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En dents de scie

Il y a, dans un recoin caché d’Amazon, « Author Central » qui permet de créer des “pages auteurs” sur le site de vente. Quel intérêt ?
Amazon a bien compris que certains auteurs apprécient de consulter leur “rang” parmi les ventes. J’avais, il y a quelques années, installé un “script” qui aspirait une fois par jour ce chiffre. C’est plus difficile maintenant, semble-t-il… mais Amazon met à disposition des auteurs de jolis graphiques. Voici le “rang” de mes livres depuis août :

Aux Etats-Unis, Amazon donne accès aux données “Nielsen”, qui permettent de savoir dans quel “marché” son livre se vend le mieux. C’est en lisant l’article du L.A. Times que j’ai cédé à la tentation.
Je vois ainsi que “Sociologie des prénoms [lien amzn]” se vend, plus que le manuel, et le manuel plus que “Sex-shops [lien amzn]”. Et je sais que leur destin, à tous les trois, est de se retrouver, un jour, bien au chaud au fond du classement…

Indices

Mon premier livre a été tiré à 2000 exemplaires, et a été vendu, pour l’instant, à 410 exemplaires. Il est présent dans 27 bibliothèques universitaires. C’est donc loin d’être un best-seller, et je n’ai touché, directement et matériellement, que 300 euros. Mais “symboliquement”, il est probable que le retour sur investissement soit plus rentable.
La vie de l’ouvrage continue : des stocks existent, et de nombreuses manières de l’acheter existent. Directement chez l’éditeur, ou sur les sites de vente par internet, ou dans votre librairie de quartier (il suffit de le commander). Il est probable qu’une trentaine s’en vendront chaque année, pendant encore quelques années.

En suivant le “rang” que le livre occupe sur amazon, il est possible de repérer les ventes (chaque “pointe” correspond à la vente d’un livre sur amazon) depuis sa sortie :

ventes sur amazon

J’ai été surpris de l’absence apparente de corrélation entre couverture médiatique et ventes. Seule une chronique sur Canal +, dans une émission de la mi-journée, a déclenché une succession visible d’achats sur amazon, dans les heures qui ont suivi. Mais à la réflexion, il semble quand même que (sur amazon) le livre se soit aussi autant vendu les six premiers mois que les douze suivants… ce qui donne une prime à la nouveauté.
Au moment de la sortie du livre, j’avais fait la même chose.

Statistiques futiles

Le site de vente par correspondance amazon.fr a un outil formidablement addictif, le “Amazon sales rank”, qui propose, pour chaque livre, son rang parmi les ventes. Ce chiffre est recalculé en gros toutes les heures et ne dit rien du volume des ventes. J’imagine que la librairie mondiale de Seattle a créé cela dans le but unique de scotcher les auteurs à des statistiques inutilisables…
L’algorithme à l’origine de ce chiffre est, bien entendu, secret-secret, mais plusieurs personnes ont essayé de reverse-engineerer. L’on trouve ainsi sur internet diverses explications en anglais, ou autres explications en anglais. Le travail le plus conséquent est celui de ces chercheurs du MIT : Consumer Surplus in the Digital Economy: Estimating the Value of Increased Product Variety at Online Booksellers.
Des services payants ou gratuits, mais restreints à la version “dot com” d’amazon, permettent de suivre l’évolution de son “sales rank” (pour un exemple, voir titlez.com). Je n’ai rien trouvé s’appliquant à la version “point fr” de la librairie…
Un peu de bidouillage (nécessitant l’apprentissage rapide de “cron” et le débroussaillage d’un peu de “php”) m’a permis d’installer un suivi quotidien automatique de mon Classement parmi les ventes Amazon.fr, pour le livre “Sex-shops, une histoire française. Les résultats sont reproduits, pour les dernières semaines, sur ce graphique :

rangamazon-mai2007.gif
Rang sur amazon.fr du livre “sex-shops, une histoire française”

L’échelle du graphique est logarithmique principalement en raison des effets de seuils produits par les calculs amazoniens : si vous êtes dans les environs du rang 100 000, un seul achat vous propulse vers le rang 2 000; un autre achat dans les 24h qui suivent et vous passez au dessus du rang 1 000. Mais si, les jours suivants, les achats ne se répètent pas, le livre retombe, progressivement et logarithmiquement, dans les profondeurs du classements. Il y a quelque chose de heartbreaking de voir son livre retomber, rapidement, dans les 5 000, les 10 000… À peine 10 jours et tout est dépeuplé.
Quelques événements médiatiques peuvent ainsi générer une poignée d’achats, sans que ces derniers ne conduisent à une stabilisation haute du rang (à cause de la dégénérescence très rapide de ce dernier, et son absence relative de prise en compte de l’histoire passée). Mon passage récent sur France Culture n’a pas encore, d’ailleurs, fait exploser les ventes (c’est certainement que vous n’avez pas écouté l’émission : elle est disponible en mp3 ici…).