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Guide d’utilisation de la BnF (site François Mitterrand)

La Bibliothèque nationale de France (BnF) est un bel outil. Mais il faut savoir s’en servir pour le rentabiliser. Quelques conseils ici pour les utilisatrices du “Rez-de-jardin” (la partie réservés aux chercheurs).

  1. Préparer son casse-croûte à l’avance est possible, et préférable. La cafétéria est chère, et il est compliqué de sortir du château-fort pour aller manger. Si vous y prenez un café, demandez le “serré” (leur “espresso” est très léger).
  2. Pull ou pas pull : ça dépend des courants d’air.
  3. Les jours de pluie ou les jours humides, prenez des chaussures qui résistent aux glissades. En effet, pour entrer dans la bibliothèque, vous devrez passer par les “travelators cassés“, extrêmement glissants, si vous n’êtes pas déjà tombé sur l’esplanade. Pierre Jourde compare ces “travelators” à des coussins péteurs.
  4. Planifiez vos visites BnF à l’avance : il faut réserver ses places (pour éviter la lutte des places). En général, réserver les places une semaine à l’avance suffit. Mais pour faire cela, il faut une carte.
  5. Si vos recherches sont en science politique (salle N), sociologie (salle M) ou histoire (salle L), vous serez confrontés à un très gros problème. Une partie des places sont inutilisables, car frappées directement par le soleil l’après-midi. L’architecte (un certain Dominique Perrault), dit-on, refuse l’installation de rideaux ou de pare-soleil. Si vous êtes sur l’une des places maudites, vous serez directement au soleil, dans une serre. Votre ordinateur surchauffera (et surtout, à cause des reflets et de la lumière, vous ne distinguerez plus grand-chose sur l’écran).
    Ce problème est connu. Et les conservateurs — qui doivent faire face aux demandes de changement de place des personnes déshydratées — ont établit cette liste des places “fortement impactées par le soleil” :


    Cette liste vaut pour la salle M. Les numéros de place sont un peu différents en salle N et L.
    voir aussi ici

Comme l’écrivait récemment un utilisateur de la BnF :

“Qu’on enchaîne Dominique Perrault à l’une de ces places. Ca ne sera encore que le premier de ses supplices. Il devra aussi essayer de travailler sur les postes informatiques, aller aux toilettes en temps limité, utiliser les usuels dans deux disciplines non voisines, se nourrir au Café des temps avec des revenus de doctorant, trouver de la place sur les rayons pour les dépôts à venir, traverser l’esplanade par temps de pluie, replanter les arbres exotiques utilisés pour celle-ci, etc.
Et s’il s’en sort, il gagne un stage non rémunéré dans l’équipe qui a construit la Grande bibliothèque de Montréal.”

Et si vous suivez ces conseils, vous aurez entre les mains un bel outil.

Ailleurs : http://doyoubnf.over-blog.com/, et deux chroniques estivales (1) et (2)

Conseils pour un cours (textes en anglais)

J’ai besoin de votre aide, de vos conseils, de vos suggestions. Je vais donner ce semestre un cours de sociologie en français et en anglais, cours centré sur la lecture de textes en anglais (des textes courts) et sur leur traduction en français. Il y a des tonnes de textes non-traduits, mais je cherche des articles ou des chapitres qui présentent des spécificités de traduction, des concepts ou des descriptions intéressantes.
J’ai quelques idées sous la main, de quoi faire quelques cours présentant à la fois un vocabulaire particulier, des manières de rédiger et des traditions disciplinaires. Par exemple, je ne pense pas que le texte de Garfinkel sur les “Conditions of Successful Degradation Ceremonies” a été traduit.
Des idées ?

