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Archives de la catégorie : 'prénoms'

Defne et Alparslan… Les prénoms en Turquie (2024)

L’Insee turc, le TUİK, a publié aujourd’hui le fichier annuel contenant les prénoms les plus fréquents dans le « Address Based Population Registration System ».
Ce qui me frappe, comme chaque année, c’est la présence des prénoms neufs parmi les prénoms les plus donnés, que ce soit chez les bébés garçons ou les bébés filles. Même si ça semble plus présent encore pour les prénoms des filles.

Pour un texte un peu plus long, mais un peu ancien : les prénoms à la mode en Turquie

Le « Projet mentions », v 2.0

J’ai mis à jour et légèrement modifié le Projet mentions, qui présente, pour environ 3500 prénoms, les résultats au bac des personnes qui portaient ce prénom. Les données concernent les bacs de 2012 à 2020, et uniquement les bacs généraux et technologiques.
Les modifications sont tout d’abord cosmétiques : l’ancienne version était un peu grise, la nouvelle est colorée, et il y a maintenant quelques animations. Elles sont aussi techniques : l’ancienne version ne permettait pas de cliquer de prénom à prénom, et maintenant c’est possible. Si vous recherchez les résultats d’un prénom qui n’est pas dans la base, le site vous propose un prénom graphiquement proche. Le « Nuage des prénoms » est lui aussi cliquable. Et, en plus des « prénoms similaires » je propose aussi quelques prénoms qui ne sont pas dans le même regroupement de prénoms.
Enfin, j’indique, pour chaque prénom de la base du « Projet mentions » le nombre annuel de naissance de bébés portant ces prénoms, à partir du Fichier des prénoms de l’Insee : c’est une manière simple de se faire une idée de la situation du prénom au moment où les candidat·e·s au bac sont né·e·s. Prénoms en croissance ? prénom en déclin ?

 

Cliquez !
copie ecran projet mentions

 

Un prénom pour la vie (et aussi pour la mort)

Le Fichier des prénoms donne le nombre annuel de bébés ayant reçu tel ou tel prénom. Le Fichier des personnes décédées donne le nom, le prénom, la date de naissance et la date de décès des personnes décédées. Mettons-les en relation et regardons si tout le monde meurt au même rythme.

Mais le Fichier des personnes décédées ne nous donne pas les décès avant 1970. Examinons-donc la génération 1970. Je prends les 14 prénoms masculins et les 14 prénoms féminins les plus donnés cette année-là et, année après année, je compte les morts. Fin 2024, plus de 9% des Franck de 1970 sont déjà décédés. À comparer avec 3,8% des Florence. Les Florence (de 1970) décèdent moins vite : peut-être parce qu’elles sont à la fois femmes et plus souvent d’une origine sociale élevée. Les Franck de 1970, eux, meurent peut-être comme des hommes de classes populaires, plus vite que tout le monde.

Le graphique précédent a été composé en rapprochant deux bases qui, si elles sont toutes deux produites par l’Insee, n’ont pas la même origine. Le Fichier des personnes décédées n’est peut-être pas entièrement exhaustif pour le début des années 1970… Ne tenez donc pas compte de micro-différences, qui sont peut-être le produit d’erreurs.

Le code R ayant servi à produire le graphique est disponible sur github (en version brouillon, à vous de l’adapter).

Victoire France

Le treize octobre mil neuf cent quinze, onze heures du matin, Louis Jardin, quarante quatre ans, Commissaire spécial de Police à la Gare de l’Est, demeurant 81 rue Madame, nous a déclaré qu’hier à huit heures cinquante cinq minutes du matin, un enfant du sexe féminin paraissant âgé de six semaines environ a été abandonné à la Gare de l’Est dans la salle des Pas Perdus et qu’il a été dressé par lui de cet abandon le procès verbal dont la teneur suit :

L’an mil neuf cent quinze le douze octobre à neuf heures quarantes minutes du matin. Devant nous, Louis Jardin commissaire spécial de Police plus spécialement chargé de la Gare de l’Est, officier de police judiciaire auxciliaire de Monsieur e Procureur de la République, s’est présentée Mademoiselle Nébout Alice, âgée de vingt sept ans, sténographe, demeurant 144 route de Saint-Leu à Montmorency, Seine et Oise, qui, pressée de prendre le train, nous a fait verbalement la déclaration suivante et en présence du Gardien de la Paix Vallée Georges 28 ans, du dixième arrondissement:

