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L’Autolib’, révélatrice de la sociologie postmoderne

Vous parcourez peut-être ces lignes parce que vous venez de lire le billet publié dans Le Monde, à la une du cahier « Science & Médecine » du mercredi 11 mars 2015, et que vous avez voulu en savoir un peu plus ?

Une des revues dirigées par Michel Maffesoli, Sociétés (publiée par De Boeck) a publié sans le savoir un canular rédigé par deux sociologues, Arnaud Saint-Martin et Manuel Quinon, sous le titre « Automobilités postmodernes : quand l’Autolib’ fait sensation à Paris ». Article potache et sans queue ni tête, mais qui a été évalué comme un véritable article de sociologie par la revue en question.
Sur le Carnet Zilsel, ASM et MQ racontent le processus ayant mené à la rédaction de ce pastiche.
Pour aller plus loin :

  1. Petite liste des pastiches des prétentions scientifiques
  2. A few words in English on Crooked Timber
  3. Michel Maffesoli visé par un canular par Sylvestre Huet
  4. Chronique d’Yves Gingras sur Radio Canada(mp3)
  5. “Billet” de Guillaume Erner sur France Inter (mp4 audio)


20150309-autolibcassee

Mise à jour (suite de la revue de presse) :

  1. La revue Sociétés piégée par deux sociologues
  2. Édition scientifique : Maffesoli piégé par un faux article sur educpro
  3. Des universitaires trollent le magazine de sociologie “Sociétés” avec une étude complètement bidonnée sur les inrocks.com
  4. Interview des auteurs dans La Tête au carré sur France Inter
  5. De science certaine, par Yves Surel
  6. Un canular jette le trouble, dans le journal suisse Le Temps
  7. Le canular des automobilités par P. Dubois
  8. Les grilles de l’évaluation en sciences sociales sur le gril, par Genevieve Koubi
  9. L’Autolib: un canular sociologique (Agence Science Presse)
  10. Série d’articles sur le Polit’Bistro : 1-L’entre-soi éditorial des revues de sociologie et 2- Quelques mesures de la concentration éditoriale en sociologie et 3- Un “stress test” des revues de sociologie connectées par leurs auteurs
  11. L’imposture, c’est… par Pierre Mercklé
  12. So-kalled research… sur Retraction Watch
  13. Comment confondre les imposteurs: les vertus critiques du canular par Bernard Lahire
  14. La “science poubelle” révélée au grand jour sur le site de la Libre Belgique
  15. Blog Rédaction Médicale : “devant cette double erreur, c’est peut-être la revue entière qui devrait être rétractée”
  16. Canular intellectuel: deux chercheurs piègent une revue de sociologie, sur Philosophie Magazine
  17. Interview de Michel Maffesoli dans Le Monde (18/03/2015)
  18. Le sociologue, le marteau et la fausse monnaie, par Michel Dubois sur le Carnet Zilsel (21/03/2015)
  19. Réinventer la sociologie, seul contre tous, article de Sarah Diffalah sur le NouvelObs (21/03/2015)
  20. Just kidding? The latest academic ‘hoax’ and its consequences for cultural studies, par Clémentine Beauvais
  21. Michel Maffesoli, « expert » sociologique de pacotille (27/3/2015), par Blaise Magnin sur acrimed
  22. L’hystérie…, interview de M.M. sur atlantico (29/3/2015)
  23. L’Affaire Maffesoli, interview de William Genyies sur atlantico (29/3/2015)
  24. Monsieur Maffesoli, la sociologie est bien une science ! par A. Saint-Martin et M. Quinon, sur Le Monde (1/4/2015)
  25. La meilleure blague de l’histoire de la sociologie, interview de ASM et MQ, sur vice.com (2/4/2015)
  26. Science poubelle : Un canular fait couler beaucoup d’encre, sur Radio Canada (3/4/2015)
  27. Quelques réflexions au sujet de la nouvelle affaire Maffesoli, sur anthropiques (1/4/2015)
  28. Un canular sociologique, et après?, par Arnaud Saint-Martin et Manuel Quinon, dans Le Monde (29/4/2015)

