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Il n’y aurait pas plus de 8 départements…

Au milieu des années 1960, Michel Foucault participa à l’écriture d’un rapport visant à réformer l’enseignement supérieur (Mission Fouchet). En parallèle à ce rapport, Foucault envoie une note au secrétariat général de l’Elysée. Cette note a intéressé au plus haut niveau de l’État, comme le montre ce résumé du rapport établi au Secrétariat général de l’Elysée (que j’ai trouvé reproduit dans la thèse de Christelle Dormoy-Rajramanan, “Sociogenèse d’une invention institutionnelle : le Centre Universitaire Expérimental de Vincennes“)
On y voit Michel Foucault défendant une rationalisation géographique de l’offre universitaire, par grandes régions, par spécialisation. Il propose des “groupements moléculaires”. Raréfaction de l’offre: « il n’y aurait pas plus de 8 département d’une même spécialité dans toute la France ». Logique mandarinale : « les plus jeunes chercheurs [assurent] la formation des débutants et ainsi de suis delon une figure pyramidale ». Création de préfets académiques non élus : « à la tête [d’une université] se trouverait un Recteur d’Enseignement supérieur ». Parisianisme : « A Paris, on trouverait réunis tous les départements ».
Et cela semble, pour Jacques Narbonne [conseiller technique à l’éducation du Général de Gaulle], “répondre aux intérêts réels de l’université”.
foucault-resume
 

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foucault-goku

L’évaporation académique

Suite au billet sur le bilan de la qualification, un collègue m’a demandé une représentation graphique de l’évaporation académique (je l’avais fait il y a un an). On appelle “évaporation” la proportion de candidats “qualifiés” par le CNU qui, une année donnée, ne candidatent sur aucun poste ouvert au concours.
Voici donc une représentation à partir des données de 2013 :
pression-evaporation-2013
Cliquez : c’est plus lisible en PDF

Des disciplines comme le droit, l’infocom et la science politique sont “malthusiennes” : elles laissent entrer peu de monde (en cherchant à qualifier un nombre de candidates relativement équivalent aux nombres de postes, sauf la science politique, qui qualifie beaucoup car elle a peu de postes). D’autres disciplines (en bleu) qualifient presque toutes celles qui se présentent… ce qui conduit, étant donné qu’il n’y a pas autant de postes, à plus d’évaporation (des candidats qualifiés ne candidatent même pas).

Les données proviennent des fichiers mis à disposition par la DGRHA1-A.

Bilan de la qualification CNU

Cette année, la DGRH A1-1 a encore fait du bon travail, et donne accès non pas à un rapport en pdf, mais à une série de tableaux excel qu’il est beaucoup plus facile de réutiliser. Merci ! On attend encore la possibilité, en tant que chercheur, d’avoir accès à des données individuelles, mais on ne peut pas tout avoir…
Commençons notre exploration. Les sections du CNU, en 2013, ont délivré 9183 qualifications MCF à 6774 candidats. Au départ, il y avait 10876 candidats à la qualif MCF, mais 3603 dossiers ont été éliminés (dossiers incomplets, non parvenus, renoncement…). Une candidate peut déposer plusieurs dossiers. 1937 personnes ont reçu plusieurs qualifications MCF (soit 28% des qualifiés).
25% des qualifiés MCF ont moins de 30 ans, 40% ont entre 30 et 34 ans. Les femmes sont 6 mois plus âgées que les hommes en moyenne.
En section 63 (Génie électrique), les femmes représentent 16% des qualifiés. En section 07, elles représentent près de 75% des qualifiés. Mais il faudrait comparer avec le nombre de femmes au départ de la procédure. Si l’on fait cela, on peut voir que, en section 08 (Latin, Grec…) la proportion des qualifiés compte proportionnellement plus de femmes que la proportion des candidats : elles gagnent 7 points. Idem en sociologie (section 19). En revanche en section 73 (“langues régionales”) et en section 03 (“Histoire du droit”) elles perdent plus de 10 points.

