D’un côté, nous avons les sex-shops, qui ne peuvent plus s’installer en centre ville depuis 2007 : ils doivent être placés à plus de 200m à vol d’oiseau de tout établissement scolaire.
De l’autre côté, nous avons des assemblées évangéliques, qui sont perçues comme des “sectes” par de nombreuses autorités municipales et dont la jeunesse comme la précarité financière interdisent la possession ou la location de bâtiments en centre ville.
Ces deux institutions, le sex-shop et l’église évangélique, devaient bien un jour se rencontrer. Et cela se fait, actuellement, dans ces zones commerciales péri-urbaines, à proximité du Carrouf’, du centre commercial et derrière l’ancien Décathlon devenu un ToysRus :
Voici donc un petit article récent de Nice Matin :
Le pasteur qui proteste contre les petites culottes
« Quand on dit aux gens qui cherchent l’église que c’est en face du magasin de lingerie fine, c’est sûr que ce n’est pas ce qu’il y a de mieux…», explique timidement Anne, une fidèle de l’église protestante évangélique.
La communauté religieuse est en émoi depuis l’installation à l’Espace Antibes, il y a un mois, de la boutique « Sexy in the city ». « La boutique qui pimente vos nuits !!!! 200 m2 de charme et de volupté », vante le prospectus de la nouvelle enseigne qui vend de « la lingerie gourmande, des produits de massage, des sex toys, des livres et accessoires de séduction, des DVD » etc.
« Quand on sort de l’église après la prière, on a beau essayer de ne pas regarder, on ne voit que ça : des strings, des jarretelles…et à l’intérieur, je n’ose même pas imaginer… », s’insurge une croyante en désignant la vitrine rose et noire où on aperçoit des mannequins vêtus de bustiers de dentelle coquine. source
Lu récemment sur sexactu de Maïa Mazaurette, un billet intitulé “La chemise à trou”, sur une chemise de nuit trouée (à l’emplacement du sexe) utilisée pour des relations sexuelles avec contact minimal.
Je me souvenais avoir vu en photo ce genre de chemise de nuit, parfois appelée “chemise cagoule”. On en trouve une reproduction dans l’ouvrage de Hans-Peter Duerr, Nudité et Pudeur : le mythe du processus de civilisation, Paris, ed. de la MSH, 1998, qui est reproduit en partie sur google books (Nudité et pudeur).
Je ne sais pas de quelle collection est extraite cette photo, et cette chemise, très probablement de l’ancien Musée des Arts et Traditions Populaires (à vérifier).
L’on remarque, à l’emplacement de la fente, le mot d’ordre, brodé, “Dieu le veut”.
Comme dans le blog auquel sexactu fait référence, cette chemise a souvent été comprise comme une manifestation physique du carcan conservateur qui enserrait le corps (et la sexualité) des femmes. De l’existence de l’objet, et de discours parfois religieux, il en a été déduit que l’objet n’avait qu’un seul sens. Il est fort rare de pouvoir disposer de connaissances sur les pratiques effectives des personnes qui possédaient de telles chemises.
Par simple esprit de contradiction, et parce que d’autres sous-vêtements troués existent, voici une page de publicité parue dans le magazine éphémère et érotique, Flair, en 1969, et qui propose des culottes fendues. Comme le souligne la publicité, les illustrations sont extraites d’un livre intitulé Fétichisme et amour publié lui aussi vers 1968-1969.
Les objets accompagnent constamment les gestes de l’amour. Certains accompagnements sont constants (je pense au lit, ou aux coussins). D’autres sont plus rares, chemises à trou aussi bien que culottes à trou. Et ces objets sont rarement disponibles sans un discours d’accompagnement, qui précise ce en quoi consiste une “bonne” sexualité, qu’elle soit basée sur les commandements divins ou sur une injonction à la libéralisation ou à l’esthétisation du fantasme.
Il y a quelques jours, j’ai reçu par mail les questions d’un propriétaire d’un magasin de lingerie. Depuis quelques temps, il propose à la vente des sex-toys, suivant en cela divers commerces (de la gadgèterie au magasin de parfum en passant par des magasins de lingerie sexy).
Cette relative publicisation de jouets pour adultes ne se fait pas sans protestations (voir ici par exemple). Et le propriétaire du magasin venait de recevoir un document juridique inquiétant, dans lequel on apprend que la directrice du centre commercial dans lequel il est installé et la directrice régionale du groupe… avaient constaté la vente de “produits” qu’elles jugeaient “non autorisés au titre du bail mais au surplus à caractère érotique, voire pornographique”.
