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Que faire ?

… ça dépend…

… et si on jouait ?
[Hommage “arty” au collimateur]

Tout doux, tout doux : encore du fétichisme

La liste des fétichismes est immense.

  • Certains peuvent faire froncer les sourcils : “ouille, ça doit faire mal”. D’autres semblent a piori plus amusants. Le fétichisme du “mohair” fait partie de la dernière catégorie.
    Mais qui peut donc apprécier autant “une partie de jambes en laine” (en dehors des soirs de grand froid) ? Les partisans et partisanes (assez peu nombreux, apparemment) se retrouvent sur une partie “adulte” de doctissimo pour échanger patrons et pelotes. Sans que l’on sache bien s’il faille crier “Fake”.
    La chose, de toute façon, avait été remarquée il y a quelques années, par Vice, par Brain Magazine et, quelque part, par Maïa Mazaurette, qui signalait ce lien Woolite. J’en parle pour garder ces liens en mémoire.
    Ailleurs (NSFW) sur Flickr.

D’autres fétichismes ?

  • La cartographie avec R, signalé par Quanti.
  • Les gens qui n’utilisent plus de savon
  • Luc Boltanski sur la Vie-des-idées, et une lecture américaine de Boltanski, sur orgtheory
  • Une allusion lettrée à Rabbi Jacob.
  • « Les formes d’un lapin ou d’un renne en chocolat avec un ruban rouge ne peuvent être enregistrées en tant que marques communautaires » PDF.
  • Prière de ne pas citer

    L’on peut trouver, dans les communications envoyées en avance d’un colloque ou d’une journée d’étude, parfois l’avertissement suivant : « Ne pas citer sans l’accord préalable de l’auteur » ou des variations sur le thème de la publication interdite, de la republication interdite, de la diffusion interdite, sans l’accord de l’auteur.
    Chose amusante, une floppée de ces textes à ne pas citer se trouvent diffusés tels quels : exemples google 1 et google 2.
    La richesse de la langue anglaise, qui différencie la “quotation” de la “citation“, est mal rendue en français dans le “ne pas citer”, qui voudrait interdire toute citation longue d’un extrait, mais aussi même toute référence au papier (alors même qu’il existe, sous la forme d’une littérature grise s.d.).
    Je ne me souviens pas avoir jamais demandé à un auteur si j’avais la permission de citer un de ces textes restreints. C’est un peu comme ces “licences” que l’on doit accepter pour avoir accès à tel ou tel logiciel (iTunes ou Word), et qu’on ne lit jamais totalement.
    Bref, plus j’y réfléchis, moins je comprends l’intérêt de l’usage. J’éviterai d’y avoir recours à l’avenir. Et ça fera peut-être augmenter mon indice-h.

    Mots valises

    Tous en liste (sic) !

    1. L’anthropopotame, je ne sais pas qui c’est. Mais son côté “tête de mule” m’amuse. À la lecture, car je ne suis pas certain que l’avoir comme collègue m’amuserait.
    2. Énermouvant, le dernier numéro du Tigre
    3. Radical de gauche ou gauche radicale ? Ah que le français est subtil. L’un désigne un vieux croûton tout mou, du moudujnou politique. L’autre la virilité révolutionnaire sûre d’elle.

      (Bien entendu, ceci a été photographié à Paris 8, la plus radicale de gauche des université de gauche radicale.)
    4. Maomao :
      Photo aussi prise à P8 il y a quelques jours. Le “Parti maoïste de France” (whatever…) fait sa pub en A3 jaune (étrange, l’usage du jaune) sur les murs de Paris 8. Il y a un mail et un blog qui permet de contacter le maoïste : drapeaurouge.over-blog.com… Pourquoi pas vlad.illich.lenin999@gmail.com se demande un collègue ?
    5. rémonboudon discute avec sa femme (il l’écrit page 6), et ça donne La sociologie comme science, où l’on apprend que « La sociologie scientifique doit ses succès au postulat de l’individualisme méthodologique. » On aura aussi appris qu’il est marié, donc. Ceci dit, je vais l’acheter, ce Repères. J’aime les autobiographies intellectuelles, celle de Michel Crozier m’avait bien fait rire, celle de Boudon est à 9 euros 50 seulement.

    a dégommé gloomy ?

    Depuis 2008, “Pandore” rédige Kalai Elpides, un blog consacré à son expérience de candidate aux postes de maîtres de conférences.
    Pandore a créé tout un vocabulaire. Un gloomy, par exemple :

    En numéro un, il y a Gloomy. Gloomy n’a qu’une publication dans une revue qui est d’ailleurs la publication de la seule conférence affichée dans son CV, Gloomy n’a même pas pris la peine de changer le titre. Gloomy n’a pas fait de postdoc, A priori, Gloomy n’a pas été auditionné ailleurs. Gloomy n’a pas postulé au CNRS, ni même peut-être dans une autre université. Gloomy n’a rien fait d’autre que d’être le doctorant du président de la commission de spécialiste. Godechot, Oh Godechot, ils ne savent pas ce qu’ils font, ils sont devenus fous! (source)