Ce matin j’étais assise sur un banc dans la salle des Pas Perdus de la Gare de l’Est et à côté de moi se trouvait une dame paraissant âgée de 22 à 25 ans, brune, teint coloré et vêtue de deuil, portant un bébé dans ses bras. Un moment donné, cet enfant s’étant mis à crier, je dis à cette dame

Votre bébé doit avoir faim

Elle répondit négativement en ajoutant que son lait était aigre et en me priant de lui garder son enfant le temps strictement nécessaire pour aller chercher du lait. Ayant acquiescé à sa demande, elle m’a remis son enfant, lui laissant sa tétine dans la bouche, puis emportant la bouteille elle disparut. Il était à ce moment là 8h55. Or à 9h45 étant obligée de partir pour prendre mon train et ne voyant pas revenir cette dame, j’ai cru comprendre que cette dernière avait eu recours à ce subterfuge dans le but de se débarrasser de son enfant. J’en ai avisé le gardien de la paix ici présent et lui confiant cet enfant, je l’ai prié de le porter à votre commissariat.

Je regrette de ne pouvoir vous donner d’autres détails sur cette mauvaise mère que je ne connais d’ailleurs pas et avec laquelle je n’ai échangé aucune conversation autre que ce que je viens de vous dire.
Signé: Jardin.

De même suite sommes mis en présence d’un enfant de sexe féminin, paraissant âgé de un mois à six semaines, vêtu chemise, une brassière rose et blanc, un linge, une couche, le tout sans marque. il était enveloppé dans un fichu de laine noire dans lequel il a été trouvé un ticket de Métropolitain (2e classe, aller et retour, pris à la station du Père-Lachaise)
Signé: Jardin.

En raison des soins qu’exige le jeune âge de cet enfant, nous l’avons fait conduire immédiatement à l’hospice des enfants assistés, 14 rue Denfert-Rochereau, par Mme Ragot, infirmière, attachée à la Cantine Militaire de la Gare de l’Est, avec un rapport pour le Directeur de cet Etablissement, signé Jardin.

De tout quoi nous avons dressé le présent pour être transmis à Monsieur le Maire du 10e arrondissement aux fins la rédaction de l’acte d’état civil. Clos à Paris les jours mois et heure que dessus. Le commissaire spécial de Police, adjoint à la Gare de l’Est. Signé : Jardin

Nous avons donné à cet enfant les noms de Victoire France.

En présence de Georges Vallée, gardin de la paix, 7 Boulevard de Calais et de Félix Muret, 72 faubourg Saint Martin.

Sources : Archives de Paris, État civil, Actes de naissance, 10e arrondissement, 1915, 10N428, acte n°3344, 13 octobre 1915 en ligne (vue 6)

[Illustrations : DALLE2]

mise à jour : Victoire France décède le 4 janvier 1916 à Chatillon.

Les prénoms des élus

Il y a, en 2022, environ 502 000 élus dans les différents conseils municipaux en France. Le répertoire national des élus est téléchargeable sur data.gouv.fr. Les prénoms les plus fréquents sont Jean, Marie, Philippe, Michel…
Mais ces prénoms sont aussi fréquents dans la population française non élue. Quels sont donc les prénoms qui sont sur-représentés chez les élus ?

Voici le raisonnement que j’ai suivi : j’ai comparé les prénoms des élus avec les prénoms des personnes nées en France, à partir du Fichier des prénoms, de l’Insee. Je vais présenter les résultats sous la forme d’un graphique qui compare la distribution des prénoms dans le Répertoire national des élus avec la distribution du Fichier des prénoms. Voici un graphique explicatif :
 

Vous remarquerez que les échelles sont logarithmiques.

