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Why blog ?

On me demande pourquoi j’ai un blog… et on ne me le demande pas qu’une fois : André Gunthert s’associe à Timothée Poisot.
Allons-y donc… (avec une certaine réticence… et en répondant un peu à côté)
Historique : J’ai un site internet depuis fin 1995, qui a contenu des nouvelles policières non publiées et pourtant formidables, des exposés, puis mes premiers articles et d’autres textes. En 2001 et 2002, alors que je mettais de plus en plus souvent mon site à jour, j’ai découvert les blogs de Kieran Healy et celui de Andrew Sullivan. En juillet 2003, après quelques semaines d’expérimentations, j’ai ajouté une section “blog” au site, c’était plus simple que de rédiger en HTML et transférer par FTP…
Raisons : Je ne sais plus pour quelles raisons j’ai ouvert un blog, ni dans quel but. Mais à l’origine, le “blog” n’était pas perçu (de l’extérieur) comme un outil lié à la recherche ou à la vie académique. Quand mon site a été référencé par liens-socio, voici comment il le fut (et comment il l’est toujours) : “Sur son site, vous trouverez un certain nombre d’articles portant sur les relations entre religion, mariage et homosexualité. Et depuis peu, son “blog”, journal personnel en ligne…
En fait, il y a eu très peu de journal personnel, et surtout du journal de recherche (même si les premiers mois montrent rétrospectivement une voix qui se cherche). Très peu de compte-rendus de lecture, mais des morceaux de réflexion.

Problèmes : Aucuns. Je n’ai jamais entendu d’échos négatifs [d’autres s’interrogent sur les conséquences sur la carrière]. Depuis la mise en place du “wiki-auditions“, c’est un peu différent : cette initiative (qui n’est pas un blog) est plus connue, et je rencontre des personnes qui lisent le blog mais que je ne connais pas. J’entends aussi quelques échos…
Le principal problème “en ligne” aurait pu venir des commentaires. Ma politique n’est pas de modérer, mais d’effacer rapidement les commentaires qui ne me plaisent pas, et de fermer le formulaire de commentaire quand le billet devient utilisé à des fins autres. La discussion a les limites que je lui fixe.
L’empilement antichronologique des billets m’a profondément gêné : j’en comprends l’utilité pour une lecture quotidienne (le dernier billet s’affiche en haut)… Mais une fois l’actualité passée, les billets doivent se lire dans l’ordre chronologique. Les Archives mensuelles et annuelles du blog sont donc publiées dans l’ordre chronologique, ce qui permet, sur certains thèmes, de suivre le déroulement de la recherche ou de la réflexion. De même les archives de L’Affaire Olesniak sont présentées dans l’ordre de l’écriture.

Autre idée : J’ai démarré sans ligne directrice, mais à partir de juin/juillet 2004, ce que j’écris devient plus long, et s’oriente vers le journal de recherche, qui continue jusqu’aujourd’hui. Mes dadas ont peu changé en cinq ans : la sociologie des prénoms (le premier billet public était sur ce thème), l’objectivation spatiale des activités religieuses (si si…), le commerce pornographique. L’abandon progressif du thème central de ma thèse est lié à une profonde lassitude (qui a pris la suite d’un enthousiasme de trois ans).

Ce qui me pousse à écrire aujourd’hui sous le mode du “blog” ? C’est principalement pour stabiliser des morceaux de pensée, que de toute manière je doit stabiliser par écrit avant toute rédaction finale. Accessoirement, c’est pour diffuser certaines informations (comme l’immonde saleté des toilettes du bâtiment B de Paris 8).

La question de l’autocensure : c’est la plus difficile à gérer. Jean-Louis Fabiani est parfois confronté aux conséquences de certaines publications.

Conclusions : Je n’ai pas du tout apprécié écrire ce billet : je n’ai pas de théorie de ma pratique. Cela sera peut-être différent pour de plus jeunes sociologues. Un manuel tout récent de Serge Paugam, La pratique de la sociologie consacre quelques pages aux blogs de sociologues dans l’espace des publications. Je pense que dans quelques années, la question sera abordée lors des séminaires “pratiques” (“comment rédiger une demande de financement”, “faut-il avoir un blog”, “qu’est-ce qu’un bon CV”…) ou de lecture de textes (un bon exercice en master1 : comparer un article scientifique, un billet de blog et une tribune libre dans Le Monde, du même auteur, sur le même thème).

Et pour reconclure : Les théories de la pratique sont toutes référencées chez Tom Roud, sur la Why Blog Meme Page.
Il faut donner quelques noms pour que la chaîne continue. Prenons un sociologue de la politique Joël Gombin, un sociologue des loisirs Damien Babet et un sociologue de l’espace Romain j. Garcier.