Categories

Archives

Billet

La chemise cagoule

Billet publié le 10/02/2009

Lu récemment sur sexactu de Maïa Mazaurette, un billet intitulé “La chemise à trou”, sur une chemise de nuit trouée (à l’emplacement du sexe) utilisée pour des relations sexuelles avec contact minimal.
Je me souvenais avoir vu en photo ce genre de chemise de nuit, parfois appelée “chemise cagoule”. On en trouve une reproduction dans l’ouvrage de Hans-Peter Duerr, Nudité et Pudeur : le mythe du processus de civilisation, Paris, ed. de la MSH, 1998, qui est reproduit en partie sur google books (Nudité et pudeur).
chemisecagoule-duerr-p163Je ne sais pas de quelle collection est extraite cette photo, et cette chemise, très probablement de l’ancien Musée des Arts et Traditions Populaires (à vérifier).
L’on remarque, à l’emplacement de la fente, le mot d’ordre, brodé, “Dieu le veut”.
Comme dans le blog auquel sexactu fait référence, cette chemise a souvent été comprise comme une manifestation physique du carcan conservateur qui enserrait le corps (et la sexualité) des femmes. De l’existence de l’objet, et de discours parfois religieux, il en a été déduit que l’objet n’avait qu’un seul sens. Il est fort rare de pouvoir disposer de connaissances sur les pratiques effectives des personnes qui possédaient de telles chemises.
Par simple esprit de contradiction, et parce que d’autres sous-vêtements troués existent, voici une page de publicité parue dans le magazine éphémère et érotique, Flair, en 1969, et qui propose des culottes fendues. Comme le souligne la publicité, les illustrations sont extraites d’un livre intitulé Fétichisme et amour publié lui aussi vers 1968-1969.

frivolites-flair1969
lien vers l’image entière

Les objets accompagnent constamment les gestes de l’amour. Certains accompagnements sont constants (je pense au lit, ou aux coussins). D’autres sont plus rares, chemises à trou aussi bien que culottes à trou. Et ces objets sont rarement disponibles sans un discours d’accompagnement, qui précise ce en quoi consiste une “bonne” sexualité, qu’elle soit basée sur les commandements divins ou sur une injonction à la libéralisation ou à l’esthétisation du fantasme.

[yarpp]

5 commentaires

Un commentaire par m.naf (11/02/2009 à 0:28)

Cette chemise me paraît bien rude. Celle que j’ai trouvée dans l’armoire où ma grand tante Marguerite remisait son trousseau était blanche et douillette, avec une fente ornée d’une broderie de coton rouge, fort bien faite – ma grand tante Marguerite brodait finement.
Je ne lui ai pas demandé si elle l’avait portée. Peut-être. Elle n’était plus dans ses plis.

Un commentaire par Baptiste Coulmont (11/02/2009 à 16:29)

La légende de la photo précise que c’est une “chemise de paysanne”, d’où la rudesse, mais malheureusement, la période n’est pas mentionnée, pas plus que la collection dans laquelle cette chemise se trouve.

Un commentaire par Aleister (14/02/2009 à 12:08)

Purée, on revient de loin quand même… Évidemment quand on voit encore le discours de certains fondamentalistes, on en est pas encore tout à fait revenu….

Un commentaire par Baptiste Coulmont (14/02/2009 à 12:48)

> Aleister : ne concluez pas trop vite que, parce que ces chemises-cagoules existaient, elles étaient véritablement toujours utilisées dans un but répressif, ni même vraiment utilisées.

Un commentaire par DM (26/03/2013 à 14:32)

Cela fait penser aux sous-vêtements de mormons, version féminine.