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Le rapport de la 19e section du CNU (sociologie, démographie), édition 2012

La 19 section du Conseil national des universités vient de rendre public son rapport annuel, qui concerne les sessions de qualification (février 2012) et de promotion (mai 2012). Ce rapport sera en ligne sur le site de la section.
Rapport 2012 de la section 19 du CNU (pdf)

Les doctorantes et les docteures candidates à la qualification y trouveront des éléments d’orientation très importants.

La 19e section a, par exemple, cette année, produit des statistiques comparant les taux de succès en fonction des statuts des candidats. Ainsi, avoir obtenu une allocation de thèse modifie profondément les chances :

51% des candidats “allocataires” ont été qualifiés, ce n’est le cas que de 37% des candidats non-allocataires. [Le tableau permet aussi de remarquer que les candidatures des non-allocataires sont plus souvent “non recevables” ou “non reçues”]. Avoir été ATER, avoir été moniteur… augmente aussi les taux de succès.
Je ne peux que vivement encourager celles et ceux qui ont soutenu ou vont soutenir prochainement — et qui souhaitent obtenir une qualification en sociologie ou en démographie — à lire ce rapport, qui contient aussi des conseils pour la rédaction du dossier de candidature.

Réseaux de sociologues : l’état actuel de la sociologie française

Plusieurs articles récents viennent éclairer l’état actuel de la sociologie française. Un article de Demazière, un autre de Stéphane Beaud. Je voulais apporter ma contribution au débat. Beaud et Demazières diagnostiquent la sociologie française depuis leur position, et les méchantes langues disent que ces articles reflètent moins l’état actuel de la sociologie française que l’état actuel de Beaud et Demazière. Mon approche est différente : de par mes fonctions au CNU, et intéressé par l’objectivation statistique de la discipline, j’ai recueilli le jury de soutenance de tous les candidats à la qualification en section 19 cette année (un peu plus de 500) [ce qui vient compléter l’étude de la proximité entre sections du CNU et permettra de mieux rédiger le rapport annuel de la section].
On sait, par les travaux de Godechot notamment [un exemple ici], que les jurys de soutenance permettent d’établir d’intéressants constats. Beaud, par exemple, à la fois par sa position institutionnelle, ses intérêts scientifiques, sa connaissance du comportement des collègues… n’invite pas n’importe qui aux soutenances de ses doctorantes. Et c’est la même chose pour tous les autres.
Ces invitations et co-participations permettent de dresser une sorte de carte de la sociologie française, en utilisant un algorithme qui rapproche les personnes qui s’invitent les unes les autres aux jurys de thèse.

Cliquez pour télécharger un fichier PDF zoomable (mais pas toujours très lisible)

Sur ce graphe présentant une sélection des données [1] vous constaterez qu’au Nord se trouve une certaine sociologie économique (autour de Flichy, Cochoy, Paradeise, Vatin, Grossetti, Segrestin, Licoppe) Weber et Steiner se trouvent un peu plus au sud de ces personnes.
Au Sud-Sud commence l’empire du STAPS, avec During, qui se poursuit au Sud-Est où se trouve plusieurs représentant de la sociologie/anthropologie du corps, ou ce qu’on appelle les “STAPS” : Andrieu, Héas, Le Breton, Bodin, Duret. Dans la même zone se trouve aussi plusieurs représentants de la sociologie du travail (Bercot, Lallemand, Demazière, Gadéa) : une représentation n’utilisant que deux dimension fait se superposer des personnes ayant peu de liens.
A l’Ouest se trouve les islamisants ou les spécialistes des relations interethniques Roy, Fregosi, Khosrokhavar, Gole, Streiff-fenart.
Au coeur de la constellation vont se trouver les politistes (Spire, Deloye, Gaiti, Offerlé, Sommier) et un groupe où je retiens les noms de Beaud, Mauger, Schwartz, Lagrave Marry, Carricaburu, Fabiani, Sapiro…
Au total, les liens multiples engendrés par les jurys de soutenances ne dessinent pas un monde fragmenté, où une faction serait ostracisée par toutes les autres. Au contraire, des liens multiples relient tout le monde avec tout le monde.
Certes la méthode ici utilisée a ses nombreuses limites : il faudrait, sur une période plus longue, mettre en valeur les liens répétés, ou les invitations rendues. Pour l’instant, mes données permettent de repérer certains liens habituels (qui sont épais, sur le graphe), mais ces liens sont peu nombreux (et tendraient à faire ressortir les politistes). Rendez-vous l’année prochaine pour une étude sur deux ans.
 
Notes : [1] n’ont été retenues que les individus invitées au moins 2 fois ou ayant été directeures d’au moins une thèse.

Un nouveau CNU19

La réunion d’installation du CNU19, la 19e section du conseil national des universités, “sociologie, démographie”, a eu lieu ce matin, dans une heureuse ambiance collégiale, à “Supméca” (Saint-Ouen), où nous étions tous, élus et nommés, convoqués à 10h par le Ministre.
L’un des seuls problèmes de cette réunion, de mon point de vue, concernait les nominations très tardives. En effet, si les sections sont composées de 2/3 d’élus, le dernier tiers est nommé, après les résultats des élections, par le Ministère de la recherche. Et, cette année, les nominations n’ont toujours pas eu lieu officiellement (du moins, elles n’ont pas été publiées et n’étaient pas complètes). C’est très dommageable, car cela empêche d’essayer de se connaître avant les réunions formelles. [mise à jour : je m’aperçois ne pas avoir été assez précis. Les collègues nommés étaient bien nommés et présents ce matin. Mais certains n’avaient pas encore de suppléants.]
Dans quelques jours, nous connaîtrons officiellement la liste des nommés : je ne donnerai donc pas de liste incomplète ici.
Cette réunion était principalement consacrée à l’élection du “bureau” de la 19e section. Ont été élus :
– président, Olivier Martin (Paris 5)
– première vice présidente, Isabelle Astier (Amiens)
– second vice-président, Sylvain Laurens (Limoges)
– assesseure, Céline Bessière (Paris 9)
C’est ce bureau paritaire qui, maintenant, travaille : à l’élection de la “Commission permanente” du CNU cette après-midi. À la répartition des dossiers entre rapporteures demain.

Pour en savoir plus : réflexion sur ma candidature (en novembre 2010), précisions sur ma candidature (en septembre 2011).
Et ailleurs : un rappel de ce qui s’est passé lors du précédent CNU, sur agora.

L’appropriation du monopole de l’évaluation

Les réformes qui ont touché le monde de l’enseignement supérieur ont conduit à une évaluationite aigüe. Différents organismes ont été créés, ou ont été réformés, pour évaluer le travail des universitaires.
Maintenant l’AERES, une agence d’évaluation, est chargée d’évaluer les procédures d’évaluation. Exactement : c’est de la méta-évaluation. Voici un extrait de la lettre envoyée récemment par la direction de l’AERES aux présidences des universités :

Pour éviter le ridicule, l’AERES ne parle pas d’une évaluation-au-carré (e²), mais d’une “validation des procédures d’évaluation des personnels”.
« Pas si vite, coco ! » a répondu l’autre instance d’évaluation, le Conseil national des universités.

Commencez-donc par évaluer la façon d’évaluer les procédures d’évaluation (e³), répond le CNU à l’AERES. Faites du e³ avant d’essayer de faire du e², voyons.