Sociologie de l’autolib

Les pastiches des prétentions scientifiques sont relativement nombreux. Et la publication d’un pastiche de maffesolisme m’incite à proposer une petite liste :

  1. Marcel Proust est l’auteur d’un multipastiche savoureux d’un texte de Sainte-Beuve critiquant un pastiche de Flaubert lui aussi écrit par Proust, dans Pastiches et mélanges [plus de 109 citations sur google scholar]
  2. Cantatrix sopranica L. : Experimental demonstration of the tomatotopic organization in the Soprano de George Perec (en pdf ici) — 36 citations sur google scholar
  3. Le rond et le sobre, parodie de Claude Levi-Strauss (dont avait parlé Histoires à lunettes)
  4. L’effet ‘yau de poèle de François George, sur le lacanisme. Je n’ai pas d’extrait à proposer, mais une émission de Bernard Pivot, où F. George était invité : A quoi servent les philosophes ? [29 citations sur google scholar]
  5. Body ritual among the nacirema de Horace Miner, qui se moque probablement des sociologues utilisant le langage des anthropologues culturalistes. J’en avais parlé un peu ici (chose amusante, cet article avait été publié, avec un clin d’oeil appuyé, dans The American Anthropologist) [plus de 450 citations sur google scholar]
  6. Transgressing the Boundaries: Towards a Transformative Hermeneutics of Quantum Gravity de Alan Sokal, qui pastiche ce qu’aurait pu écrire un physicien transi par Derrida et Latour. (Chose amusante, la revue Social Text n’y avait vu que du feu) [1116 citations sur google scholar].
  7. et il y aura, maintenant « Automobilités postmodernes : quand l’Autolib’ fait sensation à Paris », un article écrit en maffesoli, publié dans une revue dirigée par Maffesoli (Sociétés) :

    Manuel Quinon et Arnaud Saint-Martin expliquent comment et pourquoi ils ont mystifié la rédaction de la revue Sociétés, tribune éditoriale d’une certaine « sociologie postmoderne »

autolib-fail

Universités en ruine

Héloïse Duché, doctorante à l’université Paris 8, a été surprise de l’état de délabrement des bâtiments. Elle est à l’origine d’un tumblr Ruines d’Université qui présente des photos de divers bâtiments, de Paris à Toulouse, de Caen à Aix.
Quand il n’y a plus assez d’argent pour assurer le recrutement des enseignants-chercheurs, quand tout le personnel ouvrier non qualifié a été externalisé, quand il n’est plus possible d’entretenir des bâtiments construits il y a 50 ans, ou même 30 ans, et jamais rénovés… alors la ruine s’installe.
Les reportages, sur France 3, sur France 2, sur M6 sont édifiants : toilettes bouchées, fuites de canalisation, chauffage cassé, murs qui s’effritent.
On trouvera même dans des articles académiques d’historiens, ou des ouvrages de sociologues, des mentions des toilettes délabrées de Paris 8 :

jounin-toilettes
un exemple : l’introduction à Voyage de classes de Nicolas Jounin (ed. La Découverte, 2014)

Dans le monde concurrentiel de l’enseignement supérieur, il ne fait pas bon parler de cela : “cela va faire fuir les étudiants”, prétendent les chargées de communications, repris par les Présidences et quelques collègues. Alors les sites internet présentent de belles photos de comédiens souriants jouant aux étudiants, des cadrages artistiques qui éliminent la vision des risques sanitaires. Il faudra sans doute un décès du à la chute d’un mur pour qu’un “plan campus” soit mis en place.
J’ai documenté à plusieurs reprises mes conditions de travail à Paris 8. Jean-No*el Lafargue aussi : et récemment. Et une de mes photos a été fortement diffusée suite à sa reprise sur le tumblr Ruines d’Université :

toilettes

C’est une jolie photo : cadrage central, lumière zénithale, fort contraste. Elle montre un wc cassé, resté dans cet état pendant plusieurs semaines (j’ai des preuves photographiques). C’était à une époque où Paris 8 (25 000 étudiants), n’avait plus aucun plombier à plein temps : les temps sont durs pour les universités quand, année après année, le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche diminue.

