Julien Bonhomme
Julien Bonhomme, anthropologue et camarade de promotion, a mis en ligne son site internet : http://julienbonhomme.ethno.free.fr. Ses travaux portent principalement sur le Gabon et les parcours initiatiques.
Julien Bonhomme, anthropologue et camarade de promotion, a mis en ligne son site internet : http://julienbonhomme.ethno.free.fr. Ses travaux portent principalement sur le Gabon et les parcours initiatiques.
J’ai été cité dans Ouest France du 22 janvier… Mais comme j’ai oublié de l’acheter ce jour là et que je ne l’ai pas (encore ?) reçu, je ne sais pas ce que j’y ai dit… Un lecteur ou une lectrice aurait-il cet article ?
mise à jour : l’article est arrivé par la poste.
Véronique Altglas est une jeune docteure, actuellement post-doctorante en Grande Bretagne, auteure d’un ouvrage paru aux éditions du CNRS, Le nouvel hindouisme occidental. En voyant ce reportage sur France 3, qui présentait la venue en France d’une gouroute, Amma (et faisait la pub pour un film de Jan Kounen, Darshan)
lien vers le reportage au format Quicktime
j’ai de suite pensé à contacter Véronique afin de lui demander un petit commentaire-analyse. Et elle a été très aimable et gentille de m’envoyer ceci :
Amma fait partie des nombreux gurus indiens qui parcourent la planète pour diffuser leur enseignement. Sa phrase dans le reportage – « tout le monde a besoin de spiritualité » – rappelle la rhétorique de Vivekananda, pionnier dans la diffusion du Védanta en Occident (Chicago, 1893), pour qui le grand rôle de l’Inde était d’offrir au monde sa « spiritualité », cette affirmation identitaire étant l’un des piliers de ses ambitions missionnaires en Occident.
Cette phrase dénote également un autre aspect fondamental de ces mouvements religieux d’origine hindoue qui se diffusent hors de la péninsule indienne, à savoir l’universalisation de l’enseignement proposé. Ainsi, l’hindouisme s’adresse à tous quelque soit la culture, la nationalité ou la religion d’origine, cette « indifférence » vis-à-vis des frontières religieuses et culturelles étant partagée par les disciples et sympathisants occidentaux qui peuvent ainsi interpréter l’enseignement proposé à la lumière de leur propre univers religieux. C’est ce que fait la seconde interviewée qui suggère qu’Amma pourrait être considérée comme une sainte par l’Eglise catholique mais que, surtout, « elle est, c’est tout ». L’ancrage culturel n’est pas important mais, ajoute-t-elle, « elle est l’incarnation de Dieu », télescopant ainsi l’image du Christ messager de Dieu, de l’avatar hindou tel Krishna, du guru et du sauveur christique. C’est précisément cette indifférence aux frontières culturelles et religieuses qui permet les réinterprétations et les appropriations de ces religiosités étrangères que sont les mouvements néo-hindous.
Dans ces transferts et télescopages, il y a des ressources symboliques qui jouent particulièrement bien le rôle de « passeur ». Ici, le véhicule clef est la notion d’amour. On retrouve l’amour universel et inconditionnel dans de nombreux enseignements néo-hindous mais ici, compte tenu de la pratique particulière d’Amma, elle est centrale. Elle satisfait les disciples occidentaux, en quête d’une religion intime où prime l’expérience individuelle qu’exprime souvent tout un champ sémantique relatif au « coeur » et à l’« amour divin ». Le reportage dévoile, tout comme certains entretiens que j’ai pu mener, combien cette notion d’amour résonne avec intensité dans un univers de sens chrétien. Elle permet de voir en Amma une « sainte », une « mère Thérésa hindoue » et de considérer son enseignement original comme une « religion de l’amour ». Mais surtout, et c’est ce point qui m’a particulièrement intéressé dans ce reportage, il me semble que la reconnaissance d’une certaine christianité de l’enseignement d’Amma, via cette notion d’« amour », est au principe des commentaires élogieux des reporters et du présentateur. Elle fonde la légitimité que les journalistes concèdent ici à Amma, dont l’enseignement se rapproche à bien des égards de celui des autres mouvements néo-hindous connus en Occident, souvent associés à un « dévoiement de l’Orient », une falsification éclectique et une « dérive sectaire » d’un enseignement traditionnel et véritable. Faux gurus ou vrais sages de l’Inde ? A mon sens, c’est la construction des frontières entre « secte » et « religion » du sens commun et plus largement la question de la normativité religieuse qui se joue ici*
(signé : Véronique Altglas).
Pour plus d’information sur Véronique Altglas et son livre, Le nouvel hindouisme occidental, vous pouvez consulter son blog, http://altglas.over-blog.com/ et un article dans le Journal du CNRS : 3 Questions à Véronique Altglas.
