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L’âge révolu

Dans le fichier détail du recensement, on dispose de plusieurs informations sur l’âge des personnes recensées :

  • on a leur année de naissance, ANAI
  • on a leur mois de naissance, MNAI
  • on a leur « âge révolu », AGEREV, c’est à dire l’âge atteint lors de leur dernier anniversaire
  • on a leur « âge détaillé », AGED, c’est à dire l’âge en « différence de millésimes » : si vous êtes né en 2000 et que vous êtes recensés en 2023, cet âge sera de 23 ans… même si vous n’avez pas encore atteint votre anniversaire

Le plus souvent l’âge détaillé est un an plus élevé que l’âge révolu.

Mais on ne sait pas quand les personnes ont répondu au recensement. On sait que les enquêtes annuelles (dites EAR, enquêtes annuelles de recensement) ont lieu en janvier. Et que l’enquête annuelle de 2021 n’a pas eu lieu, en raison des confinements. On peut retrouver l’année de l’EAR à partir d’un petit calcul. Je veux calculer l’âge au mois près.

Les personnes nées entre février et décembre ont toujours AGED = AGEREV + 1.
62% des personnes nées en janvier ont AGED = AGEREV (et 38% AGED = AGEREV +1). Celles qui ont AGED = AGEREV sont celles qui sont nées début janvier (avant le début de l’EAR). Celles qui ont AGED = AGEREV + 1 sont celles qui sont nées après le début de l’enquête annuelle de recensement.
L’âge, c’est EAR-ANAI. L’âge en mois, c’est EAR{janvier} – ANAI{MNAI}. L’année du recensement, EAR, c’est : ANAI + AGED.
Et donc l’âge en mois c’est : AGED – (MNAI-1)/12.

On peut alors calculer la proportion de jeunes adultes n’habitant pas chez leurs parents, en fonction de leur âge, que ce soit l’âge révolu, l’âge mensuel ou l’âge détaillé, pour la France entière et, en pointillé, pour les personnes qui sont nées en Île de France et qui y résident encore au moment du recensement.

Le renouvellement des prénoms

Est-ce que le « Top 20 » des prénoms d’une année donnée contient des prénoms récents ? Est-ce que, au contraire, il est composé de prénoms zombie qui s’accrochent au sommet du palmarès ?
Il semble que ce « Top 20 » soit régulièrement recyclé : en moyenne, quand on remonte dans le temps, on voit, pour chaque année remontée, un prénom disparaître.

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Et pour les années suivantes : même chose, on peut voir que quand on avance dans le temps, chaque année voit un prénom disparaitre du « Top 20 ».

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Mec de droite

L’European social survey, dans sa 11e édition, a demandé aux personnes interrogées de se placer sur une échelle Gauche-Droite, et aussi sur une échelle de masculinité et une échelle de féminité…

Il semble qu’à droite le respect des normes de genre soit plus affirmé qu’à gauche.

Le goût de l’archive

Il y a plusieurs décennies, mon grand-père avait emprunté au curé de son village, ou au maire, quelques vieux registres où se trouvaient des Coulmont :

Ces registres sont probablement restés un moment sur son bureau, puis dans une armoire. Il en a extrait une page, qui contenait en effet un Coulmont, qu’il avait encadré. Pas besoin de les arracher : ces vieux registres étaient parfois en bien mauvais état.

Sur ces pages, des bouts de vie. Pas que des Coulmont, mais aussi des Poutrain, et bien d’autres… Des noms qui étaient probablement ceux de ses voisins ou de ses cousins.

La preuve qu’on était bien d’ici, et d’ici depuis longtemps, très longtemps. Il n’a jamais construit d’arbre généalogique. Peut-être parce que sa mère était née illégitime, et que, peut-être, ça se savait encore et qu’un arbre l’aurait bien indiqué. Que sa mère était la deuxième épouse de son père… Remonter à 1664, ça permettait de sauter par dessus l’histoire récente.

Ces registres, ainsi que la page encadrée qui prouvait l’ancienneté des Coulmont, leur droit à se dire d’ici, mon père en a hérité.

Il lui était difficile de s’en détacher : que faire de ces gros livres un peu encombrants, quand même. Des registres qui étaient juste les registres de son père, qui ne servaient plus à dire grand chose, depuis que, de déménagements en déménagements, l’ici avait changé, et que, si on avait un jour été de là-bas, ce là-bas était loin.

Mais fallait-il en hériter à mon tour ? Mon goût de l’archive est autre. J’ai le goût des Archives.

Or, le site des archives départementales indiquait quelques manques… Peut-être que le moment était venu que les Coulmont de mes registres rejoignent les Coulmont des autres registres.