    Les commissions deviennent des “KKK” (KKK : Komissions Konsultatives Korruptibles : assemblée secrète de décideurs choisis pour offrir une configuration propice à entériner les décisions souterraines dites “de couloir”).
    Un style fleuri, forcément ironique, parsème ses billets de références jamais entièrement explicitées (références littéraires, musicales et professionnelles) :

    Un jour que j’étais au Ministère pour prostiputer, j’étais en avance (je suis toujours en avance, c’est pour ça que je ne pourrai jamais travailler au CNRS quand je serai grande. Demandez au troll, il vous dira que pour travailler au CNRS, il faut se lever à 16h pour aller à son rendez-vous de 14h30 pour finir le rapport de la semaine dernière!). Donc un jour que j’étais en avance pour une séance de prostiputage, je furetais dans les couloirs plein de quinquagénaires en costumes velours et piles de bouquins sous le bras. Comme je suis née sous le signe chinois de la fouine, mon sang badeaud n’a fait qu’un tour quand j’ai vu une porte entrouverte. Elle était petite comme dans les histoires d’Alice à Wonderland, il fallait escalader une grande marche… mais une fois dedans, j’ai découvert que je me trouvais DANS la Galaxie! (source)

    C’est l’ensemble de ces choses, avec l’anonymat (ce pourrait être une collègue proche), qui a fait le succès de ses textes.
    Enfin, après trois sessions de candidatures, “Pandore” a été recrutée.

    Aaaargh ! Helvetica !

    À la station Ménilmontant, l’autre jour, un panneau de signalisation, au lieu de contenir l’habituel Parisine, était rédigé dans un sans-serif familier.

    Le fabricant du panneau, au moins, n’a pas utilisé Arial. Ni, ouf !, Comic Sans. On trouve, ailleurs sur internet, un autre match Parisine vs. Helvetica.
    Si vous voulez savoir comment cette erreur a pu arriver et combien de points cette erreur va coûter au directeur de la station, vous pouvez lire la Petite sociologie de la signalétique de J. Denis et D. Pontille.

    Réseaux musicaux

    A quoi est dû le succès ? Aux qualités intrinsèques de l’oeuvre ? D’autres caractéristiques ne joueraient-elles pas ?
    Cette question ne trouvera pas facilement de réponse : avant tout parce que mes collègues sociologues rechignent à étudier de trop près les goûts populaires. Combien de thèses sur des acteurs comme Bernard Ménez (par comparaison avec Jean Vilar) ? Sur des chanteuses comme Catherine Lara ? Et combien sur le théâtre de boulevard ? Combien de thèses sur la variété populaire utilisant les mêmes outils que ceux que Bourdieu utilisait dans Homo Academicus ? Il y a de bons articles sur la bande-dessinée (Boltanski). Sur le Rap, le Jazz, et d’autres styles aptes à l’élévation distinctive… Mais je n’en connais pas sur la variété, sur les artistes invités par Drucker à la grande époque de Champs Elysées [car il y eu une grande époque…]
    C’est probablement parce que la hiérarchie sociale dicte en partie les intérêts sociologiques (on me souffle qu’une thèse est en préparation qui s’intéresse aux carrières de Bourdieu, Derrida et Foucault…) C’est aussi que la popularité de la variété ne se prête pas facilement à l’objectivation. Il n’y a pas d’académie (ni de chanteurs de variété à l’Académie française, à part Giscard). Pas d’intellectuels organiques (sauf Drucker ?). Pas même d’association des artistes de variété (la SACEM a un autre but, je crois). Il est en fait difficile de mesurer la popularité, quoi qu’on en dise. Qui croit sérieusement que les chiffres de vente annoncés reflêtent les ventes réelles ? Et qui a la base de données exhaustive de ces ventes ?

    Prenons donc un chemin de traverse.
    Le concours de l’Eurovision nous donne accès — via wikipedia — à une base de données. En cherchant un peu, il serait possible de comparer le succès que remporte un “groupe” par rapport à une personne toutes choses égales par ailleurs, de repérer l’effet de la langue ou du sexe, ou encore de l’ancienneté du pays dans le concours.
    L’intérêt des données de l’Eurovision, écrivait perfidement Kieran Healy il y a quelques années, c’est l’absence de qualité intrinsèque de toutes les chansons : la popularité n’est donc ici pas “polluée” par la qualité. Il n’y a que de la merde, plus ou moins populaire. [Je mets ABBA de côté, ils jouaient dans une autre ligue.]
    Je vais m’intéresser ici à la composition des votes lors de la dernière épreuve, samedi dernier, parce que je ne peux pas tout faire, non plus. Que voit-on ?
    Une toile d’araignée, certes, mais que l’algorithme Kamada-Kawai construit d’une certaine manière. Les votes, en fait, rapprochent certains pays et éloignent d’autres pays. La RFA (ou Allemagne, mais j’en suis resté à la Grande Epoque du Mur) est au centre : sa chanteuse a remporté le concours. Les perdants sont sur la frange extérieure : ils n’ont reçu aucun vote, ou presque.

