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Deux passions françaises, les prénoms et le bac

Le dernier billet, sur les prénoms surreprésentés par série du bac, a été fortement diffusé. J’aimerai, pour m’en souvenir plus tard, faire ici un petit compte-rendu [sur ce modèle].
Tout d’abord, une objectivation temporelle :
stats-visites-7days
Le billet est publié le samedi 30 mars en fin de journée, au milieu du long week-end de Pâques. L’idée m’est venue en revisitant, dans le cadre d’un autre projet, les données recueillies en 2012. Le petit calcul donnant des résultats bien distinctifs, je me suis dit qu’il serait intéressant de faire une petite expérience : un billet court, avec un tableau sous forme d’image (l’image indiquant et le titre du tableau, et l’URL source). Publier, puis regarder l’éventuelle reprise [puisque le billet sur les mentions et les prénoms avait suscité l’intérêt journalistique, est-ce que celui-ci serait aussi repris ?].
Les reprises commencent plus ou moins rapidement sur twitter. Quelques comptes disposant de plusieurs milliers de “followers” (d’abonnés) indiquent ce billet. [Il est plus difficile de suivre les “partages” sur facebook.] J’ai recueillis les “twittes” similaires, qui montrent une espèce de surprise paradoxale :
adjectifs-en-ant
Mais comme le premier graphique permet de le constater, il n’y a pas, ni le 30, ni le lendemain, d’explosion du volume des visites. Il faut dire que beaucoup de monde semble en vacances. Aucun “blog” ne rediffuse le tableau : un signe, peut-être, que les blogs ne servent plus vraiment à rediffuser/partager (fonction conférée à twitter et facebook).

L’explosion des visites arrive suite à deux articles mis en ligne dans l’après-midi du 1er avril (lundi de Pâques) :
http://www.rue89.com/2013/04/01/bac-dis-prenom-dirai-section-241059 (1er avril 2013)

http://www.slate.fr/lien/70147/chaque-bac-son-prenom (1er avril 2013)
En fin de journée du 1er avril, un journaliste d’Europe1 me contacte (je ne sais pas si l’interview a été diffusée).

Le lendemain, mardi 2 avril, les articles se multiplient (la “Revue de Presse” de France Inter mentionne le matin même l’article de rue89). Voici ce que j’ai réussi à retrouver…

  1. http://www.20min.ch/ro/life/lifestyle/story/Le-bon-prenom-pour-un-futur-genie-27843746 (02 avril 2013 09:25)
  2. http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/france/prenoms-bac-augustin-en-s-ahmed-en-stg-allison-en-st2s-02-04-2013-2056310.php (2 avril 2013 à 09h48)
  3. http://www.lessentiel.lu/fr/lifestyle/tendances/story/Votre-reussite-dependrait-de-votre-prenom-11739441 (02 avril 2013 11:36)
  4. http://lci.tf1.fr/france/societe/alienor-en-l-augustin-en-s-et-ahmed-en-stg-a-chaque-bac-son-prenom-7911216.html (02 avril 2013 à 11h32)
  5. http://www.ladepeche.fr/article/2013/04/02/1596725-baccalaureat-dis-moi-ton-prenom-je-te-dirai-ta-section.html (Publié le 02/04/2013 à 14:19)
  6. http://www.blog-emploi.com/index.php/post/Les-prenoms-des-bacheliers-en-disent-long (02 avril 2013 · 14:33)
  7. http://www.cafepedagogique.net/
  8. http://www.terrafemina.com/vie-privee/famille/articles/24293-bac-2013-des-resultats-et-des-mentions-en-fonction-des-prenoms-.html
  9. http://www.mediaetudiant.fr/vie-etudiante/augustin-bacs-ahmed-bacstg-14316.php
  10. http://etudiant.lefigaro.fr/le-labeducation/actualite/detail/article/bac-alienor-en-l-henri-en-s-et-youssef-en-stg-1584/ (02/04/2013 à 16:03)
  11. http://www.lepoint.fr/societe/le-prenom-fait-il-le-bachelier-03-04-2013-1649593_23.php (Publié le 03/04/2013)
  12. http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20130403.OBS6482/dis-moi-ton-prenom-je-te-dirais-quel-est-ton-bac.html (03-04-2013)
  13. Emission de Radio Notre Dame : mp3 (le 3 avril 2013)
  14. http://www.ladepeche.fr/article/2013/04/03/1597452-baccalaureat-a-chaque-filiere-ses-prenoms.html (03/04/2013)
  15. http://www.mediaetudiant.fr/vie-etudiante/augustin-bacs-ahmed-bacstg-14316.php
  16. Un article dans l’édition papier du Parisien : http://www.leparisien.fr/espace-premium/air-du-temps/a-chaque-bac-ses-prenoms-stars-04-04-2013-2695219.php (4/4/2013)
    leparisien-20130404
    … qui fait l’objet d’une mention dans la revue de presse de “Télématin”, dans émission de France Culture, et qui suscite une demande d’interview d’un journaliste de RTL.