Première comparaison

Je commence par comparer la population des élus et élues avec la population née en France depuis 1900 à partir du Fichier des prénoms. S’il y a 1,2% des naissances qui sont des naissances de bébés prénommés Zygloub et qu’il y a 2,4% de Zygloub parmi les élus, alors Zygloub est 2 fois plus présent chez les élus que ce qui est attendu (2 = 2,4 / 1,2).

Apparemment, il y a “trop” de Didier et de Régis parmi les élus, et “pas assez” de Jeannine, de Mohamed et de Thérèse. Quatre fois moins de Louis qu’attendu, et trois fois plus d’Hervé.
Mais on a tout de suite un problème : la population des élus municipaux compte moins de femmes que la population française, ce qui va se refléter sur la position des prénoms sur ce graphique. Je vais donc faire une deuxième comparaison, en tenant compte de la part des femmes parmi les élu·e·s.

Deuxième comparaison

Cela ne change pas grand chose, mais on voit des prénoms comme Justine ou Marie se rapprocher d’un rapport d’égalité :
 

Et de l’autre côté du graphique, les prénoms masculins sur-représentés apparaissent moins sur-représentés (étant donné que les hommes constituent la majorité des élus).

Troisième comparaison

On peut aller plus loin : les élus municipaux sont principalement des élus de toutes petites communes. Et à Paris, par exemple, il y a peu d’élus municipaux par comparaison avec la population. Quand on compare les prénoms de la population à ceux des élus, on peut le faire sur une base départementale : s’il y a peu de Samira en Corrèze, il y aura sans doute peu d’élues nommées Samira (même si, dans le Nord, il va naitre plus de Samira).

Dans le graphique suivant, je contrôle donc par les naissances départementales :


 
Peu de changements, là aussi. Mais quand même : si les Mohamed étaient quatre fois moins fréquents qu’attendus quand on ne prenait pas en compte les départements, ils ne sont plus que 2,5 fois moins fréquents qu’attendus.

Quatrième comparaison

Il faut donc probablement contrôler par le sexe et le département, comme je le propose ci-dessous :


 
Bof, non ? Ça ne conduit pas à une modification radicale des sur- et sous-représentations. C’est probablement parce que j’ai oublié que les élus n’avaient pas 110 ans, et qu’ils n’avaient pas 10 ans non plus.

Cinquième comparaison

Il faut donc, bien entendu, contrôler par l’année de naissance. Et cela d’autant plus que les prénoms connaissent souvent une période – plutôt courte – pendant laquelle ils sont beaucoup donnés. Si les Jeannine sont peu présentes parmi les élus, c’est parce qu’elles sont en grande partie déjà décédées.

Dans le graphique suivant, je prend donc en compte la distribution par âge de la population des élus.


 
Ah, là il y a du changement. Une bonne partie des prénoms se retrouvent à proximité du rapport d’égalité entre le nombre d’élus et le nombre attendu d’élus. Mais ne peut-on pas aussi prendre en compte le sexe et le département ?

Sixième comparaison

Oh que si : dans le dernier graphique, je montre les résultats d’un calcul prenant en compte l’année de naissance, le sexe et le département d’élection des élu·e·s :

La “boule” centrale s’est encore rétrécie : on prévoie assez bien combien il y a aura de Céline élues si l’on connaît la distribution par âge, sexe et départements de la population des élues. Il reste quelques prénoms que ces variables expliquent mal : Bertrand, Armelle, Bénédicte, Etienne, Benoît, Hugues et Hubert se retrouvent trop souvent parmi les élus. Est-ce un signe que ces prénoms sont attachés à des personnes disposant de ressources sociales plus importantes ? De l’autre côté, on trouve des prénoms symétriques : Tony, Kevin, Sabrina, Nadia, Jonathan, Jessica… que l’on devrait retrouver plus souvent chez les élus.

Et Mohamed et Karim : même en tenant compte de l’âge des élus, de leur département d’élection, de leur sexe… il y a “trop peu” de Mohamed et de Karim parmi les élus municipaux. Pour quelles raisons ? Peut-être l’utilisation d’un autre prénom au quotidien et une candidature sous un autre prénom que le prénom de naissance (comme le firent ou le font Marie-Ségolène “Ségolène” Royal, Marion-Anne “Marine” Le Pen et tant d’autres). Peut-être qu’il faudrait prendre en compte une échelle plus fine que le département ? Ou peut-être qu’on trouverait d’autres raisons si on cherchait un peu.