Que feriez-vous si…

…si un étudiant, à la fin d’un cours, venait vous voir avec, sous la main, un dossier consacré à la société fabienne et qu’il vous disait qu’en 1884 son logo était une sorte de dragon mangeant le monde, et que cette société a fondé la London School of Economics… et que c’est l’origine de tous les think-tanks…
Vous lui diriez, gentiment mais fermement, “merci, ça ne m’intéresse pas”.
Mais s’il revenait, à la fin d’un autre cours, toujours avec son petit dossier bien relié et cette question, “Vous connaissez la société fabienne ? Ils ont fondé la London School of Economics, et c’est quand-même pas rien, ça !” S’il se mettait à parler des Francs-maçons au Vénézuela, de la Trilatérale et du gouvernement qui nous force à nous injecter des “substances mortelles” (le vaccin contre la grippe H1N1) ? S’il disait que le “Club de Rome” voulait réduire la population du monde à 500 millions et que eh ben les autres il va falloir les éliminer (d’où le lien avec le vaccin)… Que diriez-vous ?
J’ai été un peu direct, je lui ai suggéré d’aller voir un psy, et de ne pas partager sa peur des sociétés occultes avec moi (Il m’a répondu que la société fabienne n’était pas versée dans l’occultisme). Pardon… si cet étudiant existait, je lui aurais suggéré d’aller voir un psy. [La prochaine vois je lui dirai, d’un air menaçant mais tout bas : “vous en savez trop, on va devoir vous éliminer…”]

Le rapport de soutenance de thèse

rapport-soutenanceLe rapport de thèse est, dans les dossiers de recrutement aux postes de maîtresses de conférences, le seul texte qui ne soit pas de l’auto-présentation. Il est donc considéré par les membres des comités de sélection comme un document important. Et souvent — malheureusement — le rapport de thèse est presque illisible alors qu’il devrait permettre de comprendre pourquoi telle thèse est réussie et telle autre moins bonne.
 
Après quatre bonnes années d’expérience en tant que recruteur de collègues, je pense avoir quelques conseils à donner (après avoir proposé, en 2005 quelques conseils sur la rédaction des CV analytiques). Voici donc, ici, quelques propositions pour les jurys de thèse, afin qu’ils et elles apprennent à rédiger des rapports utiles. [Pour un autre point de vue sur ces rapports, se reporter à l’ouvrage Un genre universitaire : le rapport de soutenance de thèse de Claudine Dardy, Dominique Ducard et Dominique Maingueneau.]

*

  1. Rappeler le nombre de pages de la thèse est toujours utile. Préciser s’il y a des coquilles, des fautes d’orthographe aussi. Ce n’est pas sacrifier à une vieille tradition sans signification. C’est décrire la qualité de la langue.
    Mais par ailleurs cher jury… il ne faudrait pas que votre rapport soit lui-même truffé de coquilles, de fautes d’orthographe et de grammaire, ou que votre enthousiasme à copiécoller conduise à des paragraphes sans sens.
  2. “Raconter” la thèse, partie par partie, n’est pas du temps perdu. Il me semble nécessaire, dans un rapport de thèse, qu’un résumé, chapitre par chapitre, soit présent. Quand il est fait par une des membres du jury (et accompagné d’une phrase soulignant la qualité du plan), cela prouve, aux yeux des lecteurs du rapport, que la thèse est assez facilement lisible.
  3. Synthétiser les résultats de la thèse est nécessaire. Ce n’est pas la répétition du passage précédent. Il doit y avoir, à un moment du rapport, une phrase construite de la manière suivante : “la candidate montre que…” Trop souvent on peut lire “cette thèse fera date”… sans que soient décrites les raisons de cet enthousiasme (factice ?) pour l’écrit. Les défauts de la “sociologie par objet” sont trop souvent visibles dans les rapports : que cette thèse soit “la thèse vers laquelle se tournera à l’avenir tout chercheur intéressé par / la pêche à la grenouille / les SDF unijambistes / les tourneurs-fraiseurs homosexuels” ne suffit pas… si la thèse apprend des choses sur des objets plus grands, comme la pêche, l’unijambisme ou l’homosexualité, ou si les objets eux-mêmes sont “dépassés” au profit des méta-objets comme le loisir, les classes populaires ou la domination, le rapporteur ne devrait pas hésiter à le mentionner. A part dans quelques départements localistes, aucun poste ne sera ouvert avec un flêchage sur les SDF unijambistes.
  4. Décrire finement les méthodes utilisées est indispensable : nous sommes sociologues, que diable ! Il ne suffit pas de dire “des entretiens”, mais il faut dire combien. Il faut mentionner leur durée ou décrire l’échantillonage ayant conduit à recueillir la parole de telle ou telle personne.
    Idem pour les “statistiques” : il faut décrire, dans le rapport, les données utilisées (création d’un questionnaire ou usage secondaire de données INSEE ?), il faut décrire les usages : 45 tableaux croisés ou 3 régressions logistiques ?
    Ajoutons qu’il faut aussi écrire à quoi ont servi ces différentes méthodes. La rapporteure devrait, à l’écriture de son rapport, avoir une check-list.
    [Note aux doctorantes : il est super-rentable, dans une thèse de sociologie, de faire “un peu” de statistiques. Plutôt que de retranscrire le n-ième entretien, passez deux ou trois mois, à plein temps, à vous familiariser avec R, SAS ou SPSS, écrivez un chapitre et insistez pour que la directeure de thèse consacre un paragraphe à ces usages du “quantitatif” dans son rapport.]
  5. Décrire, au delà des méthodes, les matériaux empiriques sur lesquels reposent les assertions de la doctorante est essentiel. C’est assez simple : citer une petite partie du guide d’entretien. Reprendre l’une des questions du questionnaire. Montrer, ensuite, comment ces données apportent une réponse, dans le corps de la thèse.
  6. Plutôt que de critiquer l’usage de tel ou tel concept, plutôt que de pointer des manques : souligner les inventions conceptuelles, les innovations langagières et leurs usages dans la thèse.
    Le plus souvent, il semble que les membres des jurys se font plaisir, dans les rapports. Untel parlera de tel point minuscule. Tel autre critiquera l’usage de telle auteure à la page 123… Unetelle enfin fera tout son topo sur “vous ne m’avez pas citée”. Ce qui est amené par le doctorant est passé sous silence. Est-ce parce que la thèse est ratée ?