Les reprises du billet se terminent par deux critiques sur “magicmaman” et “serialmother”

  1. http://www.magicmaman.com/,l-actu-bulle-un-prenom-un-bac-une-etude-absurde,2006337,2318853.asp
  2. http://serialmother.infobebes.com/baccalaureat-donne-moi-ton-prenom-et-je-te-dirai-quel-bac-passer/ (5 avril 2013)

Je préfère, de loin, que les journalistes me contactent. Cela me permet d’expliciter ce qui était resté à l’état d’implicite dans mes calculs.

Deux enseignements

Je tire de tous ces articles deux enseignements.

  1. Alors que je pensais avoir illustré les différences sociales entre séries du bac : surreprésentation des classes populaires dans les sections technologiques, surreprésentation de la bourgeoisie (bourgeoisie salariée) dans les sections générales… mon billet a été reçu sous une forme beaucoup plus individualiste : “dis-moi ton prénom et je te dirai ta série”.
    Hélas… ce n’était pas du tout ce qu’illustraient mes données. Prenons un exemple imagé :
    Imaginons que les points rouges soient les “Aliénor”. Elles sont plus nombreuses (24) à se trouver dans le groupe de droite. Mais en proportion, elles sont plus fréquentes dans le groupe de gauche (bien qu’étant moins nombreuses).
    proportions
    Le prénom Aliénor (ou les points rouges) est surreprésenté dans le groupe de gauche (15/160) mais il est plus nombreux dans le groupe de droite (24). Aliénor a plus de chance (ou de risque) de se trouver dans le groupe de droite, mais Aliénor est plus “caractéristique” du groupe de gauche.
    Donc alors que je pensais illustrer l’idée que le prénom était un bon indicateur… un “indice faible” individuellement, mais qui peut s’ajouter à d’autres indices faibles pour former une image solide… mes lecteurs ont souvent cru que j’illustrais les destins des individus.
  2. La notion de surreprésentation relative à une moyenne n’est sans doute pas évidente, et de nombreux lecteurs y ont vu une liste des prénoms les plus fréquents. Or la liste des prénoms les plus fréquents ne ressemble pas à la liste des prénoms surreprésentés, car les prénoms les plus fréquents sont fréquents un peu partout. La voici, cette liste :
    bac-frequence-series2012
    A part “Kevin”, premier prénom dans plusieurs séries technologiques et absent du “top 20” des séries générales, l’on ne trouve que peu de prénoms distinctifs. Les “Camille” (prénom très fréquemment donné au début des années 1990) sont partout : il y a des Camille filles de cadre, des Camilles filles d’ouvriers (ou fils de, fils de)…
    Deux listes différentes, donc, mais qui portent sur les mêmes données. Faisons une analogie photographique. La liste des prénoms les plus fréquents, c’est la photo de gauche, au contraste atténué, dans un brouillard (le brouillard, ce serait ici toutes les Camille, tous les Thomas). La liste des prénoms surreprésentés, c’est la photo de droite, au contraste renforcé : on y repère des “petits” prénoms (les arbres du fond de la photo, invisibles sur la photo de gauche).
    torremountain-fog

Notes : Le titre a été trouvé par @SH_lelabo.

La phénoménologie queere de la plongée sous-marine

Entre deux demandes des héritiers de Mobutu, qui ont placé des millions dans une banque du Nigéria, je reçois des mails variés :

  1. Reçu par mail. À lire à voix haute sans reprendre son souffle (et en passant de l’accentuation française à l’accentuation anglaise sans rupture de rythme). C’est ça, l’excellence.
    «L’Institut de recherche sur l’entreprise et la croissance (CERIS CNR) et l’Institut Francilien Recherche Innovation Société (IFRIS), au nom du Forum européen pour les études des politiques de recherche et d’Innovation (EU-SPRI Forum), et en collaboration avec l’association European Network of Indicators Designers (ENID), organisent à Rome, du 10 au 14 juin 2013, l’école d’été de l’association EU-SPRI Forum sur le thème Patterns of Transnational research in Europe and Beyond: Policies, Actors and Indicators.»
  2. Reçu par mailing-liste, aussi. Une annonce pour un numéro spécial queer studies d’une revue académique, le European Journal of Ecopsychology. On y trouve, notamment, un article dont le titre est “From queer spaces to queerer ecologies: Recasting Gregory Bateson’s Steps to an ecology of mind to further mobilise & anticipate historically marginal stakeholders in environmental planning for community development“.
    En conclusion d’un échange sur cette “mailing-liste”, une abonnée, heureuse de pouvoir acheter cette revue, écrit : ” Ive ordered it, thanks Jamie! Im doing research on the queer phenonmenology of scuba diving”. Je ne sais pas si c’est à considérer comme une blague, mais je pense quand même que oui… du moins j’espère.
  3. La réflexivité est une qualité importante en sciences sociales, où la connaissance est souvent “située”. Mais parfois, l’autodéfinition peut devenir amusante. Ainsi cette personne, qui envoie un mail sur une mailing-liste, et qui commence par se définir comme “cis-homme blanc non-putophobe” (je ne traduirai pas). Visiblement, il répond à la question “D’où tu parles ?” en disant : “De ma place, qui est à l’intersection de tellement de catégories problématiques…”.
    Par ailleurs, il y a ça sur la question cisgenre [PDF, HAL-SHS]
  4. Je reçois aussi ça, par mail :
    Bonjour je suis etudian a l’université. je voudrai pouvoir m’inscrir au cour de **h a ** le ***.Parce que mes horaire de travaill ne me permet pas de m’inscrir au autre créneaux a moi