Il apparaît que plus les femmes sont nombreuses dans la population des personnes qualifiées, moins elles sont désavantagées lors de la qualification.
femmes-qualif-2014

Parlons un peu de la qualification aux postes de professeur. Cette demande de qualif n’est pas faite que par des MCF, mais aussi par des chercheurs (CNRS, INRA…) ou des enseignants non-universitaires souhaitant devenir professeurs des universités. Dans la section 29 “Constituants élémentaires”, les MCF représentent 33% des candidats à la qualif PR. En sections 16 (Psycho) et 74 (STAPS) les MCF représentent plus de 80% des candidats à la qualif PR.

Les qualifications multiples ne se font pas au hasard. On trouve peu de sociologues également qualifiés en mathématiques. La DGRHA1-1 propose donc un tableau des proximités disciplinaires, avec un “classement” des couples de disciplines les plus proches :

  1. Informatique & Mécanique, génie mécanique, génie civil se partagent 51 qualifiés [DM m’indique qu’il y a là une erreur : il faut lire Informatique & Génie informatique]
  2. Science politique & Sociologie, démographie en 2e place se partagent 46 qualifiés
  3. Milieux denses et matériaux & Chimie des matériaux se partagent 39 qualifiés
    [ et d’ailleurs les “Milieux denses” partagent de nombreux qualifiés avec de nombreuses autres sections ]

Une représentation synthétique donnerait ceci :

proximites2014
Cliquez pour avoir le PDF – beaucoup plus lisible

L’on remarque que deux disciplines, l’économie et la psychologie, servent d’intermédiaires entre le groupe des “lettres et sciences humaines” et le groupe des “sciences”. Urbanisme et géographie, cette année, se retrouvent de l’autre côté.

Les non-candidats (l’évaporation) : « 3768 personnes détenant globalement 5053 qualifications délivrées cette année n’ont pas candidaté sur les postes ouverts au recrutement ».
Y a-t-il un lien entre avoir plusieurs qualifications et ne pas candidater ? Oui, et c’est un peu paradoxal : les multiqualifiés sont un peu plus souvent que les monoqualifiés des personnes qui ne candidatent à aucun poste.

Qualifiés Non Candidats Proportion
1 qualification 4813 1969 40,9
2 qualifications 1557 690 44,3
3 qualifications 306 139 45,4
4 qualifications 67 24 35,8
5 qualifications 6 3 50,0

On laissera de côté les quadruples et quintuples qualifications (les effectifs, sur une année, sont faibles).
La proportion de non-candidats a fortement augmenté entre 2007 et 2011, elle est stable depuis : En 2013, 41,82% des qualifiés n’ont candidaté à aucun poste (41,5% en 2012, 41,3% en 2011, 38,9% en 2010… et 30,9% en 2007). Et cette année, pour les qualifiés PR, 57% n’ont candidaté à aucun poste.

Les données publiées permettent une analyse de la cohorte des qualifiés de 2009. Pour ce qui concerne les qualifiés MCF, 26% n’ont candidaté à aucun poste de 2009 à 2013. 27% ont candidaté une fois (en 2009), 11% ont candidaté deux fois. … 3% ont candidaté à cinq reprises. Au total, 26% des qualifiés MCF ont été recrutés : mais si l’on s’intéresse à celles et ceux qui ont effectivement candidaté, le taux de recrutement est plus élevé.

Je m’arrêterai là aujourd’hui, mais d’autres traitements statistiques sont possibles.