Un groupe d’étudiants “athéistes” américains a décidé d’organiser l’échange de bibles contre des revues pornographiques, ce qui étonne la chaine d’informations locales. Cela se présente à la fois comme un canular et comme le retournement d’actions publiques organisées par des groupes religieux, qui échangent volontiers des stocks de revues porno contre des bibles.
Smut for smut sur Channel 4 (format .mov Quicktime)
Smut for smut sur Channel 4 (format .wmv Microsoft)
(source : boingboing)
Je n’ai pas le temps d’écrire un billet sur le texte du Vatican (L’Instruction sur les critères de discernement de la vocation des personnes ayant des tendances homosexuelles, et de leur admission au séminaire ou aux ordres sacrés (4 novembre 2005) de la Congrégation pour l’éducation catholique). Mais je renvoie les personnes intéressées sur un article de Hélène Buisson-Fenet, Comment l’autorité s’exerce: Les clercs catholiques homosexuels et la contrainte institutionnelle paru dans les Archives de sciences sociales des religions en 1999.
Un autre article de la même auteure, De la dissonance à l’esprit critique. Sur quelques façons d’être clerc et homosexuel est disponible en bibliothèque universitaire.
Son livre, Un sexe problématique : L’Eglise et l’homosexualité masculine en France (1971-2000) est disponible sur amazon.
A quelques jours de distance, deux articles fort intéresants dans le New York Times.
Le premier s’intéresse aux maladies génétiques qui touchent principalement les Amish et les Mennonites : ces deux communautés religieuses anabaptistes sont fortement endogames et réduites en nombre. Certaines maladies très rares les touchent en priorité : certaines variations chromosomiques(nanisme, 6e doigt) ne mettent absolument pas en jeu la vie de ceux qui en sont touchés, d’autres sont fatales.
Le deuxième article s’intéresse à la polio chez des Amish du Minnesota, et à la difficulté rencontrée par les campagnes de santé publique quand elles sont confrontés à certaines règles de vie bien différentes.
Les Amish sont ici vus comme un cas extrème de vie communautaire, et, plus ou moins explicitement, comme une forme de vie un peu dangeureuse. D’autres religions sont associées à des formes de mortalité particulière. J’avais lu, je ne sais plus où, la spécificité de l’Utah (une région presque totalement mormone) : les Mormons vivent vieux (ils ne sont pas autorisés à fumer, à boire du café ou de l’alcool…) mais ils meurent beaucoup plus que le reste des américains des conséquences du diabète (leur seule drogue est le sucre…)
Le groupe LGBT Religious Archives Network vient de mettre en ligne une sélection d’archives du “Council on Religion and the Homosexual”. Ce “Council” regroupait, à partir de 1964, des membres du clergé et des membres d’associations homosexuelles de San Francisco. Si des travaux d’historiens et de sociologues (John D’Emilio dans Sexual Politics, Sexual Communities, Nan Boyd dans Wide Open Town, Elizabeth Armstrong dans Forging Gay Identity) se sont penchés sur cette alliance, il est toujours intéressant de pouvoir consulter certaines des sources “en ligne”.
C’est une descente de police lors d’un bal homosexuel du Nouvel an 1965 qui montre l’efficacité d’une coalition clergé-homosexuel: la conférence de presse qui suit, où les pasteurs expriment leur outrage face à la police, suivi d’une retraite tactique de la police, est restée comme un événement “fondateur”.
Les sociologues américains Finke et Stark ont développé une théorie de l’engagement religieux fondée sur les bases d’un choix rationnel : les fidèles cherchent à maximiser, sous certaines contraintes, les profits attendus de la pratique d’une certaine religion: profits “intramondains” (la maximisation d’un capital religieux), profits “ultramondains” (les bénéfices attendus, dans l’au-delà). Les formes strictes de religion, exigeant un engagement fort, intense, permettent d’éviter les passagers clandestins (celles et ceux qui pourraient bénéficier sans pratiquer et qui dilueraient ainsi le capital constitué par les “vrais” pratiquants). Cette éviction augmente le profit attendu par ceux qui restent, rend l’engagement plus rentable… et contribue à l’augmentation du nombre de fidèles. Le résultat est contre-intuitif : il est souvent dit que c’est le caractère trop “hors du monde” de certaines Eglises qui leur fait perdre des adhérents.
Cette théorie, résumée ici à très gros traits, ne fonctionne bien que dans un régime de liberté de culte, toutes les formes de contrôle étatique apparaissant comme une barrière mise à la liberté d’entreprendre. De même que pour l’économie libérale, c’est la protection des droits des travailleurs qui promeut le chômage, de même ce sont pour Finke et Stark les bâtons mis dans les roues des mouvements religieux qui expliquent en partie le désengagement de certains du marché des biens de salut — et donc une pratique religieuse moins forte et moins répandue.
Dans ce cadre, les “nouveaux mouvements religieux”, ces PME du religieux, jouent un grand rôle théorique : leur naissance, leur éventuelle croissance ou disparition… permet de tester certaines hypothèses.