Refuser le plagiat

Depuis quelques années, en France (mais pas seulement), le plagiat entre universitaires devient une question politique : comment empêcher ces plagiats, et comment lutter contre les plagiaires. Souvent, les universités sont lentes à réagir… et les plagié-e-s se retrouvent seul-e-s.
Et c’est pourtant bien un problème collectif : la pétition suivante, publiée sur le blog de Jean-Noël Darde, de l’Université Paris 8, vise à rendre visible le caractère collectif de ce problème :

«Refusons de fermer les yeux sur le plagiat dans la recherche
À quelques jours de la conclusion des Assises de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, les universitaires et les chercheurs soussignés estiment de leur devoir de rappeler que l’université doit pouvoir garantir la légitimité des diplômes qu’elle délivre. En particulier, elle doit veiller à ce que le plagiat dans les mémoires, les thèses et les publications scientifiques ne puisse discréditer la qualité des formations proposées et de la recherche française.»

La conclusion de la pétition/lettre ouverte est ici :

La sauvegarde de la liberté de la recherche et de la liberté académique dépend de la qualité des diplômes, des publications et des productions. Laisser ces dossiers en l’état ne pourrait qu’aggraver une situation qui tend à laisser penser que l’Université française, persistant dans l’ignorance de l’ampleur du phénomène du plagiat, a renoncé à défendre un niveau d’excellence indispensable pour tenir son rang aux niveaux européen et international.

Je suis réservé sur ce point : cette conclusion a certainement pour but d’alerter les autorités de tutelle (rectorats, ministères), en utilisant le langage de l’excellence. Mais le plagiat pose un autre problème : il ruine la collégialité de la recherche en conférant à des plagiaires le monopole de bénéfices matériels et symboliques qui auraient du revenir aux plagiés. Où est le mal, disent celles et ceux qui, “oubliant” de citer sans oublier de copier, deviennent docteurs, “publiant” ou universitaires ? Le mal est dans la rupture de la confiance collégiale sans laquelle il n’est plus possible de travailler.

Plagiat universitaire et obligation du guillemet

Il y a à Paris8 plusieurs affaires de plagiat impliquant des docteurs, des doctorants et leurs directeurs de thèse. L’un d’entre eux, débusqué par Jean-Noël Darde, a porté plainte pour diffamation [voir ici]. Mais, ironie des ironies, le texte rédigé par ce Professeur des universités ou son avocat ne respecte pas les conventions habituelles de citation… Conventions qui sont au principe des enquêtes de Darde…
Voici un extrait d’une lettre envoyée par JND aux instances de l’université :

L’ordonnance a été rendue aujourd’hui, ce 28 novembre 2011. Le Président du Tribunal de Grande Instance de Paris, après avoir constaté que:
« les propos litigieux ne sont, pour la plupart d’entre eux, ni datés de façon précise, ni mentionnés par des guillemets de sorte que le demandeur reproduit parfois en italique tant les propos tirés du blog litigieux que ses propres commentaires et que les références aux articles poursuivis sont imprécises en mêlant à ses propos, ceux du défendeur qui sont en l’espèces disséminés »,
a considéré par ordonnance rendue le 28 novembre 2011, qu’ « il n’ [était] pas possible au juge des référés de faire droit aux demandes formées par [Prénom Nom] au regard de l’assignation en date du 26 octobre 2011 qui sera déclarée nulle en application de l’article 53 de la loi du 29 juillet 1881 » sur la liberté de la presse.
L’ordonnance a en effet rappelé que ces formalités qui exigent que le demandeur précise clairement les propos qu’il entend poursuivre, « sont substantielles aux droits de la défense et leur inobservation entraîne la nullité de la citation elle-même ».

Comme quoi, il faut parfois rappeler aux universitaires les conventions élémentaires de la citation, ce que fait ici le juge. Si on en est là, eh ben, c’est pas gagné…

Elections au conseil national des universités (CNU). Pourquoi je me présente.