Comme quoi, s’il n’y avait pas le mail, il aurait fallu l’inventer. On aurait même pu lui donner un autre nom, comme courriel.

Refuser le plagiat

Depuis quelques années, en France (mais pas seulement), le plagiat entre universitaires devient une question politique : comment empêcher ces plagiats, et comment lutter contre les plagiaires. Souvent, les universités sont lentes à réagir… et les plagié-e-s se retrouvent seul-e-s.
Et c’est pourtant bien un problème collectif : la pétition suivante, publiée sur le blog de Jean-Noël Darde, de l’Université Paris 8, vise à rendre visible le caractère collectif de ce problème :

«Refusons de fermer les yeux sur le plagiat dans la recherche
À quelques jours de la conclusion des Assises de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, les universitaires et les chercheurs soussignés estiment de leur devoir de rappeler que l’université doit pouvoir garantir la légitimité des diplômes qu’elle délivre. En particulier, elle doit veiller à ce que le plagiat dans les mémoires, les thèses et les publications scientifiques ne puisse discréditer la qualité des formations proposées et de la recherche française.»

La conclusion de la pétition/lettre ouverte est ici :

La sauvegarde de la liberté de la recherche et de la liberté académique dépend de la qualité des diplômes, des publications et des productions. Laisser ces dossiers en l’état ne pourrait qu’aggraver une situation qui tend à laisser penser que l’Université française, persistant dans l’ignorance de l’ampleur du phénomène du plagiat, a renoncé à défendre un niveau d’excellence indispensable pour tenir son rang aux niveaux européen et international.

Je suis réservé sur ce point : cette conclusion a certainement pour but d’alerter les autorités de tutelle (rectorats, ministères), en utilisant le langage de l’excellence. Mais le plagiat pose un autre problème : il ruine la collégialité de la recherche en conférant à des plagiaires le monopole de bénéfices matériels et symboliques qui auraient du revenir aux plagiés. Où est le mal, disent celles et ceux qui, “oubliant” de citer sans oublier de copier, deviennent docteurs, “publiant” ou universitaires ? Le mal est dans la rupture de la confiance collégiale sans laquelle il n’est plus possible de travailler.

Fantômette endeuillée

Le décès du créateur de Fantômette, Georges Chaulet, a été annoncé aujourd’hui.
Fantômette était une héroïne complexe : ligotée, et sexuée.
Mise à jour : Quelques réactions : Fantômette c’était moi, sur Slate par C. Pudlowski, le journal d’un lecteur, Tribute to Fantomette par C. Bousquet, un challenge fantômette (whatever that means…), ici, un souvenir féministe par C. Beauvais, et un article synthétique sur l’oeuvre de Chaulet (qui ne se limite pas à Fantômette). D’autres réactions CaptainBooks, scrapo,

En liste

Quelques textes à lire :

  1. Pierre Mercklé et l’Hadopi : « Il y a quelques jours, j’ai été sollicité par l’équipe « Economie et Statistiques » d’un grand cabinet d’études[1], qui est commanditée par la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (HADOPI) pour réaliser une étude sur « l’évolution des pratiques de partage et le panier moyen de consommation de biens culturels de l’ère pré-numérique à nos jours »…»
  2. Le Christ dans la banlieue, par Frédéric Dejean. A lire avec l’article tout récent de Damien Mottier Le prophète, les femmes, le diable. Ethnographie de l’échec d’une Église pentecôtiste africaine en France (publié dans Sociologie — note : je suis au comité de rédaction de cette revue)
  3. Synthétiser l’évolution démographique de 36 000 communes, par Joël Gombin
  4. Tout serait endogène, sur orgtheory
  5. Réseau d’amitié et statut social (au lycée)
  6. Sociologie des Enquêtes client-mystère
  7. Le sociologue Jean-François Laé met à profit un séjour à Montréal en réalisant un petit documentaire De la casserole à la prise de parole
  8. La Revue française de sociologie publiera désormais en français et en anglais
  9. La section de “criminologie” du CNU est supprimée
  10. Les Indonésiens d’origine chinoise de Java ont des noms typiquement “sino-indonésiens”, par Benjamin Bailey and Sunny Lie

Guide d’utilisation de la BnF (site François Mitterrand)

La Bibliothèque nationale de France (BnF) est un bel outil. Mais il faut savoir s’en servir pour le rentabiliser. Quelques conseils ici pour les utilisatrices du “Rez-de-jardin” (la partie réservés aux chercheurs).