Notes :

  1. J’ai transformé les prénoms composés : Anne-Marie est Anne, Jean-Philippe est Jean…
  2. J’ai asciifié les prénoms : ils n’ont plus aucun accent ni cédilles
  3. C’est un peu stupide de prendre en compte les naissances départementales pour estimer une proportion attendue, comme si les élus étaient nés là où ils sont élus
  4. Et en plus, avec la fin du département de la Seine en 1968, les codages bizarres de l’Outre-Mer, je ne suis pas certain de ne pas avoir été trop rapide parfois
  5. J’ai sans doute fait des erreurs, mais si vous voulez les corriger, le code est sur github

Un petit rapport sur les prénoms (2022)

L’Insee publie maintenant en accès libre, chaque année en juin ou juillet, un « Fichier des prénoms » donnant, depuis 1900, le nombre de bébés ayant reçu tel ou tel prénom. Voici donc un petit rapport sur les prénoms (2022, pdf) à télécharger…

…Ou alors à générer vous-même, à partir du code source publié sur github : le document pdf (texte et graphique) est créé avec le logiciel R.

Une nouvelle édition

La troisième édition de Sociologie des prénoms, qui avait été publié pour la première fois en 2011, puis en 2014, arrive dans les librairies cette semaine, avec une toute nouvelle couverture.
La structure de l’ouvrage n’a pas changé, mais il y a quand même quelques changements. Tous les graphiques ont été révisés et mis à jour avec les données les plus récentes, et produits avec {ggplot2}. J’ai revu parfois la composition des chapitres, parce que j’ai souhaité intégrer des travaux récents, voire quelques working papers qui n’ont pas encore été publiés dans des revues, et que cela a conduit à réécrire et réordonner des paragraphes.
D’autres informations se trouvent sur la page Sociologie des prénoms.

Tu seras présidente, ma fille !

Quand Gaston Doumergue, ce président de la IIIe République, visitait une ville, est-ce que les bébés naissaient avec le prénom de Gaston ? Et avait-il plus de succès que Paul Deschanel ?
On peut apporter des éléments de réponse à ces questions.
Un historien, Nicolas Mariot, a publié un ouvrage désormais classique sur les voyages présidentiels : Bains de foule. Les voyages présidentiels en province (Belin, 2006). Il a recueilli des informations précises sur les différentes étapes de ces voyages. Il a mis gracieusement à ma disposition des informations sur la ville d’étape, le jour de l’étape et le président qui fait étape.
De l’autre côté, le “Fichier des personnes décédées” publié par l’Insee indique, pour les personnes décédées après 1969, le jour et le lieu de naissance.
J’ai donc étudié les naissances dans les villes d’étapes, pour la période qui entoure les voyages présidentiels de la IIIe République.

Si l’on agrège l’ensemble des voyages et des présidents, on voit un bel effet :


Le jour de la visite du président, 10,5% des enfants nés dans la ville d’étape reçoivent le prénom du président (au sens : un de leur trois premiers prénoms est celui du président). L’effet est très limité dans le temps. Deux jours après la visite présidentielle, son effet sur les prénoms a disparu.

Il peut être intéressant d’examiner cet effet “président par président”. Dans le graphique suivant, j’indique par un gros point la proportion le jour de la visite.

L’effet-visite est visible pour tous les présidents sauf les Paul, pour lesquels les naissances, le jour de la visite, tombent pile sur la moyenne. Mais Doumer n’a eu le temps que d’un voyage avant son assassinat. Et Deschanel n’a fait que six voyages présidentiels (et, au cours du cinquième, tombe de train en pleine nuit).