Si vous êtes membre du corps électoral du CNU, section 19, alors vous devez avoir reçu votre matériel de vote. Deux listes se présentent, et, pour les “rangs B”, je suis sur la liste suivante : Liste ouverte et de reconstruction, dont la tête de liste est Sylvain Laurens, de l’Université de Limoges.
Le ministère a préféré ne pas envoyer les professions de foi ou “exposé des motifs”. On peut les trouver, difficilement, sur le site “galaxie” ou sur le blog de la liste.
Sur “Galaxie”, vous trouverez les “fiches biographiques” des candidates et candidats.
Ici, je vais préciser les raisons de ma candidature personnelle.
Depuis plus de deux ans, la 19e section (sociologie et démographie) est en crise profonde, en partie parce que ses membres se sont autopromus : devant décider de l’avancement de carrière des collègues, ils ont, dans des proportions jamais vues, décidé d’avancer leur carrière. Les péripéties ont été décrites avec précisions sur le blog Agora, (voir aussi ici). Si tout avait fonctionné normalement, je serai sans doute resté à côté de ces élections. Mais j’ai souhaité participer à une liste soutenue à la fois par les associations de la sociologie française, AFS et ASES, et les syndicats (SNESUP et SGEN). L’exposé des motifs de cette liste revendique explicitement le refus des autopromotions.
Vous allez donc voter pour une liste, et pas pour un individu en particulier, et mon nom, de toute façon ne vous dit probablement rien. Mon nom, non, mais le “wiki audition”, si vous êtes sociologue universitaire, vous dit probablement quelque chose. Dans ma “fiche biographique”, à la rubrique “activités professionnelles”, j’indique ainsi : « Création, en 2007, du “wiki auditions“, suivi du processus de recrutement des maîtres de conférences en sociologie-démographie. » Si vous avez été recruté au cours des 5 dernières années, vous avez probablement perçu combien cet outil était utile : en donnant, à l’avance la date des auditions, en indiquant la composition des comités et la liste des personnes classées. Il y a encore quelques réticences à rendre ces informations publiques, et je pense que la section 19 du CNU peut avoir un rôle incitatif et soutenir le travail que fait désormais l’ASES et Matthieu Hély. J’essaierai en tout cas de convaincre mes collègues, si je suis élu.
Une chose à laquelle je m’engage, en tout cas, c’est de mettre à jour le site de la section 19 du CNU. Certaines pages, contenant des informations inexistantes, n’ont pas été mises à jour depuis 2008. Alors que cette instance va devenir, très rapidement, l’instance d’évaluation individuelle de l’ensemble des sociologues universitaires, il devient crucial de faire en sorte que l’on sache ce qui s’y passe.

Faire semblant de travailler…

On apprenait récemment sur le blog de Pierre Dubois qu’un livre dont l’auteur est Ali Aït Abdelmalek, professeur de sociologie à l’université Rennes2, était pour partie constitué de citations sans guillemet d’un autre auteur (Edgar Morin). Mon collègue de Rennes 2 semble avoir oublié que l’usage des guillemets est de rigueur dans la citation de textes dont on n’est pas l’auteur. Il a mis en place sa propre stratégie de citations, en usant de périphrases comme “Selon les mots d’Edgar Morin”.
Je me suis permis, sur le blog de Dubois, de faire un peu d’ironie. Mais le commentaire du directeur de la collection dans laquelle l’ouvrage a paru m’a fait sursauter. Voici ce qu’il écrit [notez l’utilisation, pour la citation, d’un style particulier de la syntaxe HTML, le “blockquote”] :

Concernant le rôle d’un directeur de collection, je ne le conçois pas comme devant vérifier ligne par ligne si les guillemets ont été ou non mis.