Portrait des recrutements universitaires

On trouve sur la partie Bilans et statistiques du Ministère de l’enseignement supérieur, un rapport qui vient d’être publié sur la Campagne de recrutement et d’affectation des maîtres de conférences et des professeurs des universités. Session 2012 [pdf]

Ce rapport, fort détaillé, nous donne toute une série d’indications sur l’état actuel des recrutements :

  1. 3062 postes ouverts en 2012 contre 3303 en 2011. Il y avait eu 3509 postes ouverts au recrutement en 2006. 2746 postes ont été pourvus.
  2. La féminisation du corps des PR se ralentit 28,61 % des lauréats sont des femmes (33,7 % en 2011) [les femmes représentaient 30% des qualifications PR de 2012), mais ce n’est peut-être que temporaire ? En maths (section 25) seule une femme PR a été recrutée (il y avait 25 postes)
  3. En 2012, 215 postes ont été publiés dans le cadre des recrutements au « fil de l’eau ». En 2010 : 513 et en 2011 : 511. Est-ce parce que le “fil de l’eau” est finalement complexe à mettre en oeuvre, ou parce que cela permet des économies ? (le poste étant “gelé” au moins six mois)
  4. 12% des postes sont pourvus par mutation
  5. ces mutations permettent de dessiner quelques unes des trajectoires de mobilité géographique des enseignants-chercheurs (pages 19-21) [voir ici pour les mouvements de 2011]
  6. L’âge moyen est très distinctif : l’âge moyen au premier poste de PR est d’environ 44 ans. En sociologie, il est de 47 ans. En mathématiques, de 40 ans. Des différences aussi fortes existent concernant l’âge au premier recrutement des maîtres de conférences : la moyenne est à 33 ans et demi. 35 ans en sociologie, 30 ans en mathématiques. Les mathématiciens, ainsi, non seulement entrent plus jeunes dans la carrière, mais ils deviennent PR plus rapidement (10 ans en moyenne, contre plus de 12 ans ailleurs)… Les sciences de l’éducation recrutent des MCF qui ont l’âge des mathématiciens devenus professeurs.
    Mais l’âge moyen ne dit pas tout. Voici un graphique qui compare les politiques de recrutement PR de différents groupes de disciplines.
    attente-mcf-pr
    Une autre représentation graphique est plus simple :
    cumul-attente-mcf-pr

  7. toujours concernant l’âge : les auteurs du rapport signalent le ralentissement des carrières : “il y a depuis six ou sept ans un accroissement de l’ancienneté des MCF recrutés PR”
  8. âge encore : les femmes sont recrutées maîtresses de conférences en moyenne à 34 ans, les hommes à 32 ans.
  9. pour les maîtres de conférences : 46% des recrutés de 2012 ont été qualifiés en 2012, 25% des recrutés de 2012 sont des qualifiés de 2011…

Sources : DGRH-A1 (ministère de l’enseignement supérieur), 2013,Campagne de recrutement et d’affectation des maîtres de conférences et des professeurs des universités. Session 2012 [pdf] (mis en ligne en juin 2013)

Mobilité des enseignants-chercheurs

L’on trouve, dans les bilans statistiques publiés par la DGRH-A du ministère de l’enseignement supérieur, des informations intéressantes sur la mobilité des enseignants-chercheurs.
Pour 2011, par exemple, il est possible de voir de quelle académie et vers quelle académie ont eu lieu les mutations. Les mutations ne sont pas des changements de corps (MCF–>PR), mais des mouvements entre deux universités, mais dans le même corps. Les mutations ne sont effectives que si un département (par la voix d’un comité de sélection) accepte la candidature : il ne s’agit donc pas, à la différence des mutations dans le Secondaire, de mutations à l’ancienneté.
Le graphe suivant synthétise ces mutations. Je n’ai gardé que les mutations d’académie à académie qui apparaissaient plus d’une fois. Il faudrait cumuler les mutations sur plusieurs années pour obtenir des données plus solides. Mais on remarque déjà une ébauche de mouvements intra-région (entre Rennes et Nantes, entre Montpellier et Aix-Marseille, ou entre Lyon et Aix).
mobilite-2012
On remarque surtout l’attraction de Paris : les mouvements se font, visiblement et de manière importante, vers Paris.
Si l’on fait la somme des soldes migratoires, sur plusieurs années (2004-2011), alors on voit apparaître des académies plus recherchées que d’autres.