Ces premiers résultats demandent à être vérifiés : parfois, j’ai codé l’étape “Lille-Roubaix” comme “Lille”, par exemple. Il faudrait aussi vérifier si ce qui s’observe sur les trois premiers prénoms est toujours visible si on s’intéresse juste au premier prénom. Il faudrait prendre en compte les tailles variables des populations des villes (peut-être que les effets sont dus à une seule étape, par coïncidence le jour de la Saint-Emile, dans une grosse ville, quand il était au pic de sa popularité). Il faudrait regarder si l’effet est visible dans les villes et villages immédiatement contigus à la ville visitée. Différencier en fonction du succès électoral récent du parti présidentiel dans la localité visitée… Et enfin il faut garder à l’esprit que cela ne concerne, au final, que quelques dizaines de bébés : sur une période de plus de quarante ans, seuls 70 bébés portant un prénom présidentiel sont nés le jour de la visite, dans la localité-étape alors qu’on en attendait une petite vingtaine.

Paroles d’histoire

J’ai participé, avec Nicolas Todd, au podcast Paroles d’histoire : l’épisode 210 était consacré aux prénoms, à la guerre et à l’histoire.
Nous y avons présenté les principaux résultats de notre article Naming for Kin during World War I (Journal of Interdisciplinary History, 2021).
Vous pouvez écouter l’épisode ou vous abonner à Paroles d’histoire

Mon père, ce héros ? (ou Son père, mon héros)

Le Journal of Interdisciplinary History vient de publier un article (co-écrit avec Nicolas Todd, du Centre Roland Mousnier, CNRS) sur la transmission des prénoms pendant la Première Guerre mondiale.
Ce que nous avons cherché à expliquer, c’est, essentiellement, ce graphique :

Entre 1905 et le 1er août 1914, mois après mois, semaine après semaine, 12% des garçons environ reçoivent en premier prénom le premier prénom de leur père. D’après les données fournies par geneanet, c’est très stable mais à la baisse, à mesure que les parents cessent de transmettre un prénom et préfèrent, pour leurs enfants, des prénoms nouveaux. Le graphique précédent se concentre sur le taux hebdomadaire entre janvier 1913 et mars 1915, pour les garçons (on observerait la même chose pour les filles).
Mais dès la semaine du 3 août 1914, après la déclaration de guerre et la mobilisation générale du 1er août 1914, le taux de transmission passe à 17 ou 18%. On observerait des choses similaires, mais avec des proportions plus élevées, si l’on s’était intéressé à « la transmission d’un des prénoms du père à son fils » (par exemple le 3e prénom du père transmis en première position).
Toute la question est de savoir à quoi est due cette augmentation rapide ? On pourrait croire à de l’imitation, mais c’est trop rapide, le basculement se fait en quelques heures à peine, et qui donc les mères imiteraient ? Ce n’est pas non plus — en tout cas pas au cours des trois premières semaines d’août — lié aux décès des pères. Enfin ce n’est pas — à elle seule — la situation de guerre et la perturbation générale de la « division sociale du travail » qui conduit à cette hausse. Car tout redevient normal (au niveau des prénoms) en mai 1915 alors que tout reste en guerre.

Pourquoi donc, neuf mois environ après le début du conflit, ce taux de transmission revient au niveau initial ? (Indice : neuf mois).

Dans l’article, nous avançons l’idée selon laquelle la sur-transmission est liée au niveau de risque encouru par le père : ce sont les pères susceptibles de décéder dont le prénom est transmis. Ainsi les pères qui décèderont après la naissance de leur enfant, pendant la guerre, voient leur prénom plus transmis que les autres pères. Et les pères qui décèdent *avant* la naissance de leur enfant (les pères dont le risque est avéré, donc) « voient » très souvent leur prénom transmis.

On s’intéresse aussi à l’héroïsation, mais en se penchant sur la transmission du prénom des oncles. En effet, le créneau de transmission, pour les pères, est limité : leurs enfants ne peuvent naître plus de neuf mois après son décès. Ce n’est pas le cas des oncles : cinq ou six ans après leur décès, leur prénom peut toujours être transmis. Et la surtransmission du prénom des oncles décédés pendant la guerre dure longtemps, jusqu’au milieu des années vingt.

Pour en savoir plus, vous pouvez lire l’article “Naming for Kin during World War I: Baby Names as Markers for War”, mais aussi regarder la capsule vidéo sur youtube, ou consulter le code de déduplication utilisé pour cette enquête (et posté sur github). Une page spécifique consacré à “Naming for Kin” contient d’autres informations.