Categories

Archives

Les billets de August, 2014 (ordre chronologique)

Nouvelle édition

La première édition était sortie en juin 2011, une réimpression (avec correction de quelques coquilles) en mai 2012. La deuxième édition, remaniée, mise à jour, sortira à l’automne :
socioprenomcouv2x

Androgynous names in the USA

Very often, boys have boys’ names and girls, girls’ names. But sometimes, the same name (Leslie, Dana, Sammie, Alva, Lou…) is given to boys and to girls. Those “androgynous” or epicene names are interesting : most of the time, they are unstable, they begin as male names and end as female names. [See Lieberson, Stanley, Susan Dumais, and Shyon Baumann, ‘The Instability of Androgynous Names: The Symbolic Maintenance of Gender Boundaries’, The American Journal of Sociology, 105 (2000), 1249–87 jstor]

Let’s take Leslie :
epicene-usa-1
At the end of the 19th century, it is given to baby boys more than 9 times out of 10. Around 1950, it is given at the same frequency among boys and girls. But now, male Leslies are much less frequent than female Leslies.
It is difficult to find the opposite evolution, where a female name is masculinized.

Let’s consider that a name is epicene if the babies born year N and receiving this name are girls more than 10% of the times and less than 90%. This definition is restrictive, I consider that some names — such as Leslie now — aren’t really epicene anymore even if they were epicene before (because in 2013, there were fewer than 1 boys for 10 Leslie). This definition focuses on the current use of epicene names.
10/90 are arbitrary boundaries, one could use 1/99 or 30/70 (and it is easy to do, see the R code below).

epicene-usa-2

In 1880, 2% of the babies had an epicene name (and there were very few such names). During most of the 20th century, around 3.5% of babies received an epicene. Since 1960 (or 1980) this proportion is increasing : 8% of the babies born in 2010 received an epicene. And today (dotted line) more than 1500 names are epicene. The consequence of these number : epicene names are “small” names, given to a small number of babies each year.

epicene-usa-3

The real proportion of epicene babies is higher : names given to less than 5 male or female babies are not included in the database, and we lack information about 10% of the babies. And very rare names are more likely to be epicene than common names.

Let’s focus now on the population of babies receiving an epicene. From 1900 until 1950 (black line), more than 50% of epicene babies are male (which means that parents are more often than not giving “male” names to their daughters when they give them an epicene). From 1950 until 1990, the epicene babies are mostly female.
As you can see (dotted red line) there are always more “male” names than “female” names in epicene names [a “male” name is a name given to a higher proportion of male babies than female babies].

epicene-usa-4

There seems to be an interesting evolution of the Gini coefficient. The Gini coefficient is a measure of inequality (most often used to describe inequality of income in a country). Here, it is used to describe the distribution of name frequency.

Notes : I relied on Social Security Administration’s applicants numbers and first name. They are closely related to birth for the current period, but not before the 1930s : I very crudely corrected the skewed sex ratio. I used the ‘babynames’ package for R.
You can download the R code (it is not pretty) : epicene-usa-web.R

À son nom

Les prénoms nous entourent. Et parce qu’ils servent de terme d’adresse (“Salut Eddy !”), de terme de référence (“Tu connais Edouard ?”) individuels ou de classificateur collectifs (les Louis sont des garçons), ils se prêtent à des usages troubles. Revenons donc, après ceci et cela, sur les prénoms dans la réclame.

Récemment, @brooklynbridge m’envoyait la photo suivante, une publicité Coca sur laquelle quelques protestations se faisaient entendre. « Et Mohamed ? »
coca-mohamed
Difficile à lire, mais d’autres commentaires s’ajoutaient : Et Sofiane ? Et Kelly ? Et Minh ? Kim ?
Voici quelques années maintenant que les publicitaires de la boisson gazeuse utilisent les prénoms. Mais pas n’importe lequel : “votre” prénom. Fini les bols à son nom, voici la canette.
coca-retrouvez
Mais à la différence de variables simples, comme le sexe (le plus souvent dichotomisé), la profession (ramenée à une nomenclature à six modalités) ou l’âge (ramené à quelques grands groupes, 18-25, 25-40, 40-60…), il existe plusieurs dizaines de milliers de prénoms différent en circulation, voire quelques centaines de milliers, rien qu’en France. Et n’allez pas dire à Priscillia qu’elle est une Precylia : l’orthographe fait la personne.
Coca va laisser insatisfait un grand nombre de personnes : il faudrait quelques milliers de prénoms différents pour couvrir 80% de la population.
karim-coca
Sauf à imaginer la fabrication sur mesure de canettes à son nom.

La publicité n’a fait, ici, que suivre les usages. « Monsieur le Premier Ministre, mon cher Manuel » écrivait, hier, l’ancienne ministre de la culture sur sa lettre de dé-motivation. Même les sociologues utilisent, pour nommer leurs personnages, très souvent, des prénoms. Mais dans la pub, Coca est un cas à part: il n’y a pas toujours personnalisation/individualisation du consommateur, le prénom est le plus souvent utilisé comme indicateur d’un groupe de classe/ethnicité/genre/âge.
Voici une récolte de publicité, réalisée au cours des derniers mois, principalement dans le métro parisien.

aider-karine

Deux hommes, deux femmes (dont une “issue de l’immigration”), mais l’on parle toujours de l’Homme :
amel-edf

Une jeune femme (probablement née vers 1995) :
camille-haut

Clémence (mais cela aurait pu être Victoire ou Coline … mais pas Cynthia)
clemence-livre

Les associations et les commerces trans-nationaux signalent à demi-mots le public visé.
yezekiel

emma-aider
Parfois le corps redouble le prénom :

idriss-banque

khalid-banque

La ratp, entreprise citoyenne, favorise la diversité :

lounes-ratp

Mais si on laisse faire la ratp, on se retrouve vite avec des prénoms “bien de chez nous” :
serge-josephine
Des prénoms de hipster, comme Marcel :
marcel

Lauriane est “Responsable”, Sophie est “Assistante” :
lauriane-responsable
sophie-assistante

Lola est moustachue :
lola-asterix

Certains en perdent même leur titre :
pierre

Dispositif narratif, le prénom vise à assurer, en l’absence de corps, l’identité d’un personnage tout au long d’un texte. Il n’y a que dans les romans expérimentaux de Claire Chazal ou d’un collègue historien démographe de l’EHESS que l’on observe une variabilité importante. Il en va de même dans les publicités, concentré narratif :

muriel-orpi

romain-livre

thomas-livre

Déformation professionnelle : certains mots ressemblent à des prénoms.

virginie-jambon

Eux aussi font partie de notre monde. Ils ont aussi un prénom, une race, un genre :
malix-chien

oscar-chien

Les prénoms nous entourent.