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L’évaluation, c’est la qualité, et des bureaux aussi

Billet publié le 17/02/2009

Sur la liste de diffusion publique de l’Association des sociologues enseignants du supérieur (ASES) on peut lire les lignes suivantes, au sujet du mouvement de protestation universitaire et des conséquences de l’évaluationite :

il me semble que l’ASES ne devrait pas être absente de ce débat. En effet, d’après les classements de l’AERES, écrire un livre maintenant ça ne compte plus. Pour preuve, une jeune collègue de mon labo, qui a publié un livre chez Odile Jacob, a été considérée comme non publiante. Fort de cette évaluation, le président de l’Université a essayé de lui retirer son bureau! Les luttes, encore isolées, des collègues sociologues contre la vision de l’évaluation qui tend à s’imposer méritent vraiment d’être soutenues. Donc qui s’y colle?
source

Voilà une conséquence infortunée du travail de l’AERES (l’agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) et du classement des revues en “A”, “B” et “C” : dans cette université à courte vue, qui n’est ni Paris 8, ni Paris 10, les chercheurs jugés “non publiants” se voient privés de bureaux. Ecrire des livres, ça ne rend plus “publiant”. Avoir un article accepté dans “Annales Histoire Sciences sociales” si on est sociologue ou économiste, c’est être “non publiant”. Et comment “améliorer la recherche”, dans l’esprit même de la direction de cette université ? En piquant les bureaux des chercheurs…

J’ai eu l’occasion de vérifier (par croisement des sources) l’information ci-dessus… mais je n’en connais pas d’autres. Il serait bon que les informations remontent et ne restent pas confinées aux discussions de vive voix.

Mise à jour. Je lis tardivement sur evaluation.hypothseses.org un texte de Sophie Roux : « un certain nombre de mesures convergent actuellement dans le même sens, à savoir déposséder les savants non seulement du fruit de leur travail, mais aussi des conditions matérielles qui leur permettront d’exercer décemment leur travail »

[yarpp]

2 commentaires

Un commentaire par Jean-no (17/02/2009 à 10:59)

Non publiant, paf, privé de stylo. Troisième sommation, privé de bureau ! Ensuite, les châtiments corporels.

Je vois un effet collatéral évident : l’éviction de membres d’équipes de recherche qui font baisser la note générale de leur équipe d’accueil parce qu’ils sont édités chez Odile Jacob et pas publiés dans Nature-la-revue-qui-trouve-ces-classements-affligeants-et-qui-a-réclamé-à-ne-pas-y-être-prise-en-compte. Bon écoute, Régis, tu sens le gaz, il va falloir que tu partes maintenant. On t’aime bien mais tu es un boulet. Tu as le choix, ça peut se passer de façon crade ou ça peut se faire sans scandale. M’oblige pas à sortir mon tazer

Je me demande par ailleurs s’il faut publier ou rédiger. La question se pose car les politiciens qui s’intéressent à ces questions de recherche en ce moment publient souvent des livres mais il est notoirement rare qu’ils les aient écrits, c’est même parfois un miracle quand ils les ont lus.
Ex : Georges Mandel, le moine de la politique, éd. Grasset 2005.

Un commentaire par Baptiste Coulmont (17/02/2009 à 11:22)

> Jean-No : bonne idée, cette “réponse graduée” à la non-publication ;-)