Je reproduis ci-dessous, anonymisés, une partie de ces documents (et je suis à la recherche d’autres affaires du même genre) :
Les “directrices” soulignent en fin de document — par le truchement de leur avocat — que certains produits sont “contraires aux bonnes moeurs”. Chose qui me semble étrange, étant donné l’épuisement du concept juridique de “bonnes moeurs” (est-il encore en usage ? peut-être dans du droit commercial ou privé ?). Elles soulignent aussi que le magasin de lingerie vend des articles érotiques… [en passant, si l’on prend, au hasard, l’une des culottes proposées par la marque Aubade, la petite tricheuse (ici aussi) alors l’érotisme est déjà dans la lingerie… voire l’un des buts des magasins de lingerie].
Parenthèse : Nous avons peut-être là un exemple de “privatisation” de l’action de censure qu’Emmanuel Pierrat décrit… mais pour que cela soit vécu comme une censure, il faut sûrement des groupes opposés (dénonçant telle action comme censure). Or, pour l’instant, le groupe des vendeurs de sex-toys est très très peu solidifié. Ni syndicat, ni association de défense…Fin de parenthèse
La question est de savoir, il me semble, si des sex-toys (je pense que les directrices visent ces objets) sont proches de la lingerie. La place de ces objets, il y a quelques années, était entièrement dans les sex-shops, et dans les catalogues de vente par correspondance. Ils ont été sortis de ces endroits, depuis, par une poignée d’entrepreneurs. Mais peuvent-ils être assimilés à la lingerie ?
L’un des éléments objectifs dont je dispose, c’est le site internet du “Salon interprofessionnel de la lingerie” de Paris. Dans son dossier de presse de 2008, le salon de la lingerie de Paris assimile les “sex-toys” à des objets “transversaux” (en français), “complémentaires” (en anglais) :
dossier de presse français : Cet espace qui avait déjà remporté un franc succès en 2007, s’agrandi [sic] et regroupe tout type d’objet transversal à l’univers de la lingerie, allant des cosmétiques, aux accessoires tels que les sex-toys, dossier de presse anglais :
this space has been expanded and brings together all types of complementary products that work in harmony with the lingerie industry, from cosmetics and accessories, such as sex-toys
Il ne s’agit pas ici, sur un dossier de presse, de rejouer la controverse sur l’interprétation de la résolution 242. L’on admettra que complémentaire s’associe ici à transversal. Parmi les exposants, l’on trouve “lovely planet” (et d’autres comme “fun factory”), mais aussi une compagnie allemande fabricant des vibromasseurs à l’efficacité germanique (Sinfive) :
Que faire de la présence de vendeurs de sex-toys, et de fabricants, dans le salon interprofessionnel de la lingerie ? Et que faire de la publicisation de leur présence dans des dossiers de presse ? Il me semble que, pour une partie de la “profession lingerie”, ces gadgets forment une extension du domaine de la culotte, et que ces mêmes “professionnels” considèrent que les gadgets pour adulte ont toute leur place dans les magasins de lingerie, même traditionnels.
Que faire, de mon côté, de la demande du propriétaire du magasin visé par le froncement de sourcil juridique des directrices du centre commercial ? Je lui ai répondu du mieux que je pouvais (et en droit, je ne suis pas compétent). De la même manière, il y a plusieurs mois, j’avais été invité à rencontrer l’avocat du propriétaire d’un magasin de sex-toys, ce que j’avais fait avec plaisir.
Ces pressions à la position d’expertise sont, je pense, à analyser… Elles sont faibles dans mon cas : je ne travaille ni sur l’école, ni sur l’immigration, ni sur les clochards. Elles sont peut-être d’autant plus simple à comprendre que le “blog” simplifie la prise de contact. Mais, pour l’instant, ma réflexion s’arrête là.
Ceci dit : je suis preneur d’informations sur des affaires similaires.
Les Sans Culottes est un groupe de rock “faux-French” basé à New York. Leur mode parodique est différent de Beatlellica, ce groupe qui chante les Beatles sur du Metallica. Il consiste à changer en “français” des tubes français, où à imaginer les variations possibles qu’un groupe américain pourrait infliger au rock français fortement gainsbourgeoisé des années 1960-1970. Par certains côté, ça ressemble à feu Elmer Food Beat, en beaucoup plus “méta”.
Parmi quelques exemples de lerurs chansons : Allô Allô (mp3) et surtout le très étrange SOS Elefants (mp3) dont les paroles, en français non grammatical, sont reproduites ci-dessous :
SOS elefants!
Il viennent de Menilmontant
du Parc des Buttes Chaumont
le garde a dormi trop longtemps
apres que le soleil levant
Ecoute ce bruit turbulent
en route et impatient
attention au seizieme arrondissement
sos elefants!
Ils aime Paris, ils aime France
et tous ses habitants
ils n’oublient pas tres souvent
ils faisent un reglement de comptes