Encore « Marie »
Dans un billet précédent, à partir des listes électorales parisiennes, j’avais remarqué la présence fréquente de “Marie” comme prénom secondaire pour les électeurs avec un nom à particule, au XXe siècle.
Peut-on repérer la même chose au XIXe siècle ?
La liste des personnes ayant reçu la Légion d’honneur peut nous donner des indications.
L’on repère déjà que “Marie” est un prénom fréquemment donné, à des garçons, en première position, au milieu du XIXe siècle. Au moment où la Vierge ne cesse d’apparaître, où elle est embrigadée dans les entreprises de recatholicisation, et où elle se retrouvé attachée à un nouveau dogme romain, celui de l’Immaculée conception… son prénom se trouve donné, de manière assez importante, à des jeunes hommes. Vers 1850, 5% des garçons [parmi ceux qui recevront la Légion d’honneur] et même 15% des garçons à particule, ont “Marie” en premier prénom. C’est l’un des prénoms masculins les plus fréquemment donnés aux garçons.
Cet engouement s’étiole ensuite. Mais “Marie” est recyclée : le parthénonyme devient un prénom secondaire, marqueur discret. Vers 1900 près de 15% des garçons ont “Marie” en second prénom. Et c’est le cas de plus de 50% des bébés garçons qui naissent, à cette époque, avec un nom à particule.
À mesure que la noblesse et la noblesse d’apparence perd sa position dominante dans les champs politiques, économiques et intellectuels, elle développe un communautarisme culturel qui maintient les distances symboliques avec les autres groupes sociaux.