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Les billets de September, 2018 (ordre chronologique)

Et on accueille Didier et Nathalie… Les prénoms dans les jeux télévisés.

Dans «Le petit peuple des sociologues», j’ai montré comment les sociologues français avaient cherché à individualiser les personnes auprès desquelles ils enquêtent, en leur donnant des prénoms fictifs.
Les sociologues ne sont pas les seules à donner des prénoms. Les présentateurs et présentatrices de jeux télévisés aussi. Mais aujourd’hui plus qu’avant. Quand on regarde, sur le site de l’INA, les premiers jeux télévisés (comme Gros lot en 1957), on voit que les candidats sont appelés par leur nom de famille. Madame Nanin en 1958 dans Télé match. Mais aujourd’hui, on va nous annoncer “Sébastien, notre champion”. Un prénom, sans nom de famille.
De quand date ce changement ? J’ai, pour répondre à cette question cruciale, examiné la présentation des candidats dans une bonne soixantaine de jeux télévisés depuis 1968, principalement en me fiant à des extraits sur le site de l’INA ou sur Youtube. Voici le résultat :
Le graphique suivant représente chaque jeu télévisé par un point. Ce point est placé en bas (zéro) si le jeu télévisé n’utilise pas le prénom tout seul. Et en haut s’il utilise le prénom seul. La courbe rouge estime la probabilité d’utilisation du prénom seul à partir d’une regression logistique.
 

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Avant 1976, aucun jeu télévisé n’utilise le prénom seul. Les candidats sont “Monsieur Dupont” ou “Jean-Christophe Dupont”. En 1976 (pour la première fois dans mon corpus), Les Jeux de 20h font intervenir des candidats qui n’ont qu’un prénom : “C’est une jolie Florence”, nous dit-on.
Dans les années 1980, et notamment avec les multiples jeux télévisés diffusés sur La Cinq, les prénoms se diffusent: les nouveaux jeux télévisés créés à partir de 1990 ont une probabilité très élevée de présenter les candidates et les candidats uniquement à l’aide de leur prénom. Et Des chiffres et des lettres, créé en 1972, et qui utilisait le nom de famille, s’est enfin mis, très tardivement, à utiliser les prénoms, au cours des années 2000.

Cette étude a ses limites :

  1. Le corpus est limité, et il me manque des jeux entre 1978 et 1983. Justement une période qui semble être une période de basculement
  2. Il faudrait examiner plus en détail les usages des noms et prénoms au cours des jeux eux-mêmes : je me suis limité à l’introduction des candidats, et à ce qui est écrit sur leur badge
  3. Il faudrait examiner la permanence du vouvoiement associé au prénom
  4. Je n’ai pris en compte que des jeux d’adultes (parce que les enfants, on les tutoie et on les appelle par leur prénom), ou se présentent des individus, en excluant les jeux où se présentent des familles (qui, par nécessité, sont référencées par un nom de famille)
  5. Et plein d’autres limites