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Territoires contestés

D’un côté, nous avons les sex-shops, qui ne peuvent plus s’installer en centre ville depuis 2007 : ils doivent être placés à plus de 200m à vol d’oiseau de tout établissement scolaire.
De l’autre côté, nous avons des assemblées évangéliques, qui sont perçues comme des “sectes” par de nombreuses autorités municipales et dont la jeunesse comme la précarité financière interdisent la possession ou la location de bâtiments en centre ville.
Ces deux institutions, le sex-shop et l’église évangélique, devaient bien un jour se rencontrer. Et cela se fait, actuellement, dans ces zones commerciales péri-urbaines, à proximité du Carrouf’, du centre commercial et derrière l’ancien Décathlon devenu un ToysRus :
Voici donc un petit article récent de Nice Matin :

Le pasteur qui proteste contre les petites culottes

« Quand on dit aux gens qui cherchent l’église que c’est en face du magasin de lingerie fine, c’est sûr que ce n’est pas ce qu’il y a de mieux…», explique timidement Anne, une fidèle de l’église protestante évangélique.

La communauté religieuse est en émoi depuis l’installation à l’Espace Antibes, il y a un mois, de la boutique « Sexy in the city ». « La boutique qui pimente vos nuits !!!! 200 m2 de charme et de volupté », vante le prospectus de la nouvelle enseigne qui vend de « la lingerie gourmande, des produits de massage, des sex toys, des livres et accessoires de séduction, des DVD » etc.

« Quand on sort de l’église après la prière, on a beau essayer de ne pas regarder, on ne voit que ça : des strings, des jarretelles…et à l’intérieur, je n’ose même pas imaginer… », s’insurge une croyante en désignant la vitrine rose et noire où on aperçoit des mannequins vêtus de bustiers de dentelle coquine.
source

L’extension du domaine de la culotte : Où peut-on vendre des sex-toys ?

Il y a quelques jours, j’ai reçu par mail les questions d’un propriétaire d’un magasin de lingerie. Depuis quelques temps, il propose à la vente des sex-toys, suivant en cela divers commerces (de la gadgèterie au magasin de parfum en passant par des magasins de lingerie sexy).
Cette relative publicisation de jouets pour adultes ne se fait pas sans protestations (voir ici par exemple). Et le propriétaire du magasin venait de recevoir un document juridique inquiétant, dans lequel on apprend que la directrice du centre commercial dans lequel il est installé et la directrice régionale du groupe… avaient constaté la vente de “produits” qu’elles jugeaient “non autorisés au titre du bail mais au surplus à caractère érotique, voire pornographique”.

Je reproduis ci-dessous, anonymisés, une partie de ces documents (et je suis à la recherche d’autres affaires du même genre) :

Les “directrices” soulignent en fin de document — par le truchement de leur avocat — que certains produits sont “contraires aux bonnes moeurs”. Chose qui me semble étrange, étant donné l’épuisement du concept juridique de “bonnes moeurs” (est-il encore en usage ? peut-être dans du droit commercial ou privé ?). Elles soulignent aussi que le magasin de lingerie vend des articles érotiques… [en passant, si l’on prend, au hasard, l’une des culottes proposées par la marque Aubade, la petite tricheuse (ici aussi) alors l’érotisme est déjà dans la lingerie… voire l’un des buts des magasins de lingerie].

Parenthèse : Nous avons peut-être là un exemple de “privatisation” de l’action de censure qu’Emmanuel Pierrat décrit… mais pour que cela soit vécu comme une censure, il faut sûrement des groupes opposés (dénonçant telle action comme censure). Or, pour l’instant, le groupe des vendeurs de sex-toys est très très peu solidifié. Ni syndicat, ni association de défense…Fin de parenthèse

La question est de savoir, il me semble, si des sex-toys (je pense que les directrices visent ces objets) sont proches de la lingerie. La place de ces objets, il y a quelques années, était entièrement dans les sex-shops, et dans les catalogues de vente par correspondance. Ils ont été sortis de ces endroits, depuis, par une poignée d’entrepreneurs. Mais peuvent-ils être assimilés à la lingerie ?

