Évêques à particule
En 1789, la quasi totalité des évêques de l’Église catholique romaine étaient, en France, issus de la noblesse. Ce qui fait que la quasi totalité portait un nom à particule. À Agen c’était Jean-Louis d’Usson de Bonac, à Aix c’était Jean-de-Dieu-Raymond de Boisgelin de Cucè…
Certes la particule du nom de famille n’est pas un indicateur parfait de l’appartenance à la noblesse : si tous les nobles ou presque ont désormais un nom à particule, la très très grande majorité de celles et ceux qui on un “de”, un “du” ou un “des” dans leur nom de famille ne sont pas descendant d’un ancêtre noble du même nom. Il n’empêche : en France, encore aujourd’hui, Madame du Pont n’est pas Madame Dupont. Ne serait-ce que sur un seul point : Madame du Pont est très rare : moins d’1% des personnes résidantes en France ont un nom à particule.
Le graphique suivant s’intéresse à la proportion d’évêques à particule en France, entre 1500 et 2017. [J’ai fait ça un peu rapidement : j’ai considéré, par exemple, que les frontières actuelles de la France étaient les frontières en 1700, etc… Et j’ai traité les données de manière automatique : des erreurs de traitement sont toujours possibles.]
Mais ce graphique est bien illustratif. Il montre notamment que, sous l’Ancien Régime, petit à petit, la particule devient à la mode dans la noblesse. En 1500, tous les nobles ne portaient pas de particule (d’autres éléments de l’identité permettaient de signaler l’appartenance au Second ordre). À la toute fin de l’Ancien Régime, les nobles ont attaché une particule à leur nom.
Périodisons un peu ce graphique :
L’effet de l’Empire (et du Concordat) est visible : sous Napoléon, la proportion d’évêques à particule chute. Elle rebondit dès les débuts de la Restauration. Mais le pli est pris et chaque nouveau coup d’État, au XIXe siècle, va faire chuter la proportion d’évêques particuliers.
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Il faudrait que je propose, pour le XXe siècle, une périodisation par pontificats : après la Séparation, la nomination des évêques est affaire de l’Église seule. Et il se pourrait bien que quand l’Église entre dans une phase réactionnaire, les évêques à particule augmentent en nombre et en proportion, alors que dans les phases libérales, la proportion diminue.
3 commentaires
Un commentaire par Régis (25/07/2018 à 10:39)
Avez-vous inclus les évêques constitutionnels?
Un commentaire par Baptiste Coulmont (06/08/2018 à 10:27)
J’ai utilisé les données de http://www.catholic-hierarchy.org et je ne sais pas trop si les évêques constitutionnels s’y trouvent. Je pense que ne s’y trouvent que les évêques constututionnels qui ont été conservés après le Concordat.
Un commentaire par Régis (06/08/2018 à 17:07)
Il semble que les évêques non confirmés par le Saint-Siège n’y figurent pas. Le paradoxal cardinal Maury, figure de proue de la lutte contre la constitution civile du clergé, mais qui avait accepté l’archevêché de Paris de Napoléon contre l’avis de Pie VII, ne figure pas dans ces données, pas plus que Pierre Gouttes, arrivé à Autun après la démission de Talleyrand… et guillotiné en 1794.