La France ne représente pas, pour Finke et Stark, un modèle de liberté des cultes. Le catholicisme y joue un trop grand rôle, la concurrence n’est pas assez développée. Et ils pourraient apporter au moulin de leur réflexion les manifestations récentes d’élus contre la Scientologie : Anne Hidalgo, adjointe au maire de Paris, manifeste contre la Scientologie (fichier vidéo quicktime). Certains petits villages d’Alsace organisent même des référendums contre l’installation de lieu de culte jéhovistes (fichier .mov), ce que le journal de TF1 relate avec un plaisir non dissimulé.
Dans le New York Times d’aujourd’hui, un article sur la Unity Fellowship Church, une Eglise dédiée aux gay, bisexual and transgender members of minority groups (alors que l’autre association d’églises gaies, la Metropolitan Community Church, est plutôt blanche.
A gay church in a battered neighborhood led by a black minister with AIDS may sound like something dreamed up by a politically correct screenwriter. But Unity is the very real, raucous spiritual home for hundreds who feel cast out by traditional churches, which for many people serve as the heart of the community and an extension of the family.
“There are churches here and there” that welcome gay worshipers, said Gerard Williams, an assistant minister who teaches the Sunday school course on homosexuality and the Bible at Unity, “but ain’t nobody going to love you like we do.”
Unity also finds itself on the front lines of an emerging cultural battle. Across the country, black clergy members are joining forces with conservatives and white evangelicals over their common opposition to gay marriage. Kenyon Farrow, public education coordinator for the New York State Black Gay Network, said that many black ministers were condemning homosexuality with increasing force, and that unspoken “don’t-ask-don’t-tell” pacts in churches were dissolving.
(Il y a peu de travaux sur les Eglises du Unity Fellowship Church Movement, raison de plus pour signaler : Bates (Aryana), “Liberation in Truth: African American Lesbians Reflect on Religion, Spirituality, and Their Church”, dans Thumma et Gray, Gay Religion, Altamira Press, 2004.
Dans le même NYT, un article sur les activités sexuelles des Américains, et notamment sur celles des adolescents :
The new findings on teenagers and oral sex have been of special interest to health experts.
“After years of provocative headlines and breathless stories based mostly on anecdote, we finally have some solid data,” said Sarah Brown, director of the National Campaign to Prevent Teen Pregnancy. “The news is probably not as bad as adults might have been led to believe, but it is likely not as good as most parents might wish.”
The proportion of teenagers who have given or received oral sex was slightly higher than the proportion who have had intercourse, the survey found, with 55 percent of the boys and 54 percent of the girls having given or received oral sex, while 49 percent of the boys and 53 percent of the girls have had intercourse.
“One thing that surprised me is that we expected, based on anecdotal evidence, that girls might be more likely to give oral sex and boys more likely to receive it, but we didn’t find that at all,” said Dr. Jennifer Manlove, of Child Trends, which, like Ms. Brown’s group, released an analysis of the data, “There’s more gender equality than we expected.”
The government data does not provide any indication of the age at which oral sex first occurred, how often it occurred, or how many partners a teen had had. But the survey found that nearly all teenagers who have had sexual intercourse have also had oral sex: 88 percent of the boys and 83 percent of the girls.
“A very significant proportion of teens has had experience with oral sex, even if they haven’t had sexual intercourse and may think of themselves as virgins,” Dr. Manlove said. “We’re not sure whether these teens who have not had sexual intercourse are engaging in oral sex because they view it as a way to maintain their technical virginity or even because they regard it as an easy method of birth control.”
Une des principales questions théoriques des recherches sur l’action collective est : mais pourquoi donc y en a-t-il ? Puisque le plus souvent, agir en “passager clandestin” permet de bénéficier des résultats d’une telle action sans avoir à en supporter les coûts. Je passe sur nombre de textes écrits dessus, forts bien résumés dans Sociologie des mouvements sociaux de Erik Neveu (un très très bon manuel de sociologie que je ne pourrais recommander suffisamment).
Une sorte d’expérience inverse a été mise en place par un “planning familial” de Pennsylvanie : Ils proposent à des donateurs de s’engager à donner de l’argent en fonction du nombre d’opposants à l’avortement qui viennent manifester. Plus il y a d’opposant, plus ils reçoivent des dons, et surtout, la mobilisation des “provies” se retourne contre elles et eux :
Here’s how it works: You decide on the amount you would like to pledge for each protester (minimum 10 cents). When protesters show up on our sidewalks, Planned Parenthood Southeastern Pennsylvania will count and record their number each day from October 1 through November 30, 2005. We will place a sign outside the health center that tracks pledges and makes protesters fully aware that their actions are benefiting PPSP. At the end of the two-month campaign, we will send you an update on protest activities and a pledge reminder.
(source : boingboing.net