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Les billets de November, 2024 (ordre chronologique)

Un prénom pour la vie (et aussi pour la mort)

Le Fichier des prénoms donne le nombre annuel de bébés ayant reçu tel ou tel prénom. Le Fichier des personnes décédées donne le nom, le prénom, la date de naissance et la date de décès des personnes décédées. Mettons-les en relation et regardons si tout le monde meurt au même rythme.

Mais le Fichier des personnes décédées ne nous donne pas les décès avant 1970. Examinons-donc la génération 1970. Je prends les 14 prénoms masculins et les 14 prénoms féminins les plus donnés cette année-là et, année après année, je compte les morts. Fin 2024, plus de 9% des Franck de 1970 sont déjà décédés. À comparer avec 3,8% des Florence. Les Florence (de 1970) décèdent moins vite : peut-être parce qu’elles sont à la fois femmes et plus souvent d’une origine sociale élevée. Les Franck de 1970, eux, meurent peut-être comme des hommes de classes populaires, plus vite que tout le monde.

Le graphique précédent a été composé en rapprochant deux bases qui, si elles sont toutes deux produites par l’Insee, n’ont pas la même origine. Le Fichier des personnes décédées n’est peut-être pas entièrement exhaustif pour le début des années 1970… Ne tenez donc pas compte de micro-différences, qui sont peut-être le produit d’erreurs.

Le code R ayant servi à produire le graphique est disponible sur github (en version brouillon, à vous de l’adapter).

Motivé par la procuration

L’Enquête électorale française 2017 (ENEF 2017) est enfin disponible. 20 vagues, depuis la veille des élections régionales de 2015 jusqu’au lendemain des élections législatives de 2017, permettent de suivre un panel d’environ 15 000 personnes. J’avais proposé, en 2017, une question sur le vote par procuration, et j’avais pu faire une analyse rapide, mais je n’avais pas eu accès aux autres vagues ni à la totalité des variables.
Une question particulièrement m’intéressait: est-ce que l’intérêt pour l’élection présidentielle augmente quand on reçoit la procuration d’un proche ? Dans les graphiques suivants, j’examine les variations du score d’intérêt pour l’élection, au cours des vagues 12, 13 et 14, juste avant le second tour de l’élection présidentielle de 2017. Les personnes enquêtées devaient répondre à la question suivante : «Sur une échelle de 0 à 10, où 0 signifie aucun intérêt et 10 signifie énormément d’intérêt, quel est votre niveau d’intérêt pour la prochaine élection présidentielle ?». Le niveau moyen est très élevé. En mars, il est de 8/10 environ pour celles et ceux qui vont voter sans procuration, et sans être mandataire. Il est de 8,6/10 pour celles et ceux qui ont reçu une procuration.
Et, signe de l’intensité électorale, il augmente jusqu’au scrutin.

Est-il possible de voir que les mandataires voient leur niveau d’intérêt augmenter quand ils/elles reçoivent une procuration? Problème : ils/elles déclarent déjà souvent le niveau maximal d’intérêt. Et c’est probablement pour ça qu’on leur donne une procuration, ce sont des fanatiques des opérations électorales. Dans le graphique suivant, j’ai donc calculé la proportion de l’évolution possible qu’on observait entre les vagues 12 et 14. Il n’est pas possible d’avoir un score moyen supérieur à 10/10. Tout ce qui peut arriver aux mandataires, c’est de passer de 8,6 à 10/10, soit une hausse de 1,4 sur l’échelle d’intérêt. Et pour celles et ceux qui votent directement, c’est 2 points.
Les mandataires passent de 8,6 à 8,87 : cette augmentation correspond à 19% de ce qui est possible. Les personnes qui votent directement passent de 8 à 8,31, une augmentation qui correspond à 15,5% de ce qui serait possible. Les personnes qui donnent leur vote à quelqu’un d’autre, passent de 8,08 à 8,55, soit une augmentation qui correspond à 24,5% de ce qui est possible.
C’est donc le niveau d’intérêt des mandant·e·s qui augmente le plus.

Tant pis pour mon hypothèse de départ.