L’un des éléments objectifs dont je dispose, c’est le site internet du “Salon interprofessionnel de la lingerie” de Paris. Dans son dossier de presse de 2008, le salon de la lingerie de Paris assimile les “sex-toys” à des objets “transversaux” (en français), “complémentaires” (en anglais) :

dossier de presse français :
Cet espace qui avait déjà remporté un franc succès en 2007, s’agrandi [sic] et regroupe tout type d’objet transversal à l’univers de la lingerie, allant des cosmétiques, aux accessoires tels que les sex-toys,
dossier de presse anglais :
this space has been expanded and brings together all types of complementary products that work in harmony with the lingerie industry, from cosmetics and accessories, such as sex-toys

Il ne s’agit pas ici, sur un dossier de presse, de rejouer la controverse sur l’interprétation de la résolution 242. L’on admettra que complémentaire s’associe ici à transversal. Parmi les exposants, l’on trouve “lovely planet” (et d’autres comme “fun factory”), mais aussi une compagnie allemande fabricant des vibromasseurs à l’efficacité germanique (Sinfive) :

Que faire de la présence de vendeurs de sex-toys, et de fabricants, dans le salon interprofessionnel de la lingerie ? Et que faire de la publicisation de leur présence dans des dossiers de presse ? Il me semble que, pour une partie de la “profession lingerie”, ces gadgets forment une extension du domaine de la culotte, et que ces mêmes “professionnels” considèrent que les gadgets pour adulte ont toute leur place dans les magasins de lingerie, même traditionnels.

Que faire, de mon côté, de la demande du propriétaire du magasin visé par le froncement de sourcil juridique des directrices du centre commercial ? Je lui ai répondu du mieux que je pouvais (et en droit, je ne suis pas compétent). De la même manière, il y a plusieurs mois, j’avais été invité à rencontrer l’avocat du propriétaire d’un magasin de sex-toys, ce que j’avais fait avec plaisir.
Ces pressions à la position d’expertise sont, je pense, à analyser… Elles sont faibles dans mon cas : je ne travaille ni sur l’école, ni sur l’immigration, ni sur les clochards. Elles sont peut-être d’autant plus simple à comprendre que le “blog” simplifie la prise de contact. Mais, pour l’instant, ma réflexion s’arrête là.
Ceci dit : je suis preneur d’informations sur des affaires similaires.

Gadgets et sex-toys

En France, quelques magasins de gadgets (“Soho”, “Objectica”,…) proposent, entre la lampe lave et les cartes à jouet, quelques gadgets pour adultes, sans interdire l’entrée aux mineurs [voir ici quelques exemples et quelques photos]. On trouve trace de quelques protestations :

  • de clients (relevée récemment ici-même : “Jusqu’à l’an passé on vendait aussi des sex-toys, explique Stéphanie, vendeuse à Soho, dans la galerie d’un supermarché castelroussin. Et puis, on a eu une plainte de la part d’une cliente, sur Limoges, qui regrettait que ces objets soient exposés à la vue des enfants. Alors, on a arrêté d’en vendre.”),
  • mais aussi de sénateurs (je cite : “le présent article modifie la définition des établissements interdits d’installation à proximité des établissements scolaires, en visant non plus la vente de revues mais la vente d’objets à caractère pornographique, couramment appelés « sex-toys ».”)… peut-être aussi clients par ailleurs

Je viens de tomber sur ce reportage d’une chaîne de télévision locale d’Atlanta, en Géorgie (US) :
Kids Playing With Sex Toys At Metro Atlanta Malls (“des enfants jouent avec des sex-toys dans le centre commercial”) :

[flashvideo filename=https://coulmont.com/blog/fichiers/2008/20080222-wsbtv-atlanta.flv width=432 height=240 displayheight=260 /]

Caméra cachée : les journalistes montrent des enfants s’amusant avec des tirelires en forme de “male body part” (partie corporelle masculine) ou des jeunes filles s’amusant devant des recueils de positions sexuelles, et même un jeune garçon ayant acheté une sucette en forme de “male body part” aussi. La responsable d’une association est interviewée (sans que l’on sache précisément si c’est elle qui a prévenu les journalistes).