  1. Préparer son casse-croûte à l’avance est possible, et préférable. La cafétéria est chère, et il est compliqué de sortir du château-fort pour aller manger. Si vous y prenez un café, demandez le “serré” (leur “espresso” est très léger).
  2. Pull ou pas pull : ça dépend des courants d’air.
  3. Les jours de pluie ou les jours humides, prenez des chaussures qui résistent aux glissades. En effet, pour entrer dans la bibliothèque, vous devrez passer par les “travelators cassés“, extrêmement glissants, si vous n’êtes pas déjà tombé sur l’esplanade. Pierre Jourde compare ces “travelators” à des coussins péteurs.
  4. Planifiez vos visites BnF à l’avance : il faut réserver ses places (pour éviter la lutte des places). En général, réserver les places une semaine à l’avance suffit. Mais pour faire cela, il faut une carte.
  5. Si vos recherches sont en science politique (salle N), sociologie (salle M) ou histoire (salle L), vous serez confrontés à un très gros problème. Une partie des places sont inutilisables, car frappées directement par le soleil l’après-midi. L’architecte (un certain Dominique Perrault), dit-on, refuse l’installation de rideaux ou de pare-soleil. Si vous êtes sur l’une des places maudites, vous serez directement au soleil, dans une serre. Votre ordinateur surchauffera (et surtout, à cause des reflets et de la lumière, vous ne distinguerez plus grand-chose sur l’écran).
    Ce problème est connu. Et les conservateurs — qui doivent faire face aux demandes de changement de place des personnes déshydratées — ont établit cette liste des places “fortement impactées par le soleil” :


    Cette liste vaut pour la salle M. Les numéros de place sont un peu différents en salle N et L.
    voir aussi ici

Comme l’écrivait récemment un utilisateur de la BnF :

“Qu’on enchaîne Dominique Perrault à l’une de ces places. Ca ne sera encore que le premier de ses supplices. Il devra aussi essayer de travailler sur les postes informatiques, aller aux toilettes en temps limité, utiliser les usuels dans deux disciplines non voisines, se nourrir au Café des temps avec des revenus de doctorant, trouver de la place sur les rayons pour les dépôts à venir, traverser l’esplanade par temps de pluie, replanter les arbres exotiques utilisés pour celle-ci, etc.
Et s’il s’en sort, il gagne un stage non rémunéré dans l’équipe qui a construit la Grande bibliothèque de Montréal.”

Et si vous suivez ces conseils, vous aurez entre les mains un bel outil.

Ailleurs : http://doyoubnf.over-blog.com/, et deux chroniques estivales (1) et (2)

Retour sur… une étrange expérience

Une chose étrange a eu lieu au cours des derniers jours. Un petit travail réalisé sur les prénoms et la mention “très bien” au bac — réalisé dans le cadre de mes “loisirs sérieux” autour de la sociologie des prénoms — a connu un important retentissement, sans commune mesure avec le temps de travail nécessaire pour produire le graphique. Parce que cela ne m’était pas arrivé en un peu plus de 8 ans de blog — et 17 ans de site internet — j’ai pris le temps de rédiger quelques notes.
Tout commence dimanche 8 juillet un peu avant 17h quand je publie le billet Prénoms et mentions au bac, édition 2012. La veille (samedi 7), @freakonometrics, sur twitter, avait mentionné l’étude que j’avais réalisée en 2011,

https://twitter.com/freakonometrics/status/221460137276219394

et cela avait été “retwitté” et commenté par plusieurs personnes [une vingtaine]. J’en préviens certains de la mise à jour, notamment @phwatrelot, journaliste, qui rediffuse l’information. @SH_lelabo (Xavier Molénat, de Sciences humaines, qui fait un travail de veille minutieuse) twitte “Au bac 2012, plus de 25% des Irene ont eu mention TB (contre 5 Mohamed sur 400)” (qui est retwitté plus d’une vingtaine de fois).

Trois heures après je reçois un mail d’une journaliste du Monde spécialisée dans les questions d’éducation, qui souhaite faire une interview. Ce sera le premier signe d’intérêt au delà de twitter [mais elle a peut-être eu connaissance de mon billet par twitter : @marylinebaumard “followe” en effet @phwatrelot]. L’interview se fait lundi matin (le 9, vers 9h30), par téléphone.

À peu près au moment de l’interview, face à quelques commentaires sur twitter,


je commence à préciser ceci : “attention, le prénom lui-même n’a aucune influence, il est le reflet indirect de l’origine sociale des parents”.