Avec un bon rapport, les membres des comités de sélection pourront savoir pourquoi telle thèse est bonne, excellente, parfaite ou simplement mauvaise. Si rien de ce qui précède ne s’y trouve, j’en jugerai à l’avenir que la thèse est mauvaise.

Enfin, deux conseils, aux doctorants :

  1. Demandez à lire quelques rapports de thèse et repérez les “mauvais élèves” ceux qui font des rapports de 3 lignes ou déblatèrent ad lib sur tel concept fumeux (des phrases comme “dans le postmoderne actuel la néo-libéralisation des ethno-centres déstructure — ou restructure — le système-monde” devrait vous dire : ouille ouille ouille, à éviter !). Ne les prenez dans votre jury que s’ils peuvent être utiles par ailleurs.
  2. Si les éléments précédents ne se trouvent pas dans le rapport, placez-les dans le CV analytique joint au dossier. [Je répète : résumé factuel, résumé des grandes conclusions, trouvailles ou résultats, description des méthodes, des outils et des données, et de leurs usages]. Nous (membre des comités de sélection) saurons ainsi ce qu’il y a dans la thèse.

Mise à jour : Dans les commentaires à ce billet, Olivier G. ajoute un point fondamental.

Candidater au CNRS

Il y a quelques années, lorsque, après la thèse, je recherchais un poste, je n’avais rien compris aux procédures de recrutement au CNRS. Passons sur les auditions : les uns m’ont presque demandé si j’étais gay et si j’allais introduire la queer theory dans la pensée française (un mal énorme), les autres, après un quart d’heure d’exposé, m’ont dit “merci, au revoir” sans poser aucune question… Mon projet de recherche ne devait pas être bien solide.
C’est l’épreuve préliminaire, le soutien d’un laboratoire, que j’avais eu du mal à obtenir. Après un soutien oral, certains n’ont pas donné suite à mes lettres, d’autres ont répondu négativement… et après insistance, m’ont envoyé une lettre de soutien du bout des lèvres. Je n’avais pas compris les critères de choix, qui ne m’ont jamais été précisé.
Certains centres de recherches en sciences sociales précisent aujourd’hui leur mode de sélection :

