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Les billets de June, 2018 (ordre chronologique)

Ma grande modestie me perdra

Pendant plus de six mois, sur le portail “cairn.info“, j’ai pu voir ceci :

En sociologie, en histoire, en science politique, mon article « le petit peuple des sociologues » était l’article le plus lu, ou le 3e le plus lu. Je savais qu’il avait été très lu au moment de sa publication en juin 2017 (tout est relatif, et le « très lu » est à estimer au regard de ce que l’on sait du nombre limité de lecteurs sociologues).
Je disposais même d’un indicateur, un mail de “cairn.info” de janvier 2018 indiquant que « le petit peuple des sociologues » était le 6e article le plus lu sur cairn en 2017 (voir sur l’image ci-contre). Au début, ça ne m’a pas dérangé, d’être le sociologue le plus lu en France. D’être Top numéro 1. Une semaine. Deux semaines. Un mois. Deux mois… Six mois… Mais je trouvais très bizarre que l’article “Impact des troubles maternels borderline” reste numéro 1 dans le palmarès des articles les plus lus en sociologie. Très bizarre. Et que le palmarès reste figé aussi. L’article d’Amélie Beaumont, Le pourboire et la classe restait 10e. Sans bouger d’un poil depuis novembre 2017. Il me semblait bizarre, par exemple, qu’un article aussi lu que —— au hasard —— « Toujours pas de chrysanthèmes pour les variables lourdes de la participation électorale n’apparaisse jamais dans le top 10 des articles les plus lus en science politique.
Mais aujourd’hui, les choses ont changé : ce fut ma surprise ce matin du 12 juin 2018. Le palmarès entièrement rénové. En sociologie et dans les autres disciplines. J’y suis un peu pour quelque chose :

J’ai contacté Cairn (à quelques reprises depuis quelques mois)… et il y avait bien un bug dans leur classement. Hélas, ce bug n’a pas eu pour effet de dé-classer “Impact des troubles maternels borderline” et de placer « le petit peuple des sociologues » au sommet du classement. On ne peut pas tout avoir.
Plus sérieusement : si la stabilité de ce palmarès m’énervait, c’est que je m’en sers comme outil de veille pour lire des articles qui peuvent faire l’objet de ma chronique pour Le Monde, que je dois écrire toutes les six semaines. Celle de cette semaine, d’ailleurs, porte sur Blédards et immigrés sur les plages algériennes de Jennifer Bidet (lisez-le, cet article, et placez-le Top n°1 sur cairn, il le mérite !)

Trente-neuf « Cartes blanches », bilan d’étape.

Depuis quelques années, toutes les six semaines, je rédige une chronique sociologique pour Le Monde. En 2015, j’avais déjà proposé un bilan, que je renouvelle ici.

J’ai écrit 39 textes en cinq ans. Ces textes portent sur des articles publiés récemment, ou une question liée à l’actualité. J’y expose le travail d’une sociologue ou de son équipe. J’ai cherché à diversifier les thèmes et les méthodes. La moitié des “Cartes blanches” exposent des travaux reposant sur des méthodes dites “qualitatives” (entretiens, observations), l’autre moitié sur des méthodes “quantitatives”. Le thème le plus fréquent est lié à la description du travail sociologique, suivi des questions de stratification, politique et de genre/sexualité.
J’y ai cité le nom de 88 sociologues et assimilés (on y trouve quelques économistes, par exemple). Les sociologues les plus fréquemment cités sont Émile Durkheim (à trois reprises), Max Weber (à deux reprises) et Etienne Ollion (à deux reprises). 60 de ces sociologues sont français ou publient en France, 25 sont étatsuniens (au sens où ils travaillent dans une université nord-américaine). Et Weber est allemand. Je suis limité ici par mes connaissances linguistiques: il n’y a qu’en français et en anglais que je suis capable de bien lire. Mon allemand est rustique, et mon roumain presque oublié.
25 femmes ont été citées, et 62 hommes l’ont été, ce qui est loin de respecter la parité (dès qu’on l’oublie, elle disparait). Mais ces 25 femmes sont souvent les auteures centrales de la chronique, celles dont les travaux sont exposés (alors que de nombreux hommes, Mauss, Tarde, Weber, Sorokin, Krugman… ne sont cités qu’en appui au texte). Quand on pondère les citations par le nombre d’auteurs cités dans la chronique, alors il y a “13” femmes pour “26” hommes.
Quelques unes des dernières “Cartes blanches” :
En Algérie, les plages de la discorde, autour des travaux de Jennifer Bidet
Les odeurs ont un sens, et une classe sociale, autour des travaux de Karen Cerulo
Le charme discret du contournement de l’ISF, autour des travaux de Camille Herlin-Giret
L’art de l’insulte chez les jeunes filles, autour des travaux d’Isabelle Clair
Les pourboires, drôles d’espèces, autour des travaux d’Amélie Beaumont