Vers 13h lundi 9 juillet je commence à comprendre que ce qui se passe est un peu différent de ce que j’ai pu connaître auparavant. Camille Peugny, avec qui je partage mon bureau, dit que j’ai souvent été mentionné sur facebook.
Le magazine “Slate” a déjà publié — en début de matinée ? — un article qui synthétise ce que j’ai fait en 2011 et 2012, sous le titre “La liste des prénoms pour avoir mention «Très Bien» au bac”. D’autres sites ont aussi fait de même.

@Duncan_rdvav écrit “La reprise importante du billet de @coulmont sur les prénoms est un test à grande échelle pour vérifier qui confond causalité et corrélation

À 14h53, le compte twitter de @humourdedroite (suivi par plus de 130 000 personnes) diffuse un lien vers mon site.

Au début de l’enchaînement des citations, les utilisateurs de twitter renvoient leurs lecteurs directement vers mon site. J’ai pu collecter une partie des citations, synthétisées ci-dessous :

La conséquence est visible sur l’image ci-dessous (qui représente le volume de trafic internet sur mon site) :

Ensuite, les utilisateurs de twitter ou de facebook citeront directement les articles parus sur d’autres sites internet (et mon site ne sera visité qu’en deuxième lieu, quand ces articles indiqueront par un lien l’URL coulmont.com). Il est beaucoup moins facile alors de suivre les tweets.

À 15h, une journaliste du Figaro.fr me téléphone. L’article sera mis en ligne à 19h. Deux étudiantes en journalisme (Marion D* et Dora C*) de l’Institut Pratique du Journalisme (Paris 9) me demandent une interview filmée pour l’un de leur cours [j’accepte, l’interview aura lieu le mardi 10 à 9h du matin]. En fin d’après-midi, le site amazon.fr indique que Sociologie des prénoms est en “rupture de stock” : la quinzaine d’exemplaires dont ils disposaient a été vendue.

Dans la nuit, la relation mention/prénom fait l’objet d’une chronique de la chaîne LCI :

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Le lendemain matin (mardi 10), le quotidien 20 minutes publie un article (qui se retrouvera dans de nombreuses éditions locales du quotidien). Je n’ai pas été contacté, et le titre malheureux est : “les prénoms qui favorisent les mentions au bac“.

Ce même mardi, de nombreux journalistes (une petite dizaine ?, je n’ai pas gardé trace de tous) me téléphonent, dont :
– Ca m’intéresse (pour un papier plus général)
– Radio Classique
– L’étudiant
– Le Point
– Huffington Post (mais ils me demandaient de rédiger un texte, je n’ai pas donné suite)
– RMC
– i>Télé (vers 17h30, impossible de donner suite)

Le déclencheur de tous ces appels semble être la publication dans Le Monde de l’article pour lequel j’avais été interviewé la veille (publié mardi en fin de matinée, daté du mercredi) et, en même temps, d’une dépêche de l’AFP (un peu après 12h).

Le soir, vers 19h30, le sujet est abordé dans le “Grand journal”, sur Canal+

[jwplayer config=”myplayer” file=”https://coulmont.com/blog/fichiers/2012/20120710-vortex.mp4″ html5_file=”https://coulmont.com/blog/fichiers/2012/20120710-vortex.mp4″ download_file=”https://coulmont.com/blog/fichiers/2012/20120710-vortex.mp4″]
Comme on le constatera sur la vidéo, le public semble sceptique (et @vincentglad a sans doute voulu dire trop de choses en 2 minutes).

Le lendemain matin, mercredi 11 juillet, Le Monde met en ligne l’article publié la veille dans la version papier. Ce sera un article très “partagé”. Plusieurs quotidiens publient des versions plus ou moins courtes de la dépêche de l’AFP.
Dans la matinée, je suis contacté par Europe 1 pour une interview, qui aura lieu à 18h30.

Les choses se calment à partir du jeudi 12 juillet, et cela se repère sur le volume des visites sur mon site :

[On repère le “pic” de la fin de la journée, le 10, correspondant à la chronique du “Grand journal”.]

Que retenir de cela ?

D’abord qu’il y eu de la variété dans la réception. Je ne citerai que ce tweet, qui m’a fait sourire :

Aïsha Bah ‏@_Shishaa :
@KarenNoirteCMoi je ne vois pas en plus sur quoi est basé son “étude sociologique” étant donné que les copies sont anonymes
source

… et je ne parlerai pas de la reprise du billet sur les nombreux sites fascisants, antisémites ou d’extrême-droite.

Ensuite :

Comment comprendre l’intérêt pour les proportions différentielles de mentions associées aux groupes-prénoms, cette année et pas l’année dernière (alors que j’avais fait la même chose l’année dernière) ? C’est peut-être la répétition, deux ans de suite, de la même étude, qui a aidé. Dès le 7 juillet (lendemain du jour de publication des résultats du bac), le tweet de @freakonometrics prépare le terrain (rétrospectivement). Le 8 juillet, une partie de ceux qui ont été intéressés par les résultats de 2011 vont diffuser mon billet “édition 2012”. La répétition fut d’ailleurs l’accroche de certains articles : “Depuis plusieurs années le sociologue…”.