  • Le CSU (format word)
  • Le cevipof : Candidats au CNRS – Demande de rattachement au CEVIPOF
    Pour les candidats à un poste de chargé de recherche au CNRS qui envisageraient un rattachement au CEVIPOF, merci d’envoyer à Pascal Perrineau (pascal.perrineau@sciences-po.fr), directeur du CEVIPOF, avant le 3 décembre :
    – un curriculum vitae,
    – une liste des publications et
    – un projet de recherche.
    Ces candidatures seront examinées et classées en conseil de laboratoire. Les candidats seront informés de la décision vers la mi-décembre.
    Nous rappelons que les travaux du CEVIPOF se structurent autour de trois pôles : 1. attitudes, comportements et forces politiques; 2. Action publique; 3. Pensée politique et histoire des idées.
  • L’UMR 5116 SPIRIT (CNRS – FNSP, IEP de Bordeaux) invite les candidats aux concours du CNRS qui souhaiteraient solliciter son appui à adresser leurs dossiers (projet de recherche + CV) à Antoine ROGER (a.roger@sciencespobordeaux.fr) et Andy SMITH (a.smith@sciencespobordeaux.fr) le plus rapidement possible – et en toute hypothèse avant le 3 décembre 2007 – serait-ce sous une forme provisoire. Pour chaque dossier, deux rapporteurs seront désignés parmi les chercheurs et enseignants-chercheurs du laboratoire ; ils pourront suggérer des modifications et des améliorations. Une discussion et une évaluation collective seront organisées à l’occasion d’un conseil de laboratoire programmé dans la semaine du 10 décembre 2007. Les candidats agréés recevront dans les meilleurs délais une lettre de soutien.
  • Le GSPE – Prisme
    La campagne de recrutement au CNRS est un moment important dans la vie d’un laboratoire. C’est également un moment d’échange intensif avec les candidats autour de leurs projets de recherche et leur articulation avec les thématiques et priorités scientifiques du laboratoire.
    Les trois axes de recherche du GSPE-PRISME sont :
    La professionnalisation des acteurs de l’Union Européenne
    Les transformations de l’action publique
    Mobilisations et interactions dans les espaces publics de l’Europe
    Vous trouverez plus d’informations sur les orientations scientifiques et les membres de l’équipe sur le site : http://prisme.u-strasbg.fr/equipes/gspe.htm/ et des informations sur la MSH d’Alsace qui héberge le GSPE depuis la rentrée sur le site de la MISHA : http://misha1.u-strasbg.fr/

    Pour assurer la qualité de ce dialogue dans un calendrier bien chargé, j’invite les candidats souhaitant demander le soutien du GSPE-PRISME (UMR 7012) dans les sections 36 et 40 à me contacter rapidement (jay.rowell@misha.fr). Les demandes de soutien seront examinées en conseil du GSPE le 10 décembre après la désignation de deux rapporteurs. Il est demandé aux candidats d’envoyer leur dossier au plus tard le 30 novembre 2007. Les dossiers doivent inclure un CV, le projet CNRS aussi abouti que possible et une publication significative. Les critères d’évaluation sont la qualité du projet de recherche et du dossier scientifique ainsi que son adéquation avec les axes prioritaires de développement du centre. Les candidats seront notifiés de la décision du conseil du GSPE le 11 décembre et les lettres de soutien seront envoyées aux candidats retenus au plus tard le 17 décembre 2007.

