne pas candidater ? Oui, et c’est un peu paradoxal : les multiqualifiés sont un peu plus souvent que les monoqualifiés des personnes qui ne candidatent à aucun poste.

Qualifiés Non Candidats Proportion
1 qualification 4813 1969 40,9
2 qualifications 1557 690 44,3
3 qualifications 306 139 45,4
4 qualifications 67 24 35,8
5 qualifications 6 3 50,0

On laissera de côté les quadruples et quintuples qualifications (les effectifs, sur une année, sont faibles).
La proportion de non-candidats a fortement augmenté entre 2007 et 2011, elle est stable depuis : En 2013, 41,82% des qualifiés n’ont candidaté à aucun poste (41,5% en 2012, 41,3% en 2011, 38,9% en 2010… et 30,9% en 2007). Et cette année, pour les qualifiés PR, 57% n’ont candidaté à aucun poste.

Les données publiées permettent une analyse de la cohorte des qualifiés de 2009. Pour ce qui concerne les qualifiés MCF, 26% n’ont candidaté à aucun poste de 2009 à 2013. 27% ont candidaté une fois (en 2009), 11% ont candidaté deux fois. … 3% ont candidaté à cinq reprises. Au total, 26% des qualifiés MCF ont été recrutés : mais si l’on s’intéresse à celles et ceux qui ont effectivement candidaté, le taux de recrutement est plus élevé.

Je m’arrêterai là aujourd’hui, mais d’autres traitements statistiques sont possibles.

[yarpp]

12 commentaires

Un commentaire par Francois Pelamourgues (22/02/2014 à 19:44)

C’est l’ecole des fans la qualif MCF!

Un commentaire par Myriam Houssay-Holzschuch (22/02/2014 à 23:48)

Transmis aux membres de la section 23, merci !

Un commentaire par DM (23/02/2014 à 12:03)

“Il apparaît que plus les femmes sont nombreuses dans la population des personnes qualifiées, moins elles sont désavantagées lors de la qualification.”

Il me semble que tu fais implicitement l’hypothèse d’une certaine homogénéité (scientifique, disciplinaire) des candidat(e)s relevant d’une même section, pour conclure cela, non?

Certaines sections à large spectre (la 27, p.ex.: informatique, la plus grosse section CNU) regroupent en fait des sous-disciplines assez disparates avec des proportions de femmes différentes (je n’ai pas de statistiques au niveau des sous-disciplines, mais mon impression est qu’il y a très peu de femmes p.ex. en vérification formelle ou compilation, et beaucoup plus en interfaces homme-machine; anecdotiquement on s’aperçoit de difficultés quand on cherche, pour des comités de recrutement, des personnels femmes dans ces thématiques).

Il n’est alors pas impossible les déséquilibres H/F qui pourraient être identifiés proviennent en tout ou partie de la popularité ou de l’impopularité de certaines sous-disciplines auprès des instances.

(Je dis cela parce que des conversations avec certains membres de section CNRS m’avaient montré que ceux-ci avaient une notion assez restreinte de ce qu’est la “science”, thématiquement parlant, d’où sans doute une certaine tendance à l’indulgence envers celles et ceux qui rentrent dans leur notion et à la sévérité envers ce qui s’en éloignent.)

Un commentaire par DM (23/02/2014 à 12:09)

Je ne comprends d’ailleurs pas le lien entre CNU 27 et CNU 60. 27-61 je comprends (mais ce qui est curieux c’est que le lien ne soit pas plus fort), 27-25 aussi (marrant que ce soit plus fort que 27-26), mais 27-60… Je ne vois personne qui pourrait rentrer dans ce cadre!

Pour faire ton graphe, tu normalises les co-qualifications? (Je veux dire: tu fais nb-co-qualifiés/(qualifiés-1e-section*qualifiés-2e-section) ?)

Un commentaire par Baptiste Coulmont (23/02/2014 à 13:31)

> DM : en effet, il semble y avoir eu une coquille dans le tableau de la DGRHA1-1 : les sommes marginales du tableau 10 ne correspondent pas…

Un commentaire par Baptiste Coulmont (23/02/2014 à 15:44)

> DM : j’ai corrigé les données… il y avait eu une intervertion de cellules (et j’ai prévenu la DGRHA1-1)

Un commentaire par andré Louchet (24/02/2014 à 10:34)

Merci de ce document qui est vraiment passionnant. Comme quoi on peut très bien faire une analyse statistique qui soit très éloignée de l’analyse rébarbative. Je suis en particulier en admiration devant le graphique sur les “proximités” ! Un grand merci pour cette belle information-bilan.
A.L., Paris

Un commentaire par DMM (24/02/2014 à 23:01)

Parmi les ponts sciences exactes / SHS, il y a aussi les sciences du langage, en raison du lien avec l’informatique (traitement automatique de la langue naturelle).

Je suis surpris qu’il n’y ait pas plus de liens directs entre physique et maths (25, 26).

Un commentaire par Actualités de la visualisation de données : 6 réalisations à ne pas manquer (26/02/2014 à 15:19)

[…] Source (Baptiste Coulmont)Suivre @coulmont […]

Un commentaire par Matthieu (28/02/2014 à 11:01)

Très intéressantes ces données en particulier l’étude longitudinale sur les qualifiés de 2009. La notion de “vivier de qualifications” utilisée par la DGRH permet aussi d’avoir une idée de la file d’attente au concours de MCF. L’idéal serait d’avoir le nombre de candidatures qui représentent des “requalifications”. A partir du fichier des candidatures en 19, j’ai pu constater que cela représentait près de 20% des demandes mais qu’un dossier sur 5 n’était finalement pas envoyé. Sur les dossiers recevables, le taux de qualifiés est nettement supérieur au taux sur l’ensemble des demandes.

Un commentaire par FX (05/03/2014 à 15:14)

“les multiqualifiés sont un peu plus souvent que les monoqualifiés des personnes qui ne candidatent à aucun poste” — sauf erreur de ma part, la multi-qualification ne sert pas à grand chose (on peut candidater sur un poste sans être qualifié dans la section correspondante)… peut-être donc que chez les multiqualifiés il y a plus de gens qui connaissent mal le système ? (ce qui pourrait expliquer le nombre moins élevé de candidatures par la suite, quand ils réalisent l’ampleur de la tâche)

Un commentaire par DM (22/03/2014 à 21:44)

@FX: La non qualification d’un candidat dans la bonne section peut être utilisé comme argument dans la discussion d’un comité de sélection… donc pas forcément un bon plan de se reposer sur la validité de la qualification en toute section.