Dix jours plus tôt, dans l’Utah, à Layton, la police locale est même allée confisquer quinze boîtes de vibromasseurs présents dans une gadgèterie de la même marque, “Spencer Gifts” : Police raid novelty shop inside Layton Hills Mall titre le Deseret News (autre article sur abc4/news).

Je n’ai pas entendu parler de telles descentes de police en France… Mais si une gadgèterie a eu la visite amicale d’un officier, j’aimerai beaucoup en entendre parler.

Jouets dangereux

Il y a quelques jours, une émission de la télévision suisse romande a été consacrée presque entièrement aux godemichets, vibromasseurs et autres gadgets… L’émission, ABE “à bon entendeur” est disponible en ligne.
Pour partie, l’émission traitait de la présence de phtalates dans ces jouets pour adultes… ce qui me conduit à imaginer un commentaire, qui, pour l’instant, n’est pas bien ficelé. Mais à quoi bon me servirait ce blog si je ne pouvais exposer des morceaux de réflexion peu assurés, aux frontières de l’objectivation…

Les phallus en plastique contiennent en effet, assez souvent, des doses importantes de phtalates, composants interdits dans les jouets pour enfants, car cancérigènes chez le petit animal et causant d’autres problèmes chez l’humain. Les sex-shops d’origine féministe, aux Etats-Unis, s’interdisent ainsi la vente des objets phtalatés ou précisent, dans de petits prospectus certaines règles d’usage (voir un de ces prospectus ici).
En quoi ces phtalates posent-ils problème ? Ils présentent un risque de santé, certes. Mais il me semble qu’ils viennent aussi pointer les contradiction de pratiques sexuelles qui s’appuient sur le monde marchand. L’achat de ces jouets est présenté comme libérateur ou comme proposant une plus grande authenticité, le dialogue conjugal se poursuivant dans l’échange des orgasmes. Interrogée par une journaliste, une “responsable presse” déclare :

Même si on n’a pas forcément envie de se marier dans les deux heures après être venu à la boutique, on aspire tous à trouver quelqu’un avec qui partager de bons moments, avoir une intimité et une sexualité qui se passent bien, avec qui on peut faire des tas de choses.(source)

Le rappel de la composition phtalatée des jouets (comme le rappel, peu fréquent, des conditions de production, en Chine, des mêmes objets ou celui de leur mauvaise qualité de fabrication) vient casser la connivence… S’il faut des émissions de télévision pour rappeler que certains godemichets à pile contiennent plus de 25% de phtalates alors que la limite admise dans les jouets pour enfants est de 0,1%… c’est soit parce que les vendeurs, finalement, ne savent pas ce qu’ils vendent, soit parce qu’ils cachent ce qu’ils savent.
C’est ainsi toute la question de la circulation des dialogues, entre grossistes et détaillants, entre vendeuses et acheteuses, entre le couple qui est remise en cause, alors que l’exigence de conversation authentique — celle qui révèle les désirs — était un point de rencontre entre normes conjugales et discours des promoteurs de jouets pour adultes…
Ailleurs : sur sextoyer, un site à mi-chemin entre la promotion et la “veille”.

La démission de Xavier Dunezat (suite)

La lettre d’explication de Xavier Dunezat, postée sur une liste de diffusion (Efigies) et reproduite sur mon blog, a été commentée à de nombreuses reprises, souvent en détail. Elle a aussi beaucoup circulé, et dans des mondes extérieurs à l’Academia. Une journaliste du Monde m’avait d’ailleurs contacté il y a une dizaine de jours. Son article est publié dans l’édition du jour :