  • Le CURAPP :
    En ce qui concerne le CURAPP, et sans entrer dans le détail de notre cuisine interne, nous invitons (comme les autres labos) les candidat(e)s à prendre contact le plut tôt possible avec nous. Nous traitons collectivement les demandes de soutien à partir des spécialités de recherches de nos membres. Nous nous basons sur les projets de recherche (mais nous demandons bien sûr un CV !) : nous soutenons seulement les projets qui présentent une cohérence avec les axes du laboratoire (qui ont été profondément remaniés dans le cadre du prochain contrat quadriennal 2008-2011 avec l’apport de nouvelles équipes de recherche en sociologie, sciences de l’éducation, psychologie et sciences de l’éducation : cf. le site http://www.u-picardie.fr/labo/curapp/). Notre soutien (pour des candidatures en section 36, 40 et 35) est plus ou moins développé selon que le CURAPP est un premier choix ou non ; nous nous interdisons en revanche une sélection trop sévère, dans la mesure où il appartient au Comité national de statuer sur la qualité des candidat(e)s. Pour information, nous recevons entre 20 et 30 demandes de soutien par an.
    Mais il faut surtout avoir en tête que la lettre de soutien des laboratoires constitue un élément sans grand poids dans le dossier de candidature ! Le dossier du (de la) candidat(e) (thèse, publications etc.), la qualité scientifique de son projet, et (comme toujours) les soutiens acquis et conquis dans les jurys du Comité national ainsi que les incertitudes des procédures électorales pèsent bien davantage dans le recrutement au CNRS.
  • Et, en général (précisions de Fabien Jobard) : Je me permets d’indiquer quelques éléments d’orientation quant aux laboratoires d’affectation des candidats au recrutement cnrs. Depuis quelques années déjà, la section invite les candidats à prendre contact avec les laboratoires au plus tôt, pour permettre à ces derniers de prendre leurs dispositions. Cela mérite précision.
    1) Le laboratoire visé est celui qui se déclare, par un courrier de son directeur, favorable à l’affectation, en cas de recrutement, du candidat. Or, ce candidat est recruté sur un projet de recherche : c’est donc plus le laboratoire proche des projets scientifiques à venir (ou post-docs) du candidat qui est concerné, que le labo dans lequel il a effectué sa thèse.
    2) Ce d’autant plus qu’une fois nommé par le jury, le candidat risque de s’opposer à un refus (de la part du Département scientifique) de demande d’affectation dans le labo de thèse : le CNRS encourage la mobilité géographique des chercheurs.
    3) Dans le dossier que vous remettrez, on trouve 2 labos souhaités. Le jury s’attend donc à 2 lettres de soutien (celles-ci montrent que le projet du candidat s’inscrit pleinement dans la politique scientifique du labo, que le candidat a été retenu après telle ou telle procédure, etc.), mais le candidat est libre par ailleurs de joindre plusieurs autres lettres de soutien.
    4) La question du laboratoire d’affectation est assez secondaire au moment de l’examen de la candidature par le jury. Mais il est préférable, lorsque l’on candidate en section xy, de présenter des labos de ladite section. Notamment parce que c’ets un moyen pour les collègues de s’orienter : un soutien d’un labo sérieux, exigeant, et connu comme tel par les membres,
    vaut mieux.
    5) Le délai recommandé pour prendre contact avec les laboratoires, c’est dans les semaines qui viennent. Chaque labo dispose de sa propre politique à l’égard des candidats : certains auditionnent, d’autres non. Ce qui est sûr, c’est que la vie d’un labo est souvent assez dense, il faut donc s’y prendre assez tôt pour répondre aux exigences éventuelles, surtout si l’on devait
    essuyer un refus. Dans tous les cas, il est bon de prendre contact de manière circonstanciée, en adressant un début de projet, ou un projet de projet, un cv synthétique, etc…

Donc, candidats et candidates… c’est le moment de téléphoner et d’écrire… (il y aura une poignée de postes en sections 36, 38 et 40…)
Et, directions de laboratoires : vous pouvez préciser en commentaires votre mode de sélection !
Note : la plupart des informations provient de la liste de diffusion des sciencepolitistes de l’ANCMSP… à quand une telle liste en sociologie ?

La rédaction de CV

Ce billet n’a qu’un intérêt local et il est destiné avant tout aux candidats aux postes de maître de conférences, qui doivent, pour être recrutés, envoyer aux universités un dossier comportant notamment un CV. [La procédure de recrutement est à la fois étalée dans le temps : il faut tout d’abord être “qualifié” par une ou plusieurs sections du Conseil National des Universités, ou CNU ; puis attendre la publication des postes au Journal officiel et finalement très rapide : il faut envoyer en quelques jours un grand nombre de dossiers aux universités afin d’obtenir une audition]
Mon élection récente à la “commission de spécialistes” du département de sociologie de Paris 8 m’a fait découvrir l’envers du processus de sélection : les rapporteurs n’ont que très peu de temps pour examiner les dossiers (qui sont réduits, heureusement à une liste de documents requis) et chaque élément permettant d’accélérer l’examen des dossiers est valorisé.
La rédaction des curriculum vitae est donc très importante : et c’est un CV spécifique qu’il faut produire pour ce recrutement, pas la reproduction d’un CV “passe-partout”. Le Journal Officiel précise — à chaque fois que les postes sont publiés — qu’il faut :

un curriculum vitae donnant une présentation analytique de la thèse, des travaux, ouvrages, articles, réalisations et activités en mentionnant les travaux qui seront adressés [si les candidats] sont convoqués pour l’audition ;