    On peut essayer de mettre un peu de sens dans ce graphique. J’ai donc simplifié le précédent, en ne représentant que les votes de “twelve points” et “ten points” (mais les autres votes sont pris en compte dans la construction du réseau). Les rapprochements semblent avoir une base géopolitique :


    Les patatoïdes permettent de se rendre compte que l’Eurovision n’est que la continuation de la diplomatie par d’autres moyens [si je pouvais placer une référence aux deux corps du Roi je le ferai ici]. Le bloc russe [je suis gaulliste sur ce point là, l’URSS n’étant que le corps mortel de l’immortelle corps russe], bien que scindé, plissé et morcelé, a des pratiques de votes similaires. Le monde balkanique se recompose dans la variété. L’Europe des démocraties libérales est unitaire (ce qui montre bien, s’il le fallait encore, que ce que raconte Esping-Andersen est un peu fumeux).

    Je ne fais ici que reprendre l’analyse proposée il y a déjà six ans par Kieran Healy, qui, malheureusement, avait écrasé ses données en voulant constituer une base de grande ampleur (1975-1999). En effet, des périodes plus courtes sont nécessaires pour saisir les conséquences de l’éclatement de l’URSS (en créant plein de petits pays avec droit de vote).

    Précisions : Vous venez de lire un billet ironique. Mais rien n’empêche d’étudier statistiquement l’Eurovision, ses principes de votes, les conditions du succès… Il devrait être possible, à mon avis, d’élaborer ainsi une stratégie gagnante pour la France, qui, souvenez-vous n’a gagné qu’une seule fois. Non les carottes, ne sont pas cuites. Rendez-nous vite, Marie Myriam!

    L’art de ne pas être gouverné

    [Petit hommage à moitié ironique à James C. Scott via Daniel Little]
     
    L’amphithéâtre est un espace social politique. Il suffit d’en avoir fréquenté pour savoir que les people of the hills, ceux qui s’assoient tout en haut, sont rétifs à l’étatisation représentée par le professeur. Le discours enseignant classique leur a donné une nature propre, presque une ethnicité : ils seraient les étudiants potentiels non civilisés, ils représenteraient in vivo une condition pré-étudiante ancestrale. Leur destin serait de descendre, petit à petit, de la “zomia” (cette zone haute peu accessible au pouvoir étatique en raison de la “friction” du terrain) pour se rapprocher du centre étatisé.
    Mais une autre tradition de recherche comprend ces rebelles comme ayant été générés par l’étatisation : on peut comprendre toute leur organisation sociale comme une réponse rationnelle à la pression étatique. Egalitarisme des relations sociales, agriculture non sédentaire…

    La rebellion estudiantine ne s’objective pas dans des raids esclavagistes, mais dans l’absentéisme ou diverses formes de grèves du zèle. Un indicateur archéologique existe cependant — archéologique au sens où il persiste dans le temps : le graffi-table (graffiti sur table).

    Proposons un plan d’un petit amphi universitaire (à peine six rangées). Il est probable que l’on puisse observer ceci, où l’intensité des graffitis à un endroit donné (i) est fonction du carré de la distance au professeur (d) :

    i=ƒ(d²)

    et — de manière plus qualitative — où, à des rangées particulières, sont associés des types de graffitis particuliers.
    Un espace sans graffitable a été repéré dans plusieurs amphithéâtres. Les versions professorales y voient une objectivation de l’espace du charisme personnel — ou du charisme d’institution — reconnu au professeur. D’autres y voient l’espace dit des postillons, une zone trop proche de l’État pour que des étudiants s’y installent.

     


     
    En bon empiriste positiviste, il me fallait vérifier cela. Ce fut fait lors d’une surveillance d’examen.

    Pour en savoir plus : Une longue tradition d’enquête sur graffitis existe, dont je ne donnerai que quelques exemples : 1, 2, 3

    Liste de choses

    Il faut suivre, de près, le travail d’Eli, son ethnographie de Paris 8 et ses colloques décommunisés. Il faut aussi le suivre dans sa tentative de donner un sens à la production de thèses en sociologie.
    Faut-il savoir où se fabriquent les dernières poupées gonflables françaises (ça c’est de l’identité nationale, non ?)
    Il faudrait toujours se méfier des moines qui sentent le fromage, non ?
    Il faudra probablement acheter, ou photocopier, mon manuel si l’on veut suivre mon cours “Genèse des sciences sociales 2” à Paris 8. Mais est-ce éthique ? Le manuel correspond en partie à l’esprit du cours (disons, aux deux tiers), et j’ai bien envie de mettre à l’épreuve ce texte, afin de voir si, dans l’éventualité d’une deuxième édition, des parties doivent être réécrites, ou écrites entièrement. Mais demander à un public captif d’acheter le manuel, c’est un peu “limite”, non ?
    [Autre question “éthique” ou plutôt de pratique, concernant les droits d’auteur : pour celles et ceux qui en ont déjà reçu, les utilisez-vous comme identiques au “traitement” ou comme “fonds de recherche” ?]

    Ligne 13…

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