DEPUIS UNE SEMAINE, de mails en forums de discussion sur Internet, une longue missive agite le monde universitaire. Son auteur, Xavier Dunezat, devenu professeur de sciences économiques et sociales au lycée, explique les raisons qui l’ont poussé à quitter l’université, où il était maître de conférences en sociologie. Méthodiquement, en cinq chapitres, l’enseignant dresse un tableau accablant des pratiques de recrutement en vigueur. Il dénonce le ” règne du piston”, le “désert relationnel” de l’université et le ” mépris des étudiants qui transparaît dans l’organisation globale des enseignements… et dans les pratiques professionnelles des enseignants”.
A partir de son expérience d’un an, M. Denuzat [sic] reconnaît livrer un témoignage ” très subjectif, parfois grossier”. Pour autant, les nombreuses réactions qui fleurissent, notamment sur le blog de Baptiste Coulmont, lui-même maître de conférences en sociologie à l’université Paris-8 (Vincennes-Saint-Denis), l’un de ceux qui a mis en ligne la lettre, montrent que l’enseignant a fait mouche.
source : Le Monde : “Copinage” et “mépris” des étudiants : un enseignant ouvre le débat sur le recrutement à l’université

Si l’initiative de X. Dunézat est rare, il est plus courant de lire les revendications des étudiants… qui n’ont ni la même ampleur ni le même poids, mais ressentent vivement les difficultés de la vie universitaire. Pour exemple, cet extrait de blog, sur Paris VIII, où j’enseigne :

Je me suis renseigné un peu partout, et si je voulais absolument continuer en M2, faudrait que j’aille … ou à saint denis ou à créteil …et bon … ça craint comme coins. Je connais quelqu’un qui est passé à Paris 8 et il a tenu une semaine avant de changer à nouveau de fac. C’était la zone : un distributeur de boisson cassé, des groupes de jeunes extérieurs à la fac qui foutaient le bordel … Et pour créteil, j’ai connu, aussi. Il y a longtemps j’avais accompagné une copine dans cette fac et j’avais été sidéré de voir que certains faisaient du rap au milieu du hall ou fumaient leurs joints … Une fac c’est pas la rue, tout de même ! Je préfère encore n’avoir qu’une maitrise mais qu’elle garde sa valeur.
source : Wendoo – in loco

Un autre extrait décrit les raisons d’un choix entre deux universités :

Bon, je sais qu’il va falloir que j’en passe par des explications car j’imagine d’ici vos “Han mais pourquoi t’as fait ça?”.
Comme vous le voyiez sur l’article précédent, j’étais mal à l’aise à Paris8. J’étais stressée de ne pas avoir la possibilité de m’inscrire dans tous mes cours, je n’aurais pas fait d’anglais ni d’italien pendant minimum 6 mois pour cause d’un bordel administratif monstre. Je ne me sentais pas du tout chez moi là bas, je sais qu’un temps d’adaptation est nécessaire, mais je n’en avais même pas l’envie… C’est bête je sais.
Mais quand vous vous levez à 6h45 le matin sans savoir si vous commencez à 9h ou 18h, ça calme. J’y allais à reculons, sans savoir si j’aurai une chaise sur laquelle m’asseoir, une table sur laquelle poser mes affaires… Par dessus tout, je ne pouvais pas m’inscrire à un nombre d’EC suffisant pour pouvoir valider suffisemment de crédits pour le 1er semestre. Alors à quoi bon continuer ?!
source : CrossedFingers

Les revendications précédentes ne proposaient pas les mêmes options politiques que la proposition suivante, lue sur les murs de P8 et sur internet.
Appel a AG - polear - Paris 8On peut actuellement lire sur Indymedia un appel à manifestation :

à L’université de St Denis, nous voulons nous rassembler hors des organisations politiques, hors des bureaucraties syndicales, hors des manies groupusculaires (…)
Qui organise l’assemblée générale ? Qui la tient ? Comment se l’approprier ? Tout participant à une assemblée doit systématiquement se poser ces questions. Elle est organisée par des étudiants, habitants du quartier et autres qui agissent ici depuis l’an dernier. Ils sont issus de l’AG “Sarko est là et nous on est où ?” du printemps dernier. Mais il serait erroné de croire que ces individus sont les créateurs de cette assemblée et de tout ce qui la compose. (…)
Nous appelons à des projections-débats régulières et proposons des réunions thématiques, ou des manifestations diverses.
Source : Pôle d’Action et de Réflexion, St Denis, septembre 2007 (Polear@no-log.org)

mise à jour : un appel à manifestation pour le 18 octobre.