Une catégorie encore peu légitime

Le caractère peu légitime de l’objet “prénom” m’apparaît plus pleinement après cette expérience.
Parce que je baigne dans les études d’histoire, d’économie, de sociologie… ayant pris pour objet les prénoms, je n’ai plus conscience de son caractère encore peu légitime, quand ils sont considérés comme des variables. Et pourtant, il faut que j’en reste conscient… Certains journaux et sites internet ont classé l’information dans la rubrique “insolite”. @vincentglad, sur Canal+, introduit sa chronique en parlant d’ “études à la con” — pour dire, de suite, que la mienne est très sérieuse, malgré l’objet “prénom”. Le caractère insolite a certainement été renforcé par les lectures causalisantes, du type “le prénom détermine le succès”, qui transforme le prénom en baguette magique; ou par des lectures probabilistes, qui parlent de “chances d’obtention” de la mention en fonction du prénom. Le rétrospectif (“cette année, il y a eu X% des N qui ont eu la mention TB”) est transformé en prospectif (“Les N ont X% de chance d’obtenir de la mention TB”).

Caractère peu légitime, suite : Ecrire, comme c’est fait régulièrement,

« les enfants de cadres affichent le meilleur taux de réussite à l’examen (95,2%). En revanche, du côté des enfants d’ouvriers, 78,2% des candidats seulement décrochent leur brevet. [source]»

ne pose plus aucun problème de réception : ces choses sont connues, et en France les catégories socio-professionnelles jouent un rôle central — mais pour combien de temps encore — dans les descriptions savantes et profanes du monde social.
Mais écrire « en 2012, les Jennifer et les Samir ont beaucoup moins souvent la mention très bien que les Augustin et les Hortense » semble plus poser problème. L’on sait, pourtant, que les migrants des pays du Maghreb, ainsi que leurs enfants, sont plus souvent ouvriers et employés que cadres. L’on sait aussi qu’ouvriers et employés ont des choix de prénom parfois distincts de ceux des professions intermédiaires et des cadres.
Mais utiliser Alison plutôt qu’un des items de la nomenclature INSEE produit un effet d’étrange familiarité : étrangeté, car l’usage des prénoms n’est pas un usage habituel dans les études statistiques, familiarité car “tout le monde” fait un usage classificatoire des prénoms. Cela d’autant plus que toutes les Alison ne sont pas filles d’ouvriers : les professions et catégories socioprofessionnelles sont donc éclatées et recomposées différemment.
Y a-t-il un sens à faire des filles qui s’appellent “Alison” un groupe ayant quelque chose d’autre en commun que de s’appeler “Alison” ?

De plus, ce que le graphique fait apparaître — plus que d’autres présentations des mêmes résultats — c’est une forme de proximité entre prénoms : Jordan, Melissa et Cindy sont côtes à côtes, de même que Sandy et Sofiane, ou encore Anne-Laure et Victoire, ou, plus loin, Aude et Constance. Ce qui a intéressé, ce n’est pas seulement le “score” de son prénom ou de celui de ses enfants, c’est l’entourage de ce prénom.

Politique de la conversation

Les réactions sur mon site : Je n’ai jamais considéré mon blog comme un espace de libre expression. Il n’y a rien de pire, sur les sites des journaux, que la plupart des commentaires. Et la reprise du billet sur des sites d’extrême droite a amené des commentateurs aux idées bien arrêtées sur la place des uns et des autres. D’autres commentateurs m’imputaient des idées qu’ils avaient lu ailleurs que sur le blog, et n’ont pas manqué de faire savoir que je n’avais rien compris à rien — oubliant en même temps de lire ce que j’avais écrit.
Plus de la moitié des commentaires n’ont donc pas été publiés. Il a parfois été difficile de censurer : les critiques qui m’étaient adressées étaient valables, mais n’avaient que peu de choses à voir avec le sujet du billet. J’ai le plus souvent expliqué par mail les raisons des non-publications… parfois pour m’apercevoir que des commentateurs, dans leur grand courage, avaient indiqué une adresse fictive en plus d’un pseudonyme.