Sur la petite vingtaine de dossiers que je devais rapporter, un nombre étonnant faisait le contraire de ce qui est — dans l’optique d’un examinateur — évident. Tout d’abord, un seul mentionnait les “travaux qui seront adressés” en cas d’audition (alors que c’est précisé par écrit dans le JO… et c’est simple à faire : une petite liste en fin de CV…) : Ah, il y en a un-e qui suit ! a-t-on envie de dire. Mais qu’est-ce qui semble “évident” ? Quelques conseils :

1- n’utilisez d’acronymes ou de sigles que si vous les explicitez : UPMF (université Pierre Mendès France de Grenoble), “dans le cadre de l’UFR 8” (est-ce une UFR de sociologie, de sciences humaines, de gestion ???), “qualifié par la section 32 du CNU” (il y a une cinquantaine de sections au moins : à quoi correspond le n°32, ne pensez pas que le rapporteur les connaisse toutes par coeur). De même qu’est-ce que le CEMIM ? le GEDIPA ? l’UMR-CNRS 3578 ? Vous devez préciser.
Utilisez des agrafes, vérifiez l’orthographe.
N’utilisez pas de polices de caractères trop originales ou ésotériques ; et de police “sérieuse” n’en utilisez qu’une : la lecture doit être simple – évitez de tout écrire en police de taille 8, c’est trop petit. Evitez le soulignage (l’italique suffit, les caractères gras à la limite si cela apporte de la structure)
Vous avez été étudiant : dans quelle université : “1995- licence” ne suffit pas : département, diplôme, université (et pas seulement son nom, sa localisation et son pays peuvent être importants, please). Le CV doit être structuré : utilisez des titres, des indentations, des interlignes… (mais pas de petites “bullettes en 3D” genre powerpoint)

2- vous avez enseigné : alors indiquez le nombre d’heures totales pour chaque année, indiquez l’université, l’IUT, l’école… où vous avez enseigné, précisez les disciplines (sociologie ? sciences de l’éducation ? anthropologie), le titre du cours. Quelque chose comme “2004-2005, sociologie en licence” ne suffit pas.
Ne trichez pas : si vos fonctions d’ATER se sont terminées, ne prétendez pas que c’est votre “fonction actuelle”.
Soyez précis dans les statuts occupés : PRAG, ATER plein, demi-ATER, monitorat, vacations… (et quand vous les avez occupés : septembre 2003 – août 2005, c’est plus précis que 2003-2005).