Derrière le rideau

J’ai entendu parler, récemment, de cette personne, professeur d’une université, recrutée dans une autre université, qui avait en douce fait modifier la page d’accueil du site internet de son département pour y placer ses nouvelles coordonnées, ainsi que les coordonnées du secrétariat de sa nouvelle université. Ainsi, les étudiants qui cherchaient à s’inscrire dans le master de l’université “Sigma Mu” se retrouvaient-ils à téléphoner à l’université “Phi Alpha”…
Les services de “Sigma Mu” ont mis un petit moment avant de s’en rendre compte et de fermer l’ancien site.
J’ai aussi entendu parler, récemment, de ce candidat classé premier au recrutement sur un poste universitaire, et dont la commission de spécialistes s’est rendu compte, ensuite, du caractère fantaisiste du CV et du rapport de soutenance (deux faux en écriture, apparemment).
J’ai aussi entendu parler dans une université, assez connue, “Pi Bêta”, d’une commission de spécialistes qui avait refusé d’auditionner certains candidats. Ces derniers, souhaitant comprendre les raisons du refus, demandent au président de la commission la consultation des rapports. Ce dernier répond, par écrit, qu’il n’y en a pas : motif d’annulation, car tous les textes règlementaires insistent sur la nécessité de ces rapports :

Les rapports doivent impérativement être écrits, signés et datés : leur caractère communicable à l’issue du concours de recrutement implique que ces rapports doivent être rédigés avec la plus grande rigueur(1) : tout manquement à ces règles élémentaires peut provoquer l’annulation d’un concours pour vice de forme.
source : le Guide du fonctionnement des commissions de spécialistes

Il est par ailleurs précisé que :

Ne doivent en aucun cas prendre part à la séance de la commission au moment de l’examen des dossiers : Les personnes dont la situation est examinée, ainsi que leurs parents ou alliés jusqu’au troisième degré inclus, ainsi que l’ancien conjoint d’un candidat.

Or la femme du président de la commission était candidate, et fut même classée.
Il est de même précisé que ne peut siéger :

Tout membre d’une commission de spécialistes, s’il a manifesté ostensiblement, oralement ou par
écrit, une animosité à l’égard d’un candidat

et qu’une personne, siégant, avait déclaré son opposition à une classe entière de candidats, les “normaliens”.
J’ai aussi entendu parler de ce livre, Petits crimes contres les humanités, de Pierre Christin, scénariste de Valérian avec Mézières, mari de Rosine Christin (l’ancienne secrétaire du Laboratoire de Bourdieu au Collègue de France) et père de Olivier Christin (l’historien)…

Salles de cours fermées, sans clé, ou sans électricité, ou sans chaises, ou sans prof, ou sans étudiants, ou sans rien… Préfabriqués provisoires devenus définitifs, bibliothèques barricadées, ordinateurs détraqués, cafet’ pourrie, gazon râpé… On est sur le campus d’une modeste université de province, où la fac de lettres et sciences humaines devient soudain la cible d’e-mails aussi vengeurs qu’anonymes…

– – –
(1) Je m’aperçois à la relecture que mes propres rapports, bien que “rigoureux”, sont rédigés souvent de manière télégraphique. Il faudra que je passe à un style plus narratif la prochaine fois.

Antimormonisme (2) ?

A Villepreux, charmante commune, l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des derniers jours (les Mormons, ou “LDS Church”), veulent installer leur temple. [J’en ai parlé il y a une dizaine de jour : Des Mormons à Villepreux et une mailingliste inconnue en a parlé : que dit-elle, mystère ?]
Une association municipale, “Villepreux Autrement“, s’oppose vigoureusement au projet :

Le principe de précaution, inscrit dans la constitution et appliqué régulièrement aux risques alimentaires, ne devrait-il pas être utilisé dans le cas présent, alors que de nombreux documents montrent les dérives d’un tel mouvement ?