solde Académie
-134 Lille
-61 Nantes
-55 Nancy-Metz
-53 Rouen
-50 Rennes
-47 Amiens
-45 Orléans-Tours
-37 Reims
-36 Besançon
-29 Clermont-Ferrand
-27 Poitiers
-25 Caen
-21 Dijon
-19 Antilles-Guyane
-19 Limoges
-11 La Réunion
-10 Nice
-5 Grenoble
-4 Corse
-1 Strasbourg
1 Pacifique
17 Lyon
24 Créteil
26 Aix-Marseille
31 Toulouse
39 Bordeaux
43 Montpellier
54 Versailles
453 Paris

Ces données sont grossières : il faudrait pouvoir travailler non pas sur les académies (de taille très inégales), mais sur les universités elles-mêmes. Mais elles montrent un phénomène massif : le mouvement vers Paris.

Source des données Bilan des recrutements en 2011 : Bilan de la session « synchronisée » 2011, SECRÉTARIAT GÉNÉRAL, DIRECTION GÉNÉRALE DES RESSOURCES HUMAINES, Service des personnels enseignants de l’enseignement supérieur et de la recherche Sous direction des études de gestion prévisionnelle, statutaires et des affaires communes DGRH A1-1.

L’évaporation académique : les qualifiés non postulants

Je vais parler ici de l’évaporation académique, c’est-à-dire des personnes qui, qualifiées par le Conseil national des universités, ne candidatent à aucun poste universitaire. Je vais m’appuyer sur les données des “DGRH A / LT & DGRH A1-1 / PR”.
Dans l’Etude de la promotion 2012 des qualifiés aux fonctions de MCF et de PR, on trouve quelques pages consacrées à ceci : “3589 personnes détenant globalement 4911 qualifications délivrées cette année n’ont pas candidaté sur les postes ouverts au recrutement. Elles représentent 43,5% des personnes qualifiées par le CNU au titre de l’année 2012”. La DGRH-A appelle cela “l’évaporation”.
Près d’une candidate sur deux, donc, qualifiée, ne candidate pas. Peut-être parce qu’il n’y a aucun poste qui lui convienne. Peut-être par autocensure…
Mais ce n’est peut-être pas dû uniquement aux candidates elles-mêmes. La plus ou moins grande sévérité des sections est liée à la plus ou moins grande proportion d’évaporées.
evaporation
Cliquez pour avoir un beau graphique en PDF

La taille des points est fonction (linéaire) du nombre de candidats qualifiés (je me suis limité, ici, à la qualification “maître de conférences”. La droite orange est la droite de régression linéaire. Une relation croissante existe entre le taux de qualification et le taux d’évaporation : dans les sections les plus “laxistes”, de nombreux candidats abandonnent avant même de postuler.
Mais c’est un peu plus compliqué encore (rien qu’avec les données de la DGRH A), car une relation évidente existe entre la “pression” (le nombre de qualifiés de l’année rapporté au nombre de postes ouverts au recrutement dans l’année). Ainsi, quand il y a environ un poste pour chaque qualifié (en droit, par exemple), il y a très peu d’évaporation. Mais quand il y a un poste pour 20 candidats, alors près de 60% des candidats abandonnent.pression
Cliquer pour agrandir

On remarquera, sur ce graphique, le comportement “optimiste” des politistes, de la 4e section du CNU : 15 candidats pour chaque poste, mais à peine 20% d’évaporation.
Et si l’on combine le tout ? En coloriant les points en fonction du taux de qualification ? On arrive, je pense, à la limite de la synthèse graphique possible.
evaporation-pression
Le “taux d’évaporation” était de 34% en 2007, et, depuis, il augmente régulièrement.
[mise à jour 2013-03-02] Regardons maintenant la relation entre la “porosité” des sections CNU et le taux d’évaporation. Le graphique suivant met en relation la proportion de “multiqualifiés” par section et l’évaporation. Il apparaît que, globalement, plus la section comporte de candidats multiqualifiés, plus ces candidats s’évaporent…
multiqualifies
Je trouve cela a priori étrange : je pensais que la proportion de multiqualifiés pouvait être un indicateur de la volonté des candidats de postuler aux postes universitaires.

