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Université fermée

Billet publié le 16/04/2005

Hier vendredi et aujourd’hui samedi l’université Paris 8 (Vincennes – Saint-Denis) était fermée. Les jours prochains semblent être promis au même destin. En effet, jeudi, après la “libération” de la “zone occupée” par les forces de l’ordre, un groupe plus important a repris le contrôle de l’Amphi A1. Dans l’après-midi, la situation était tendue, avec des débuts de bagarre entre les vigiles et les personnes occupant le couloir. A 16h15, l’université a été évacuée (mais, en restant dedans, j’ai quand-même pu faire cours à 19h).
L’occupation d’un Amphi à Paris 8 n’est pas un véritable problème, mais l’impossibilité des occupants à gérer leur mouvement, qui formait des métastases dans les amphis alentours était beaucoup plus gênante. La dégradation rapide des locaux (déjà fortement dégradés), mis en peinture rouge sang (“faut-il que le sang coule pour…” se demandait ingénuement un message que je cite de mémoire).
Les “anthropologues” ont donc cédé la place à un autre mouvement, selon un article au ton unilatéral de L’Humanité :

France – Anthropologie en danger à Paris-VIII
Les lycéens ne sont pas seuls à se faire remettre dans le rang par les forces de l’ordre. Les étudiants aussi ont droit aux démonstrations de fermeté. Ceux de l’université Paris-VIII Saint-Denis en ont tâté jeudi, au petit matin. Alors qu’ils occupaient, depuis plus de trois semaines, l’un des amphis de la fac, ils en ont été délogés vers 6 heures par un escadron de CRS. L’évacuation s’est effectuée dans le calme, mais l’absence de fair-play ne passe pas. « Le pire, explique l’un d’eux, c’est que les négociations étaient près d’aboutir. » La veille, les discussions avec le président laissaient espérer sérieusement une sortie de crise. « En quelques heures, il a changé de ton. »
À croire que la nuit ne porte pas toujours conseil, donc, puisque le résultat est à l’opposé de celui espéré. « La mobilisation a repris de plus belle. Certains étudiants qui, jusqu’alors, n’occupaient pas, nous ont rejoints. » Jeudi soir, ils étaient prêts de 200 à avoir réinvesti l’amphi pour y passer la nuit, à condition que la sirène d’alarme, déclenchée dans le but de les faire tourner en bourrique, leur laisse quelque temps de repos.
Quoi qu’il en soit, les jeunes semblaient bien décidés à poursuivre un mouvement dénonçant l’extinction de la filière anthropologie, menacée par l’application de la réforme LMD (licence mastère doctorat). Visant à l’harmonisation européenne des diplômes, elle implique une révision complète du contenu des diplômes. Les nouvelles maquettes sont validées par les conseils de chaque faculté puis soumises au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Or, selon le projet défendu par la présidence de Paris-VIII, l’anthropologie deviendrait, lors des deux premières années de licence, une discipline « mineure » intégrée au département de sociologie (Note de B.C.: dans les fait, cela a toujours été plus ou moins le cas, puisque le “deug d’anthropologie” de Paris 8 était en fait et en droit un deug de sociologie option anthropologie). Elle ne deviendrait « majeure » qu’en troisième année. En outre, le laboratoire de recherche ayant été fermé l’an dernier (Pour quelles raisons… voyons voir… (note dans la note: le texte en lien a été écrit, comme Ogo me le fait remarquer en commentaire, par Raphael Meyssan, qui a participé, avec son père, au “Réseau Voltaire” et à la négation du 11 Septembre 2001)), aucun mastère d’anthropologie n’est prévu dans le projet.
L’action des étudiants a déjà porté ses fruits, puisque des maquettes « alternatives » ont été élaborées et approuvées par le conseil des études et de la vie universitaire. Le conseil scientifique, lui, a voté son soutien à la création d’une équipe de recherche en anthropologie. Ne reste qu’au conseil d’administration, dont le pouvoir prime sur les deux autres, à se prononcer pour que l’affaire soit réglée, et que l’anthropologie ne se mue pas en vestige universitaire. (N’est-ce pas contradictoire avec ce qu’elle dit au paragraphe précédent: “l’anthropologie deviendrait, lors des deux premières années de licence, une discipline « mineure » intégrée au département de sociologie”?))
Marie-Noëlle Bertrand

mise à jour PetiteBreton raconte.

[yarpp]

3 commentaires

Un commentaire par Ogo (16/04/2005 à 20:51)

Attention Baptiste,

Tu mets en commentaire un lien vers un article de Raphael Meyssan, fils de Thierry Meyssan, qui a monté avec son père la présentation négationniste des attentats du 9/11… On pourra certes avancer que l’article concernant les guerres académiques de P8 semble relativement équilibré et moins mensonger que la pseudo enquête photographique sur les attentats terroristes. Toutefois la légèreté de ce dernier traitement suggère a posteriori qu’il vaut mieux être prudent avant de cautionner leurs enquêtes antérieures.

Un commentaire par coulmont (16/04/2005 à 21:04)

Waouh, Merci Olivier.

Un commentaire par julien (19/04/2005 à 9:29)

Le département d’anthropo manifestait déjà quand le département d’informatique manifestait pour sauver ses diplômes (remplacement du deug mass par le deug misah) il y a quelques années… La réforme LMD met aussi le labo d’IA en danger (regroupement sur paris XIII) paraît-il…
Comme le président de Paris8 n’hésite pas à faire intervenir les CRS… l’occupation ne semble pas être le meilleur moyen… proposer des maquettes de diplômes ne semble pas non plus être une solution si le but est, à terme, d’amputer Paris8 de certains de ces diplômes…