Les Mormons ressemblent — selon cette association — à une religion génétiquement modifiée… La même association avait fait circuler un tract décrivant l'”Eglise des Mormons (comme) un mouvement reconnu polygame et apocalyptique mettant en oeuvre le prosélytisme afin de recruter de nouveaux adeptes”, oubliant que, si l’Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours avait en effet soutenu la polygamie après 1843 et jusqu’au début des années 1890, une révélation divine était revenue dessus.
L’Association de défense du vieux Villepreux (attention, leur site est pourri par des “pop-under”) en rajoute dans l’amalgame :

Chacun est libre de penser ce qu’il veut des Mormons. En ce qui nous concerne, notre association, conformément à ses statuts, continuera à se battre pour la protection du site classé PLAINE DE VERSAILLES comme elle a déjà combattu la décharge du Trou Moreau, l’implantation des gens du voyage et le projet de déchetterie à la station d’épuration, situés dans la plaine classée .

Nous sommes toutefois reconnaissant à cette association de nous laisser libre de penser ce que nous voulons.
Devant cette montée de boucliers armés, France 2, récemment, a proposé un reportage “éducatif” : qui sont les Mormons. L’Eglise apparaît comme une “communauté” (il faut repérer l’absence d’utilisation du terme “Eglise” par le présentateur du journal). Une communauté de classe moyenne-supérieure, conservatrice socialement, moralement et politiquement, attachée à la défense de normes de genre traditionnalistes. Chose amusante, la journaliste les confond avec les Amish (“ici, pas de lampe à pétrole”), une confusion très fréquente [alors que les Amish sont un mouvement dont l’origine est véritablement européenne — géographiquement dans un triangle de 500 km entre la Suisse, l’Alsace et l’Allemagne]. Reportage très lisse, dont les sources manquent : comment les journalistes ont-ils trouvé cette famille modèle ? et qui semble suivre une plaquette de présentation officielle.
On remarquera, dans ce reportage, l’absence de ton polémique et la présence de Noirs dans l’assemblée religieuse (alors que, jusqu’à la fin des années 1970, les Noirs d’origine africaine étaient considérés par la LDS comme étant marqués d’une malédiction divine et donc interdits de prêtrise, alors que tous les hommes âgés de 12 ans et plus sont prêtres… Un dogme dont l’Eglise n’est pas très fière aujourd’hui.)
Reportage de France 2 (format Quicktime)
Le reportage est précédé d’une brève en provenance d’une télévision de l’Utah, où la LDS est la principale Eglise (on peut estimer à 80% la population mormone de cet Etat des USA — en se basant sur les types de mariages célébrés). Pour aller plus loin : une carte de la répartition des Mormons aux Etats-Unis (pdf).

L’institutrice change de sexe

Peu d’informations disponibles sur cette histoire, et beaucoup semble déjà dans le titre, Une institutrice de l’enseignement catholique décide de changer de sexe

RENNES, 9 avr 2005 (AFP)
Une institutrice de l’enseignement catholique décide de changer de sexe

Une institutrice en poste dans une école catholique du Calvados va changer de sexe à partir de la semaine prochaine et a déjà demandé à ses élèves de l’appeler “monsieur”, rapporte le quotidien Ouest France à paraître samedi. L’enseignante âgée de 40 ans était sous traitement hormonal depuis février afin de préparer cette opération prévue la semaine prochaine et qui a nécessité l’accord du ministère de l’Intérieur, selon le journal. “Nous n’avions jamais été confrontés à une telle affaire en France“, relève Serge Launay, le directeur diocésain de l’enseignement catholique dans le Calvados assurant cependant qu’une grande partie des parents “soutient le bien-fondé de la démarche” de l’institutrice, une “excellente pédagogue“.

Ouest France affirme de son côté avoir reçu un courrier anonyme dans lequel des parents s’interrogent sur les “répercussions psychologiques” de cette transformation sur leurs enfants en menaçant de retirer ces derniers de l’école des la rentrée de Paques. “L’idée d’une mutation ou d’un congé de formation semble la solution la plus appropriée“, suggère Serge Launay.

De nombreuses questions se posent : faut-il un “accord du ministère de l’intérieur” pour une opération de changement de sexe ? pourquoi faudrait-il demander sa “mutation” (sic) en cas de changement de sexe ? Le fait que l’article de Ouest France ne soit pas accessible facilement n’aide pas à répondre à ces questions.
mise à jour : un reportage au 20h de France2 précisait un peu les circonstances.