Poursuite de la discussion :

  1. chez David Monniaux
  2. chez Cyrille Rossant
  3. chez Laurent Haug

Nom-Prénom : AJ-Famille juin 2012

La revue AJ Famille publiée par Dalloz est ce mois-ci consacrée au nom et au prénom. Le public principal de cette revue est composé des professionnels du droit de la famille, juges, avocats, juristes. C’est probablement pour cette raison que le nom n’est pas décrit ici comme marque commerciale (“Michelin”…).
Et de fait, le coeur de la revue est consacré au changement de nom ou de prénom. I. Corpart propose une synthèse de la jurisprudence, en soulignant que le changement de prénom est soit l’objet principal de la demande faite à un tribunal, soit l’objet accessoire d’une autre demande (accès à la nationalité française, changement de sexe, adoption). L. Briand, en analysant plus de 80 décisions récentes de cours d’appel, montre le lien souvent présent entre nationalité, migrations et changement de prénom : la volonté de modifier un prénom ridicule “ne se retrouve que dans peu d’affaires”. I Copé-Bessis et A. Karila-Danziger rendent compte de l’expérience d’une juge, d’une procureure et décrivent une demi-douzaine d’audiences, soulignant les habitudes de certains tribunaux.

Ci-gît scriptopolis, mais où ?

Scriptopolis a connu une sérieuse rupture d’anévrisme, ou un infarctus qui nécessite une double greffe.
Scriptopolis est un blog de sociologue créé il y a quelques années. Y écrivent Jérôme Denis et Philippe Artières (et David Pontille, le troisième mousquetaire, oublié injustement dans une première version du billet). L’un des intérêts de ce blog orienté autour de “petites enquêtes sur l’écrit et ses mondes” était de rendre accessible, de manière allusive, un regard académique sur l’écriture, l’archive, le scriptural, l’écrit, les griffures & biffures. De nombreux billets recelaient une oscillation parfois ironique, entre la permanence des marques physiques et leur caractère éphémère (visible dans la photographies accompagnant chaque billet exemple) : c’est peut-être ça, la rémanence.
Mais hier, ou il y a deux jours, @jrmdns, sur twitter, écrivait « scriptopolis est tout cassé. Il semblerait qu’on ait perdu nos archives, pensant naïvement que la sauvegarde du dossier www suffisait. »
L’archive électronique est bien fugace, et n’a aucune rémanence. Pour l’instant, scriptopolis vit encore — et en partie — dans le “cache” de google, mais pas dans archive.org . Il doit, je pense, y avoir aussi une copie partielle à la Bibliothèque nationale (qui indexe de nombreux sites et blogs français, mais qui ne permet pas la ré-exportation vers le site d’origine des textes aspirés).
Mais sera-t-il possible de reconstituer scriptopolis à partir de ces tombeaux fragmentaires ?
 
Et maintenant : ceci doit nous rappeler, surtout si nous fabriquons notre petit site artisanal, que, comme les disquettes qui se démagnétisaient, les disques durs qui tombent en panne, il faut penser, régulièrement, à copier, copier et recopier, faire des copies de sauvegardes etc… Il existe une manière payante et automatique, vaultpress, il existe surement des moyens “artisanaux” pour créer des copies régulières de l’ensemble d’un site.

David, Emile

Dans un numéro récent de la revue Durkheimian Studies (vol. 17, 2011) paraît un article de Matthieu Béra sur les prénoms d’Emile Durkheim.
Emile Durkheim naît en effet, en 1858, sous les prénoms de «David-Emile». Graphiquement, «David-Emile» et pas, comme c’est écrit aujourd’hui, “David, Emile” : les actes de naissance, au XIXe siècle, utilisent souvent le tiret pour séparer les prénoms. Tiret aujourd’hui remplacé par une virgule (le tiret servant maintenant à unir deux prénoms et non pas à les séparer) [conséquence, peut-être du passage à la machine à écrire ?]. À 150 ans de distance, donc, un signe typographique a changé de sens. Ce n’est pas la seule chose qui a changé.

[extrait d’une illustration, l’acte de naissance de Durkheim, dans l’article de Matthieu Béra]
 

Si aujourd’hui le premier prénom est très souvent le prénom d’usage, il n’était pas rare que, au XIXe siècle, ce soit le deuxième prénom qui serve de prénom d’usage. Les généalogistes écrivent même parfois que “Dans certaines régions au XIXème siècle et au début du XXème siècle il était fréquent d’utiliser le dernier des prénoms comme prénom usuel (…). Cet usage se faisait notamment en Alsace.” [Région d’origine des Durkheim]
Ainsi “David, Emile” utilise très probablement en famille et à l’école (normale supérieure ou non) “Emile” : en effet le premier prénom est alors un prénom hérité, le second prénom un prénom innovant, le prénom de choix. On trouve alors beaucoup de garçons ayant comme premier prénom “Marie” (c’est un des 20 prénoms les plus fréquents, en première position, pour les garçons : un général célèbre a ainsi pu naître “Marie-Pierre” ou plutôt “Marie, [Joseph,] Pierre” en 1898, un député pouvait aussi naître Marie, Michel)… ce qui ne signifie pas qu’ils étaient appelés “Marie”.
Et les durkheimophiles et les dukheimoniaques apprendront dans l’article de Béra que David (le premier prénom d’Emile) n’est pas seulement le prénom du grand-père paternel, rabbin, (“Israël-David”), mais aussi celui du père (“Moïse”, mais parfois, sur certains documents, “Moyse, David”) : c’est un deuxième intérêt de cet article, de montrer que “ces documents officiels ne permettent pas d’établit à coup sûr des «vérités historiques»: ils donnent des informations contradictoires”. Il faut plutôt comprendre ces documents historiques comme le résultats de négociations, plus ou moins possibles, entre un individu (identifié) et l’agent d’une institution (identifiant).