Note : Données : evaporation.csv [j’ai extrait ces données du rapport de la DGRH-A, qui est au format PDF]

Mise à jour : Poursuite de l’analyse chez Olivier Bouba-Olga

Ma prime d’excellence scientifique

Cadeau d’avant noël. Le 21 décembre, un mail du service du personnel enseignant m’informe que

Suite au classement de l’instance nationale et de la validation par les conseils centraux, nous sommes au regret de vous informer que votre dossier de candidature à la Prime d’Excellence Scientifique (PES) pour la campagne 2012 n’a pas été retenu.
Un courrier émanant de Madame Danielle TARTAKOWSKY, présidente de l’université vous parviendra prochainement.

Il m’a fallu envoyer trois demandes par mail pour obtenir le rapport non-signé et non-rédigé par « l’instance nationale ». “Instance nationale” composée, pour la section 19, des éminents collègues dont les noms suivent :
19 Madame Delcroix Catherine, Université de Strasbourg
19 Madame Dion Michèle Université de Bourgogne
19 Monsieur Pequignot Bruno Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle
19 Monsieur Valade Bernard Université Paris 5 Descartes
[Cette liste, c’est de l’excellence en barre.]
(source)
coulmont-PES-2012
Mes notes sont ainsi : j’ai “C” en “G” (G = note globale). Définitivement pas excellent. Zut. J’ai “A” en “P” : ça doit être bien, ça. Mais c’est mitigé par un “C” en “E” (c’est à dire l’encadrement doctoral scientifique) : en effet, comme je n’encadre pas de thèse (et que je ne peux pas en encadrer), je suis classé “C”… et c’est la prime qui s’envole. J’ai “B” en “R” : un “Rayonnement” moyen donc. Et, honte parmi les hontes, j’ai “C” en “S” (“S” étant l’acronyme de “Responsabilité scientifique”). Les spécialistes en coulmontologie (et ils sont nombreux) se souviendront que j’avais obtenu les mêmes notes en 2009.

Le rapport n’est pas signé. Aucune recommandation n’est proposée pour améliorer mes chances de primes. Comment devenir un bon chasseur de prime si l’on ne donne aucun conseil… Même la lettre de la Présidente ne dit pas comment faire ? D’ailleurs cette lettre — mais c’est coutume à Paris8 — ne dit pas qui a obtenu cette prime : c’est une chose impossible à savoir (les compte-rendus du conseil scientifique ne sont plus diffusés sur l’intranet, de toute façon). Tout laisse supposer, dans la rédaction, que la prime a été en grande partie réservée aux “rangs A”.

primedexcellence

Allez, on recommence cette année : cela va être d’autant plus intéressant que toutes les évaluations se feront localement, entre collègues excellents de la même université.

La transparence dans les recrutements

Depuis la mise en place du wiki-auditions, en 2007, on en sait un peu plus sur le recrutement en sociologie-démographie, parce qu’il est possible d’avoir une information synthétique sur la composition des comités de sélection, la liste des auditionnés et autres classements.
Certains département de sociologie résistent encore. L’année dernière, un comité de Paris13 n’avait pas voulu diffuser le classement auquel il avait aboutit. Un autre comité, à Reims, avait fait de même, restant sourd aux demandes de la communauté des sociologues.
Les raisons de ce refus de la transparence sont diverses, mais un argument revient souvent : “c’est illégal de diffuser le classement avant que le Conseil d’administration se soit prononcé”.
Cet argument est fallacieux : quand des avocats examinent les textes juridiques régissant le recrutement universitaire, il concluent que cet argument ne tient pas la route. Quand des juristes se demandent si la diffusion des classements est légale, ils concluent que oui, la diffusion des classements est légale.
De plus, « Le rapport 2010 du comité de suivi de la loi LRU écrit : En outre, l’autonomie des universités doit aller de pair, là encore, avec une exigence de transparence des établissements sur leurs pratiques et critères de recrutement et d’évaluation. »
Enfin, vous trouverez tout cela, et bien plus, sur le site de l’Opération Poste de la SMAI.
En espérant que les derniers récalcitrants à la diffusion de l’information entendent cela…