3- vous avez “publié” : alors hiérarchisez. Une autopublication chez un certain éditeur a moins de poids qu’un bel article dans une revue de premier plan. Une étude du CNRS sur les revues centrales en sociologie est disponible (ce n’est pas un point de vue définitif et c’est une liste critiquée, mais c’est une bonne liste de revues scientifiques reconnues par la profession). Rien ne sert de lister une dizaine de “publications” si les rapports de recherche, le mémoire de maîtrise, un compte-rendu dans une petite revue mineure, et un article dans une bonne revue connue à comité de lecture… sont classés par ordre chronologique sans que l’on puisse distinguer le travail scientifique de la commande administrative. Comment hiérarchiser :
    1- les ouvrages
    2 ou 3- contributions à un ouvrage collectif (entrée dans un dictionnaire, chapitre dans un ouvrage de synthèse… idem)
    ou alors 3 ou 2- articles dans une revue à comité de lecture (et évitez de considérer qu’une revue que vous avez montée avec l’un de vos camarades dispose de ce genre de comité)
    4- actes de colloques
    5- valorisation de la recherche, rapports de recherche…
Faites très attention au titre de la revue : j’ai vu des erreurs sur certains titres (une revue connue devient ainsi une feuille inconnue et le-la candidat-e passe au mieux pour une tête de linotte : rappelons donc ici que “Sociétés contemporaines” — une revue française de sociologie publiant principalement des dossiers thématiques –, “Sociologie et sociétés” — une revue canadienne –, “Actes de la recherche en sciences sociales”, “Archives de sciences sociales des religions”, “Education et Sociétés”… sont au pluriel en partie ou en totalité… alors que “Droit et société” est au singulier. Société est une revue canadienne dépendant de l’université du Québec à Montreal ; Sociétés est la revue maffesolienne française). Pourquoi ne pas penser à indiquer l’ISBN pour des revues au titre très très commun, et surtout commun à plusieurs revues ?
Quand vous hiérarchisez, vous montrez que vous connaissez les modes de classement, les “taxinomies indigènes” du monde auquel vous souhaitez être agrégé. Ne pas hiérarchiser laisse supposer un défaut de socialisation universitaire : cela vous dessert (pour prendre un exemple, c’est un peu comme un étudiant de maîtrise qui prendrait un manuel pour un ouvrage théorique… ça fait tache). Refuser d’objectiver les différences entre vos publications au prétexte d’un refus des conventions… n’est pas une stratégie gagnante ici.
Indiquez les pages de début et de fin de l’article (un article de 2 pages et un article de 50 pages n’auront pas le même “poids”).
N’inventez pas de publication, ça se voit trop. Ne mentionnez des articles “à paraître” que si vous donnez le titre de la revue où ils sont à paraître. Mieux : mentionnez le numéro et l’année en plus du titre de la revue où il paraîtra. Évitez de mentionner des articles “soumis” qui se trouveraient actuellement dans les limbes du comité de lecture ou en voie de réécriture avant acceptation : tout le monde peut soumettre des articles, ce n’est pas un critère de classement… Si vous voulez mentionner vos recherches en cours, il y a une rubrique pour cela.

4- Classé-e 1er ou 1ère au DEA, allocation de recherche, bourses de thèse… indiquez-le (et pas tout au bout d’une présentation détaillée, comme si c’était annexe). J’ai pu voir un dossier où une bourse internationale de recherche n’était mentionnée qu’en passant, le thème de la recherche jamais précisé alors que le candidat (la candidate?) avait obtenu cette bourse et que le thème avait des chances d’être en lien avec le poste auquel il/elle postulait… ce qui est fort dommage pour un dossier de candidature à un poste d’enseignant-chercheur. (Le problème venait du simple réemploi, sans mise à jour, d’un morceau de CV utilisé l’année précédente : un peu de bon sens, voyons !).
Vous faites partie d’un contrat de recherche (de l’Union européenne, d’un ministère quelconque…) : à quel titre ?
Vous avez obtenu une bourse d’un organisme quelconque (dont vous avez explicité le sigle, bien entendu) : quel était le montant de cette bourse, et portait-elle sur 3 mois, un an, trois ans ?
Un “post-doctorat”? notion floue en France : statut rémunéré ? non rémunéré ? dans quel cadre, quelles fonctions occupez-vous. Idem si c’est à l’étranger.

5- certain-e-s candidat-e-s sont présents sur internet : page sur leur laboratoire de rattachement, articles en ligne, communication à des colloques. Les rapporteurs ont rarement la possibilité matérielle d’y jeter un coup d’oeil et doivent de toute façon se contenter du dossier fourni : mais s’ils y jettent un coup d’oeil, il ne faudrait pas que les informations fournies par le dossier et celles que l’on trouve sur internet soient très différentes. Si un article est “à paraître” sur une page internet de 2003 et qu’il est toujours, fin 2005, “à paraître”, c’est un peu étrange. Contrôlez, dans la mesure du possible, ce qui est dit sur vous sur internet (surtout quand vous en êtes responsable)

6- en bref, le CV qu’on vous demande n’est pas une présentation embellie de vous-même — vous aurez à vous “vendre” lors de la constitution du dossier préalable à l’audition et lors de l’audition — mais bien plutôt une sorte de présentation objectivée (mentions au DEA par exemple — et même si l’inflation de très très honorables avec les félicitation de tout le jury à l’unanimité… en limite l’utilité pour la thèse il faut le mentionner — , nombre d’heures enseignées, articles sérieux, thèmes de recherche actuels).