Je souhaite ici faire part de mon expérience personnelle. J’ai récemment soumis un manuscrit pour une “grande” collection d’une “grande” maison d’édition… et je pense avoir compris, une fois le manuscrit revenu, une des raisons pour lesquelles cette collection est si renommée. Non seulement mon manuscrit a été relu ligne à ligne, mais une partie des articles que je cite, eux aussi, ont été relus par la personne ayant fait la lecture du manuscrit. Vous ne me croyez pas ? Regardez plutôt ce qui est arrivé à mon manuscrit : j’ai scanné un morceau de page. J’y cite un article de Héran. Manque de pot (ou de sérieux de ma part), Héran (qui n’est pas le relecteur de mon manuscrit) dit aussi autre chose, à la même page que je cite… ce qu’a vu le relecteur, qui m’écrit : « Héran dit pourtant (avec raison) “C’est davantage l’affaire […]” (même page) ».

Le relecteur me demande même de corriger certains guillemets. J’avais, dans une citation, utilisé des guillemets “à la française” [«.»], et non pas des guillemets “à l’anglaise” [“.”]. Et c’est comme ça, page après page : la moindre incohérence (rhétorique, argumentative ou même graphique) a été traquée, pointée, entourée, griffonnée, référencée…
Et je sais par ailleurs que le relecteur est l’un des directeurs de la collection.
Revenons maintenant au cas de départ : quand le directeur de collection considère que sa tâche n’est pas de “relire ligne à ligne”… il encourage ses auteurs à ne pas vraiment écrire ce qu’ils écrivent. Et le livre ne sera pas lu (si tout le monde sait que la collection n’est pas vraiment dirigée et que ce qui s’y publie n’a pas fait l’objet d’une évaluation). Cela s’appelle faire semblant de travailler.

Aller au CNU ?

La section 19 du CNU examine les dossiers des docteurs demandant leur “qualification” aux fonctions de maître de conférences en sociologie et démographie (la “qualification” est cette chose nécessaire pour pouvoir ensuite candidater sur les postes ouverts au recrutement). Le CNU gère aussi une partie des avancements de carrière des enseignants-chercheurs, notamment leur passage en “classe exceptionnelle”.
Il y a deux ans maintenant, un scandale a secoué la 19e section : des membres de cette section s’étaient “auto-promus”, s’accordant réciproquement la “classe exceptionnelle”. Les deux tiers du CNU avaient ensuite démissionné, protestant contre cette pratique. Les restants (ceux qui s’étaient autopromus et leurs affiliés) avaient ensuite coopté certains collègues pour former une nouvelle section. Je passe sur les détails les plus affligeants, l’on en trouve des traces sur la liste de diffusion de l’ASES.
L’année prochaine, des élections auront lieu pour renouveler le CNU. Il ne s’agit pas seulement de faire sortir celles et ceux qui se sont compromis dans des pratiques déontologiquement douteuses, d’empêcher que ces personnes soient candidates, ni d’empêcher qu’elles soient élues si elles formaient une liste. Si je me portais candidat (ou si, au Ministère, “on” décidait de me nommer membre du CNU) — je réfléchis encore — ce ne serait pas (que) dans ce but (mais plutôt comme une manière de poursuivre, par d’autres moyens, ce que j’avais commencé avec le “wiki-auditions”).
La chose est assez grave : le CNU, depuis la dernière réforme universitaire, a reçu de nouveaux pouvoirs. Les sections vont notamment évaluer les dossiers individuels des collègues en poste, en plus de gérer l’avancement “exceptionnel” et la qualification des docteurs.
C’est en prévision de ces responsabilités accrues qu’un décret et un arrêté sur les indemnités des membres du CNU a été publié en juillet dernier.

Une édition “de classe exceptionnelle” !

Dans la Revue philosophique de la France et de l’étranger, 2009/2 (Tome 134), l’on peut lire, sous la plume de Dominique Merllié, une présentation d’une réédition d’un ouvrage de Durkheim. En voici de larges extraits (coupes non indiquées) :

