[Petit hommage à moitié ironique à James C. Scott via Daniel Little]
L’amphithéâtre est un espace social politique. Il suffit d’en avoir fréquenté pour savoir que les people of the hills, ceux qui s’assoient tout en haut, sont rétifs à l’étatisation représentée par le professeur. Le discours enseignant classique leur a donné une nature propre, presque une ethnicité : ils seraient les étudiants potentiels non civilisés, ils représenteraient in vivo une condition pré-étudiante ancestrale. Leur destin serait de descendre, petit à petit, de la “zomia” (cette zone haute peu accessible au pouvoir étatique en raison de la “friction” du terrain) pour se rapprocher du centre étatisé.
Mais une autre tradition de recherche comprend ces rebelles comme ayant été générés par l’étatisation : on peut comprendre toute leur organisation sociale comme une réponse rationnelle à la pression étatique. Egalitarisme des relations sociales, agriculture non sédentaire…
La rebellion estudiantine ne s’objective pas dans des raids esclavagistes, mais dans l’absentéisme ou diverses formes de grèves du zèle. Un indicateur archéologique existe cependant — archéologique au sens où il persiste dans le temps : le graffi-table (graffiti sur table).
Proposons un plan d’un petit amphi universitaire (à peine six rangées). Il est probable que l’on puisse observer ceci, où l’intensité des graffitis à un endroit donné (i) est fonction du carré de la distance au professeur (d) :
i=ƒ(d²)
et — de manière plus qualitative — où, à des rangées particulières, sont associés des types de graffitis particuliers.
Un espace sans graffitable a été repéré dans plusieurs amphithéâtres. Les versions professorales y voient une objectivation de l’espace du charisme personnel — ou du charisme d’institution — reconnu au professeur. D’autres y voient l’espace dit
des postillons, une zone trop proche de l’État pour que des étudiants s’y installent.

En bon empiriste positiviste, il me fallait vérifier cela. Ce fut fait lors d’une surveillance d’examen.

Pour en savoir plus : Une longue tradition d’enquête sur graffitis existe, dont je ne donnerai que quelques exemples : 1, 2, 3…