[extrait d’une illustration publiée dans l’article de Matthieu Dimitri Béra]

On voit ainsi que Durkheim, dans les différents recensements (1891, 1896, 1901), ne prénomme pas de la même manière sa femme et sa fille, et surtout ne se prénomme pas de la même manière. En 1891, sur le registre du recensement, il s’appelle David, sa femme Julie, sa fille Bella. En 1901, il s’appelle Emile, sa femme Louise, et sa fille Marie : et il s’agit bien des mêmes personnes. On voit ici combien est neuve l’idée que la constance intérieure des agents s’appuie sur le nom. « Par cette forme tout à fait singulière de nomination que constitue le nom propre se trouve instituée une identité sociale constante et durable qui garantit l’identité de l’individu biologique..»,, écrivait Bourdieu dans “L’Illusion biographique” : « le nom propre est l’attestation visible de l’identité de son porteur, à travers les temps et les espaces sociaux ».
La constance “multipositionnelle” assurée par le nom propre est sans doute plus réalisée aujourd’hui qu’au XIXe siècle. Comme le rappellent Dupâquier et ses co-auteurs : “Dans le Vexin français, par exemple, au recensement de 1836, sur 666 garçons biens connus par leur acte de naissance, 331 seulement sont désignés identiquement“. La constance intérieure et multipositionnelle des agents était assurée autrement que par le prénom. Il est fascinant, pour un sociologue attaché à la socio-histoire, de voir cela se réfracter chez le fondateur-même de la sociologie comme discipline.
Mais alors, est-ce la judaïté qui est abandonnée (ou recomposée comme identité tellement privée qu’elle n’apparaît plus sur les déclarations officielle d’identité) quand Durkheim passe de David à Emile? C’est l’interprétation la plus fréquente. Ce n’est probablement pas la seule. C’est une interprétation tentante : David devient Emile pendant l’Affaire Dreyfus, quand Durkheim devient un intellectuel universaliste (et cette entreprise nécessite peut-être d’endosser l’identité majoritaire).
Mais l’interprétation donne peut-être trop de poids au judaïsme de Durkheim. Les déclarations de Durkheim lors du recensement de 1891 semblent se baser sur l’idée que “le prénom à déclarer, c’est celui qu’on n’utilise pas” (dans son cas, son premier prénom; et dans le cas de sa femme et de sa fille, leur second prénom). Puis, en 1901, sur l’idée que “le prénom à déclarer, c’est le prénom d’usage”. De plus il est probable que l’on trouverait, tout au long du XIXe siècle et du début du XXe siècle, de nombreux cas de flottements, si l’on prenait, pour une personne donnée, toutes les mentions officielles de son prénom. [Exemple : les prénoms de Mozart] Même en ce qui me concerne, et alors que les erreurs sont difficiles à commettre, j’apparais parfois comme “Jean-Baptiste“, y compris sur ma “carte d’identité de fonctionnaire”.

Dans son article, Béra est attentif à ne pas tout expliquer en rabattant ces flottements prénominaux à la distance au judaïsme : c’est par exemple à partir du moment où Durkheim, après plusieurs livres, est vraiment connu comme Emile, qu’il se déclare Émile, le renom fondant finalement le prénom.

Et comme toujours avec Durkheim, ce qu’il y a de mieux avec lui, c’est qu’il a un neveu, Israël, Marcel (ou Marcel-Israël ?) Mauss, connu sous le nom de Marcel Mauss, et dont la vie entière fut faite de flottements. Je me demande bien ce que les registres des recensements recèlent à son sujet.

 
Références :
Béra, Matthieu Dimitri. 2011. « David, Emile. Les ambivalences de l’identité juive de Durkheim ». Durkheimian Studies 17 (1): 121–150. doi:10.3167/ds.2011.170106. [revue assez difficile à trouver en bibliothèque : notice sudoc]
Dupâquier, Jacques, Jean-Pierre Pelissier, et Danièle Rébaudo. 1987. Le Temps des Jules. Les prénoms en France au XIXe siècle. Paris: Editions Christian.
 
Note : Bourdieu n’était pas dupe de l’idée selon laquelle le nom assure l’identité de l’agent. L’exemple qu’il prend, c’est celui de Marcel Dassault (patron de presse, marchand d’arme, homme politique…) qui se trouve être né “Marcel Bloch”, et être donc l’exemple parfait d’une identité assurée en dépit d’un nom d’usage différent du nom d’état civil.