En 2008, c’est le tour des Formes élémentaires de la vie religieuse d’être rééditées avec une introduction aux Éditions du CNRS. En réalité, en dépit de la date du copyright comme du sérieux académique qu’on attendrait de son éditeur, [ce] n’est pas une nouvelle édition, car elle reproduit celle qui était parue en 1991 dans la collection du « Livre de poche » : même introduction, même biographie-croupion d’une vingtaine de lignes (dont une erreur de date pour les Règles), même « bibliographie » (neuf titres de 1960 à 1990) et tous les défauts de cette édition déjà relevés. Y manque notamment la carte de l’Australie qui permet de situer les tribus citées. Quant à l’établissement du texte, s’il innove quelque peu, c’est en ajoutant encore, à celles de l’édition reproduite, son propre lot de coquilles nouvelles. C’est le cas, par exemple, de la transcription des formules grecques, toutes plus ou moins estropiées, parfois drôlement (comme lorsque le mot qui se lit « guénos » est transcrit « yévoç », p. 168), parfois d’une manière qui défie la restitution (e.g. p. 92, note). C’est le cas de notes qui ont sauté (e.g. p. 162), ont perdu une partie de leur texte (e.g. p. 215), ont été déplacées par rapport aux appels (e.g. p. 119). Parmi d’autres broutilles plus ou moins gênantes (dont l’irrégularité du traitement de ce qui était en italiques chez Durkheim), le plus remarquable est un passage devenu inintelligible, p. 269 : pour la cohérence textuelle, il faut comprendre que la note 27 inclut en fait, après son contenu, à la fois une vingtaine de lignes qui devraient être dans le texte et le texte de la note appelée à la fin de ce passage. Le même phénomène se reproduit p. 293, mais, comme il s’agit de deux notes très rapprochées, le lecteur souffre moins.

Il serait indélicat de dévoiler qui fut impliqué dans les deux éditions (au “Livre de poche” et aux éditions du CNRS). Mais un indice : cette personne voit ses œuvres complètes publiées par les mêmes éditions du CNRS, et il a été nommé, et renommé au conseil d’administration du CNRS…

Quelques liens

  • Sur Paperolettes, Shakr, le Syrien kurde sans nationalité.
  • Chez Camille Peugny, Les privilèges de la naissance
  • Maïa tape sur les vieux :

    J’ai expliqué que les vieux qui refusent de partir à la retraite gardent les postes de pouvoir dont ils n’ont plus besoin, que la transmission du savoir en entreprise se faisait des jeunes vers les vieux et pas l’inverse (en management autant qu’en informatique), que nous demander de nous sacrifier pour les vieux était injuste vu qu’avec leur dette publique et leur mépris de l’écologie, on allait déjà payer bien assez cher leurs erreurs.

  • Chez Takuherz, ce qui arrive une fois le point final placé en fin de thèse.
  • Chez Laspic : Bac plus 7 et zéro euros par mois
  • Quand j’écris en alexandrins, tout le monde s’en fiche.
  • La Revue française de Sociologie fait un bilan annuel : l’activité de la rédaction…. Le but : “rendre le travail d’évaluation des articles plus clair pour les lecteurs”.
  • Qui va acheter cela ? “Raymond Boudon A Life in Sociology” Edited by Mohamed Cherkaoui and Peter Hamilton £525.00. Ca fait 563€… et c’est en quatre volumes ! Certains doivent sincèrement croire que rémonboudon est un grand sociologue… Quitte à choisir, je préfère quand même de loin Bou’ à Maff’
  • Michel Maffesoli n’a obtenu aucun prix Nobel… normal, il n’était pas dans le jury… (pas de prix Goncourt non plus, il n’est pas au jury et le gouvernement ne peut l’y nommer)… Mais en revanche, il s’est donné une belle promotion sonnante et trébuchante (en tant que juge et partie il se trouve génial).
  • Toujours en parlant de faillite. La bibliographie d’un collègue — dont je tairai le nom par charité — m’a beaucoup fait rire :

    L’exploitation familiale agricole: entre permanence et evolution

    La confrérie des «goustiers de l’andouille»: entre marketing et célébration

    Entre l’Europe communautaire et l’exploitation familiale, le rôle des médiations

    Le territoire: entre l’Europe et l’Etat-nation

    Les formes de constructions identitaires modernes: entre territoire et profession

    Il ne manque que “entre tradition et modernité” pour faire la totale !