La théorie démocratique du vote imagine des électeurs, suffisamment et identiquement informés, opérant leurs choix individuellement en un for intérieur se prolongeant jusque dans l’intimité de l’isoloir, au terme de calculs coûts/avantages générant un arbitrage supposé rationnel sur la participation électorale (paradoxe de l’électeur) et, si l’option d’aller voter est retenue, sur le choix d’un candidat, censé conduire telle politique. Cette représentation enchantée du vote a longtemps fait fonction d’idéal normatif ou de devoir être. De nombreuses enquêtes empiriques ont pu démontrer l’irréalisme social et le caractère scholastique de telles conceptions en mettant en exergue la variété des rapports au vote, et leur encastrement dans les groupes primaires d’appartenance.
On voudrait questionner à nouveau certains des mécanismes de la confection sociale des votes sur la base du traitement statistique d’un questionnaire sortie des urnes réalisé à l’occasion de la recherche collective ALCOV menée à l’occasion des élections présidentielles de 2017. Quelles connaissances supplémentaires (ou confirmation d’acquis antérieurs), un questionnaire administré à la sortie des urnes (QSU), est-il, malgré ses divers biais, susceptible de nous apporter ? Il s’agit ici d’évaluer la place que les groupes primaires d’appartenance occupent dans l’intermédiation électorale en insistant sur les diverses inégalités sociales caractérisant les discussions menées à l’occasion d’un scrutin de haute intensité. On interrogera également le caractère endogamique des orientations électorales.
Références : Patrick Lehingue, Baptiste Coulmont, Diane Delacourt et Emmanuel Monneau, «Qui convainc qui? Espace social et intermédiations électorales en 2017», in Collectif ALCoV, Les contextes du vote. L’ancrage social des pratiques électorales, Lille, Presses universitaires du Septentrion, coll. «Espaces politiques», p.101-129
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