Les cordons de la bourse : le petit financement

La recherche en sciences sociales est faite de “petites” dépenses liées, par exemple, à la reproduction de la thèse, aux déplacements pour participer à un colloque ou rendre visite à des archives conservées hors de portée du métro.
Et il m’apparaît que tous les laboratoires ne fonctionnent pas comme le mien (l’équipe “CSU” du “CRESPPA”, une “UMR” Paris8-CNRS). Dans mon labo, donc, existe un “comité trésorerie” composé de plusieurs personnes, dont une représentante des doctorantes. Ce comité se réunit environ une fois toutes les six semaines et les demandes sont examinées. Un compte-rendu précisant quelles demandes ont été acceptées / refusées est ensuite envoyé aux membres du labo. C’est très utile pour savoir comment les maigres financements récurrents (c’est à dire non sur projet) sont dépensés.
Je sais bien qu’il n’en va pas de même partout. Joël Gombin écrit sur twitter que « dans mon labo, c’est examiné en conseils de labo ouverts à tous (et de droit jusqu’à 300 € par an) ». Son labo, c’est le CURAPP, à Amiens. Il répondait à une doctorante à qui son labo refuse ces “petits” défraiements, sous diverses excuses, du type : “il faut demander à l’école doctorale”, “le directeur va examiner votre demande”, “il faut demander à votre directrice”, “on ne finance pas la participation aux colloques, mais seulement les terrains”, “on ne finance pas les terrains, mais la participation aux colloques”, “c’est fini pour cette année, il n’y a plus de sous”… Mais, quand l’évaluation quadriennale ou quinquennale de l’AERES arrivera, ce labo inscrira dans son rapport d’activité les participations aux colloques et les éventuels articles de cette doctorante, qui aura travaillé gratuitement.
C’est l’occasion, tout d’abord de rappeler l’existence de ce site, antidoctorat (dont l’unique conseil est “ne faites pas de thèse”, et dont le second est : si vous en faites une, voici les coulisses). Et ensuite de demander aux collègues : chez vous, dans votre labo/équipe/UMR… comment ça se passe ?

Un nouveau CNU19

La réunion d’installation du CNU19, la 19e section du conseil national des universités, “sociologie, démographie”, a eu lieu ce matin, dans une heureuse ambiance collégiale, à “Supméca” (Saint-Ouen), où nous étions tous, élus et nommés, convoqués à 10h par le Ministre.
L’un des seuls problèmes de cette réunion, de mon point de vue, concernait les nominations très tardives. En effet, si les sections sont composées de 2/3 d’élus, le dernier tiers est nommé, après les résultats des élections, par le Ministère de la recherche. Et, cette année, les nominations n’ont toujours pas eu lieu officiellement (du moins, elles n’ont pas été publiées et n’étaient pas complètes). C’est très dommageable, car cela empêche d’essayer de se connaître avant les réunions formelles. [mise à jour : je m’aperçois ne pas avoir été assez précis. Les collègues nommés étaient bien nommés et présents ce matin. Mais certains n’avaient pas encore de suppléants.]
Dans quelques jours, nous connaîtrons officiellement la liste des nommés : je ne donnerai donc pas de liste incomplète ici.
Cette réunion était principalement consacrée à l’élection du “bureau” de la 19e section. Ont été élus :
– président, Olivier Martin (Paris 5)
– première vice présidente, Isabelle Astier (Amiens)
– second vice-président, Sylvain Laurens (Limoges)
– assesseure, Céline Bessière (Paris 9)
C’est ce bureau paritaire qui, maintenant, travaille : à l’élection de la “Commission permanente” du CNU cette après-midi. À la répartition des dossiers entre rapporteures demain.

Pour en savoir plus : réflexion sur ma candidature (en novembre 2010), précisions sur ma candidature (en septembre 2011).
Et ailleurs : un rappel de ce qui s’est passé lors du précédent CNU, sur agora.