[Photographies : Run]

11 septembre, 20 ans

in memoriamCette vue de Wooster St. a été prise depuis l’appartement 6K, du 3, Washington Sq. Village où j’ai passé quelques années passionnantes. La photo avait été prise quelques mois avant le 11 septembre 2001, c’était la vue depuis ma chambre et mon salon. Une bien belle vue, dans un très joli quartier. J’y suis repassé il y a quelques années déjà : le quartier s’est — encore plus — enrichi, Soho — la rue qu’on voit partir vers le sud — qui gardait un peu de boue et de graisse en 2000 (quand on cherchait bien) n’en a plus du tout.

La nuit, ça donnait ça : au premier plan, des tours dessinées par Ieoh Ming Pei et James Ingo Freed (de beaux espaces intérieurs, un peu moins jolies à contempler de l’extérieur), et à l’arrière plan le World Trade Center.

Il y a dix ans, j’avais écrit ceci : Mon 11 septembre. Et comme ce blog n’est que rarement consacré à l’introspection, je n’ai pas grand chose de plus à dire. J’ai quand même l’impression qu’il y a eu un avant et un après.

La spirale de Du Bois

Dans un cours de visualisation des données (une introduction à {ggplot}), j’ai rapidement présenté quelques graphiques réalisés par le sociologue W.E.B Du Bois pour l’exposition universelle de Paris en 1900. Si vous ne connaissez pas ces graphiques et le contexte de leur création, regardez cette série d’articles : W. E. B. Du Bois’ staggering Data Visualizations are as powerful today as they were in 1900.
Une étudiante m’a demandé s’il était facile de reproduire ces graphiques avec R. On trouve des réplications de ces graphiques réalisées avec R :

Mais je n’ai pas trouvé de réplication de ce graphique :


Daniel Murray collection (Library of Congress).

Alors je me suis mis au travail, et voici le résultat :

(J’ai déposé le code sur github)

Le Bingo de l’AFS, édition 2017

Le congrès de l’Association française de sociologie (AFS) a lieu à partir de lundi, à Amiens. J’ai repris une idée de Kieran Healy, parce qu’il faut bien une dizaine d’années pour qu’une innovation traverse l’Atlantique.
Voici donc le premier Bingo de l’AFS :

Cliquez pour télécharger et imprimer

Les règles sont simples, et vous gagnez à tous les coups. Par exemple un autocollant avec un 𝞅 ça compte.

Quelques prénoms bien corrélés

Dans un monde idéal, je disposerais d’informations nominatives individuelles comportant une indication sur la profession des parents. Dans le monde réel, je dispose d’éditions récentes du Fichier des prénoms, qui nous donne, pour chaque département, le nombre de bébés nés chaque année et portant tel ou tel prénom.
D’autre part les données des recensements nous indiquent la proportion de cadres, d’ouvriers, d’employés… dans la population active des 25-54 ans.
L’idée était de trouver des prénoms “bien corrélés” à certaines PCS. Voici quelques graphiques pour l’année 2012 (bébés nés entre 2010 et 2012, recensement 2012).
Ces corrélations écologiques risquent toujours de nous tromper. Dans les départements où il y a beaucoup de cadres, les prénoms Vadim et Brune sont plus fréquents que dans les départements où les cadres sont peu nombreux… Mais sont-ce les cadres qui appellent leurs enfants ainsi. C’est possible, c’est probable, mais ce n’est pas certain.
prenomscorreles2012

Centralité des unes…

En sortant de l’université Paris 8, hier, j’ai photographié cette affiche:
afficheeglise20151005Cette image est une bonne représentante des affiches produites par des églises noires d’Île de France. Petite différence avec l’affiche moyenne, ce poster fait figurer une pasteure, une prophétesse, en position centrale. La féminisation du protestantisme évangélique et pentecôtiste est une réalité… étudiée dans un ouvrage qui vient de paraître, sous la direction de Gwendoline Malogne-Fer et Yannick Fer Femmes et pentecôtismes. Enjeux d’autorité et rapports de genre (Genève, Labor & Fides, coll. “Enquêtes”, 295 p., 2015), dans lequel j’ai écrit un chapitre, «Centralité des unes, autorité des autres. Des formes genrées de hiérarchie dans les Églises évangéliques « noires » de la banlieue parisienne», qui porte sur la mise en scène de ces affiches, et la position de minorité qu’y occupent les femmes.

D’autres présentations de l’ouvrage se trouvent sur le blog de Bernard Boutter, le blog de Sébastien Fath, le blog de Yannick Fer ou encore le blog de Gwendoline Malogne-Fer

Voir aussi Tenir le haut de l’affiche (une liste de mes articles sur ce thème).

Miracles à l’affiche

Dans le cahier “Culture et Idées” du Monde (daté du 20 juin 2015) se trouve un article, “Miracles à l’affiche“, qui reprend certaines des conclusions de mes travaux sur les églises noires de la banlieue parisienne :

201506-miraclesaffiches

Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez consulter :

Et plus largement, je recommande Une ethnographie des pentecôtismes africains en France de Damien Mottier, qui me semble être à la fois la meilleure introduction et l’ouvrage le plus fouillé sur ce monde protestant issu des diasporas africaines.