7- “présentation analytique” est-il demandé dans le JO. Certains candidats — presque tous — préfèrent produire deux CV. L’un classique, plutôt sur le modèle d’une liste non rédigée. L’autre rédigé comme un projet de recherche. Parfois très long, très très “analytique”, très peu “présentation”, plutôt “dissertation” : gardez en tête que le rapporteur a peu de temps. Synthétique, c’est toujours mieux. Faites attention, si vous faites 2 CV, à y mettre les mêmes informations : si certaines ne sont mentionnées que dans un CV et pas dans l’autre, ça fait du travail en plus pour le rapporteur.
Dans la partie “analytique” du CV, on peut parfois lire des projets de recherche très construits, un peu sur le modèle administratif des “rapports quadriennaux” des laboratoires de recherche, où différentes équipes sont associées à différents “axes thématiques” (c’est le jargon)… C’est un peu étrange de retrouver cela presque identiquement dans le projet d’un individu, comme si la personne était un résumé du groupe-laboratoire et se diffractait, depuis un point administratif central, en axes thématiques. Soyez modestes dans les possibilités de vous diviser à l’extrême : vous aurez, si vous êtes retenus, à gérer certaines tâches administratives — emplois du temps, relations internationales, équivalences… — qui prendront du temps sur au moins trois des quatre “axes thématiques” très larges et très flous que vous proposez.
Faites attention aux thèmes de recherche que vous évoquez : la commission tiendra bien plus compte des recherches déjà avancées (visible à travers des participations à des séminaires de recherche ou des colloques) que des simples annonces de “projets” qui se trouveraient par miracle “en phase” avec le profil du poste.

L’examen des dossiers se fait suivant une grille de lecture (qui va varier suivant chaque université, mais qui va de toute façon s’appuyer sur les éléments les plus objectivés disponibles) qui doit permettre au rapporteur d’exposer de manière synthétique le candidat au cours d’une réunion… et il y a en général une centaine de candidats : si une bonne synthèse structurée est faite par le candidat… il y a de grande chances pour que le rapporteur produise une bonne synthèse structurée et convaincante du dossier… et donc mieux vous défendre.

J’ai essayé de proposer ici des conseils de bon sens, à partir du travail de rédaction de rapports que j’ai eu à faire en tant que membre d’une commission de spécialistes. Quand on est candidat — et je l’étais il y a peu — on ne réfléchit pas avec le rapporteur en tête : j’ai tenté ici de mettre en lumière les contraintes du travail de rapporteur et certaines des manières dont vous disposez pour alléger ces contraintes. Bien entendu ces choses ne sont pas requises explicitement et si vous voulez tout écrire en sigles incompréhensibles tout en laissant croire que votre maîtrise a autant de poids pour vous que votre article dans la RFS, allez-y…

Pour aller plus loin, vous consulterez :
Note aux candidats à la qualification (section “informatique” du CNU)
Fiche de la section 19 (sociologie, démographie) du CNU (avec conseils aux candidats)
Ces liens renvoient vers des conseils utiles lors de la phase de qualification, préalable à l’envoi des dossiers aux universités. D’autres conseils seraient les bienvenus : vous pouvez laisser des commentaires.

Marsyas, maître de conférences dans une université à l’Est de Paris commente :

Je n’ai qu’un conseil à rajouter : se faire relire si possible par un membre d’une commission de spécialistes dans sa discipline, et de préférence par quelqu’un d’autre que son patron de thèse qui ne peut être objectif. C’est évidemment indispensable pour la présentation orale mais j’en viens à penser que cela peut également être très utile pour le CV et la lettre de présentation de la candidature.

mise à jour : un texte de Régine Bercot : Le fonctionnement d’une commission de spécialistes sur le site de l’ASES (Association des sociologues enseignants du supérieur).

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